Bedia, pourquoi ça ne va pas
Le talentueux Ivoirien de 21 ans devait exploser cette saison mais après un tiers de championnat, le pétard est mouillé.
- Publié le 20-10-2017 à 12h02
- Mis à jour le 20-10-2017 à 12h04
Le talentueux Ivoirien de 21 ans devait exploser cette saison mais après un tiers de championnat, le pétard est mouillé. "Cette saison, c’est l’année du B (le surnom de Bedia), vous allez voir, il va exploser."
Pour justifier le fait de ne pas avoir engagé d’attaquant supplémentaire durant le mercato d’été, Mehdi Bayat a souvent répété cette phrase. Mais, dix matchs plus tard, l’éclosion de Chris Bedia n’a pas encore eu lieu. Retour sur un début de saison loin des espérances.
1. UN ÉTÉ MOUVEMENTÉ… MAIS UNE PRÉPARATION RÉUSSIE.
Chris Bedia est un joueur talentueux. Vincent Mannaert le répétait encore dans le Grand Débrief, lundi soir. Quand on lui a demandé quel joueur de Charleroi il appréciait, le manager général du club brugeois a répondu, du tac au tac, Chris Bedia. "Il a un énorme potentiel technique et physique, son profil est intéressant." Mais Mannaert n’est pas le seul à qui Bedia plaît. Cet été, Nantes (Ligue 1) et La Gantoise ont tenté de débaucher l’attaquant carolo. Et à chaque fois, Mehdi Bayat a fermé la porte. "Je n’étais pas non plus demandeur d’un départ", explique Bedia. Une sage décision, semble-t-on se dire, lorsque l’attaquant marque quatre buts en sept rencontres de préparation. Idéal pour la confiance. "La préparation a été bonne mais cela n’a pas suivi en championnat", regrette l’Ivoirien de 21 ans. Après deux titularisations en deux matchs, il ne parvient pas à trouver le chemin des filets. Même à Mouscron, où le Sporting en plante pourtant cinq. Et il retrouve le banc.
2. DES MONTÉES AU JEU COMPLIQUÉES.
Pour se refaire une place au soleil, Bedia n’a d’autre solution que de faire ses preuves lors de ses montées au jeu. Face à Zulte Waregem, il est directement décisif, puisqu’il est à la base de l’égalisation de Rezaei. Au final, Charleroi s’impose mais Mazzù décide, logiquement, de garder le même onze de base : celui qui vient de remporter 5 victoires en 5 matchs. "L’équipe est bien classée donc, dans ma situation, je n’ai rien à dire", avoue Bedia. Mais face à Bruges, alors qu’il vient de marquer son premier but face à La Louvière, en Coupe (un but qu’il ne célèbre pas), son cas personnel devient encore un peu plus complexe. Sa montée au jeu à quinze minutes du terme correspond au quart d’heure de folie des Zèbres, qui mettent le feu à la défense des leaders. "Quand je suis rentré, j’ai pensé à attaquer. J’étais d’ailleurs dans toutes nos attaques rapides. Mais je ne défendais pas après. Et cela m’a porté préjudice." D’autant plus que les Brugeois se sont imposés en toute fin de rencontre, alors que le Sporting semblait prendre l’ascendant… et que Bedia avait fait preuve d’excès d’individualisme en tentant une frappe du pied droit au lieu de décaler à Dodi Lukebakio bien mieux placé que lui. Mais cela n’empêche pas Mazzù de continuer à faire entrer l’Ivoirien face à Saint-Trond (17 minutes) puis contre Eupen (45 minutes). "Quand je monte au jeu, on a plutôt tendance à devoir défendre et procéder par attaques rapides. Ce n’est pas évident." Surtout lorsque sur sa seule opportunité de donner un ballon de but à Benavente, il fait le mauvais choix. "Pour moi, la passe au premier poteau est trop risquée vu la position du gardien, donc je tente le centre au deuxième. Mais Benavente est gêné durant sa reprise et le ballon passe au-dessus." Encore raté…
3. UN STYLE QUI TRANCHE AVEC CELUI DE L’ÉQUIPE.
Prenez Kaveh Rezaei et David Pollet. Deux joueurs qui courent durant 90 minutes sans relâche, pour presser la défense adverse. Prenez ensuite Chris Bedia. Un grand gabarit, qui aime jouer en pivot, n’est pas avare de gros efforts défensifs et mise plutôt sur sa puissance pour faire la différence. Le contraste est saisissant. Là où les deux premiers cités sont clairement des joueurs de Mazzù, l’Ivoirien, lui, n’entre pas vraiment dans cette catégorie. "Mais j’ai bien compris qu’ici, pour jouer, je devais apprendre à défendre. Je n’ai pas le choix. Le coach m’a expliqué qu’il y avait des courses défensives que je ne faisais pas quand je montais au jeu. Je dois donc trouver cet équilibre entre attaque et défense." Sans perdre sa confiance, ce qui est tout sauf évident. "J’essaie de garder le moral en ne pensant pas trop à ma situation. Je suis déçu de mon début de saison mais c’est comme ça. Je ne peux pas décider de jouer. J’attends, on verra bien. Si je ne joue pas, c’est que je ne fais pas ce que le coach demande."
Un brin fataliste, Bedia avoue être très frustré par le fait de ne pas encore avoir trouvé le chemin du but. "Cela me trotte dans la tête, c’est normal. Mais je n’ai pas beaucoup d’occasions. Et la plupart du temps, je me les crée seul. Mais je ne peux pas changer le cours du match à chaque fois que je rentre. Donc oui, c’est énervant. Très énervant, même…" D’autant plus que cela pourrait légitimer l’une ou l’autre carence défensive.
4. À 21 ANS, IL DOIT JOUER.
Forcément, quand on voit le début de saison de Chris Bedia, la question de son avenir se pose. À 21 ans, l’Ivoirien a besoin de jouer pour progresser. "Je dois jouer, c’est clair. Surtout quand je vois que tous mes potes en sélection (U23 ivoirienne) jouent dans leurs clubs. Je pense à Pepe à Lille, Ahoulou à Strasbourg ou Kessié au Milan AC. Il y en a encore plein d’autres. Même Doumbia à Zulte Waregem ou Angban à Waasland-Beveren. Ils jouent…"
Ce à quoi aspire évidemment Bedia. Le plus rapidement possible.
"Je ne doute pas de mes qualités. Les choix du coach n’ont rien à voir avec mon niveau. Je sais qu’il y a des attentes autour de moi. Mais il n’y a qu’en jouant que je pourrai y répondre." Que ce soit à Charleroi ou ailleurs…