Vanhaezebrouck: "Si tu laisses la balle au PSG, tu perds 0-5"
Pendant une heure, Hein Vanhaezebrouck nous a parlé de son adaptation au RSCA, de ses nouveaux joueurs, du PSG de Neymar et même de sa rencontre avec Mourinho.
- Publié le 16-10-2017 à 20h13
- Mis à jour le 17-10-2017 à 09h53
Pendant une heure, Hein Vanhaezebrouck nous a parlé de son adaptation au RSCA, de ses nouveaux joueurs, du PSG de Neymar et même de sa rencontre avec Mourinho. Installé confortablement dans une loge du stade Constant Vanden Stock avec un Coca Light et son téléphone en mode avion, Hein Vanhaezebrouck nous accorde une heure avant son grand retour en Ligue des Champions, compétition où il avait marqué les esprits avec Gand et un huitième de finale en 2015-2016. Après une mise en bouche réussie à Malines, c’est à un plat totalement indigeste qu’il s’attaque : le PSG, invaincu cette saison et qualifié par beaucoup de “meilleure équipe du monde actuellement”.
Êtes-vous d’accord pour dire que le PSG est la meilleure équipe du monde en ce moment ?
“Oui, clairement. Mais bon, il ne faut pas commencer à avoir peur non plus.”
Est-il possible de garder votre philosophie d’un jeu dominant contre une telle équipe ?
“Je vais te dire un truc : si tu laisses la balle 90 minutes au PSG, tu vas perdre 0-5. Avec leurs qualités individuelles, ils feront la différence et marqueront beaucoup de buts. On va essayer d’avoir la balle en partie et même d’essayer quelque chose. Si tu ne fais pas, tu vas direct à l’abattoir. Et ce n’est pas le but.”
Avez-vous dû rendre confiance à vos joueurs et à leurs qualités offensives après l’ère Weiler où la philosophie était opposée à la vôtre ?
“Les joueurs savaient encore ce qu’ils étaient capables de faire. Dendoncker, Trebel, Kums, Hanni, Onyekuru, Gerkens et même Teo : ce sont des joueurs qui n’ont pas peur du ballon. Mais il ne suffit pas de leur dire qu’on va jouer du football positif à partir du moment pour que ça se fasse. Il faut leur expliquer où et comment courir, où se positionner, etc. En deuxième mi-temps à Malines, le réflexe de descendre et de jouer en bloc qui était de mise avec l’ancien entraîneur est peut-être revenu. Il faut encore travailler et il faudra du temps.”
Une défense à trois face au PSG est-elle envisageable ?
“On verra. À Malines, on était à quatre derrière en deuxième mi-temps. Et même à certains moments de la première période. C’est un mix de circonstances qui détermine ça. On doit encore améliorer certains détails. Après le repos, il y a eu des choses qui n’ont pas fonctionné. C’est logique quand tu ne travailles que depuis deux jours avec ton groupe au complet.”
Avez-vous un plan pour stopper Neymar ?
“Non, ça n’a pas de sens. Ça se pourrait s’il n’y avait que Neymar qui savait faire la différence mais tu as neuf mecs autour de lui qui peuvent te faire mal aussi. Samedi à Dijon, c’est Meunier qui s’en est chargé. Le danger est partout, c’est pour ça qu’ils peuvent gagner la Ligue des Champions.”
Après votre campagne en Ligue des Champions avec Gand, les supporters d’Anderlecht attendent beaucoup de vous dans cette compétition. Peut-être même une surprise contre le PSG.
“Oui mais est-ce possible ? On joue quand même contre une équipe d’un autre niveau que Valence, le Zenit, Lyon ou Wolfsburg (Ndlr : ses adversaires avec Gand en C1) . C’est vrai qu’on a sorti Tottenham de la Ligue Europa l’année suivante. Et Tottenham est une équipe plus forte. Pas autant que le PSG mais pas loin. Et avec un Gand déforcé en plus. Il faut donc y croire mais il faut vraiment que tout marche pour nous.”
Est-ce que cette campagne est déjà perdue après le 0-3 contre le Celtic ?
“Oui. C’est dommage. Mais ça dépend aussi du tirage. Quand tu prends le PSG et le Bayern, tu sais déjà que tu peux faire une croix sur les deux premières places. Avec le tirage de Gand, j’avais dit à mes joueurs qu’on pouvait espérer la deuxième place. Mes joueurs croyaient que j’étais fou mais c’est possible quand tu évites le Barça, le Real, etc. Bruges avait aussi un tirage pour espérer la deuxième place la saison dernière. Pour Anderlecht, il ne fallait pas manquer le rendez-vous contre le Celtic. Quand tu perds 0-3 chez toi, tu as quasi gaspillé toutes tes chances. Il faudrait réaliser un miracle contre un des gros puis aller gagner la dernière journée au Celtic. Faut pas espérer refaire ton retard en gagnant par plus de trois buts d’écart à Glasgow. On n’est pas comme les Hollandais qui pensaient pouvoir battre la Suède 8-0.”
Vous souvenez-vous de votre première rencontre avec Unai Emery, l’entraîneur du PSG ?
“Oui, c’était à Nyon. Grâce au parcours avec Gand, j’avais été invité à un forum des entraîneurs par l’UEFA. Il y avait aussi Mourinho, Zidane, Ferguson et plein d’autres. Je n’avais pas pu bavarder avec Emery car il avait dû partir tôt.”
Avec qui aviez-vous parlé ce jour-là ?
“Pas mal avec Mourinho. C’est un mec très sympa. Il est ouvert et agréable. On n’a pas la même philosophie de jeu mais c’était chouette.”
L’an passé, Mourinho avait complimenté Weiler.
“Oui, c’est la même philosophie. J’ai dit qu’à mes yeux, Anderlecht devait toujours jouer de façon dominante mais je respecte les autres visions du jeu. Weiler a été champion, il a donc bien fait son boulot. Mourinho a aussi eu beaucoup de succès avec sa philosophie. Mais il a dû aussi beaucoup déménager. Il y a un moment où les joueurs en ont assez de lui. La date de conservation d’un coach est plus grande si tu joues un jeu dominant.”
Vous êtes donc ici pour dix ans ?
“On m’a dit un jour que les années dans une équipe du top étaient limitées. Wenger est l’exception. Même si Mourinho estime qu’il ne gagne plus jamais rien (rires). Regardez ici, qui est resté plus de trois ans ? Personne. Ariël Jacobs trois ans et demi ? Ah oui mais c’est très rare.”
Espérez-vous confirmer vos capacités d’entraîneur aux yeux de l’Europe pendant cette campagne ?
“Non, je ne suis pas focalisé sur ça. Chaque chose en son temps. Je n’ai pas besoin d’aller dans un grand club à l’étranger pour me dire que ma carrière est réussie.”
Vous auriez déjà pu signer à Wolfsburg.
“Oui, j’ai refusé. C’est pourtant un cluv plus riche qu’Anderlecht. Peut-être que j’aurais envie un jour mais ça ne me tracasse pas. Je sais que l’étape après Anderlecht sera l’étranger.”
“J’étais près d’avoir Meunier à Courtrai”
Et si Hein Vanhaezebrouck avait donné un autre virage à la carrière de Thomas Meunier ? L’histoire se passe à l’été 2011. “Il était à Virton et je le voulais à Courtrai. On avait discuté. Mais Devroe, qui était sur le point d’être viré à Bruges, avait fait un dernier effort pour l’amener au Club. Je ne sais pas si Meunier aurait choisi Courtrai si Devroe avait été limogé plus tôt mais j’avais un bon sentiment. Avec moi à Courtrai, il aurait sans doute joué en soutien d’un avant de pointe, comme c’était le cas à Virton. C’est là aussi où il préfère jouer. Il n’était d’ailleurs pas ravi de devenir back droit. Mais il s’est bien développé dans ce rôle de back très offensif”
Une nouvelle position qui a fait décoller la carrière de Meunier. “Je ne suis pas surpris qu’il joue à l’étranger mais j’ai quand même été étonné que ce soit dans un club comme le PSG et qu’il y réussisse aussi bien. Il a été très bon à Dijon samedi. Il a dit que je ferais bien de mettre deux hommes sur lui ? Je n’ai jamais fait ça de ma vie.”
Quand Hein était puni par Van Binst
En tant que joueur, Hein Vanhaezebrouck a eu beaucoup d’entraîneurs. Parmi eux, on retrouve même une légende anderlechtoise : Gille Van Binst, en 1986 à Lauwe en Promotion. "M’a-t-il appris quelque chose ? J’ai appris de tout le monde. Je me souviens d’une punition qu’il donnait aux joueurs : on faisait un match, l’équipe qui ne gagnait pas devait courir. Puis on refaisait un match et les perdants devaient à nouveau courir. Gille disait : ‘Celui qui court pendant le match gagne le match. Donc les autres doivent courir après.’"
"Je déteste les bouchons bruxellois"
Hein Vanhaezebrouck se plaît à Anderlecht mais il doit encore s’adapter à la circulation bruxelloise. "Je déteste les bouchons. C’est une grosse différence avec Gand. Heureusement, j’ai trouvé un assistant chez les Espoirs qui vient du même coin que moi. Il a un chemin où y a moins de bouchons et je vais lui demander son secret. Je préfère que la route dure 15 minutes de plus mais toujours en mouvement. Rester une heure trente sans bouger, je deviens fou."
"Le FC Bruges est le grand favori"
Le titre qui qualifie pour une C1 encore plus rémunératrice à partir de la saison prochaine, c’est un must pour Anderlecht. Hein Vanhaezebrouck préfère cependant laisser la pression au Club. "Les Brugeois font un départ fantastique. Ça fait longtemps qu’une équipe n’a plus commencé par un 27 sur 30. On a déjà 9 points de retard, c’est beaucoup. On peut le refaire mais ça veut dire qu’on ne peut pas perdre nos matches contre Bruges. Il y aura de la pression sur nous. Bruges est le grand favori. S’ils prennent encore deux fois 27 sur 30, il n’y aura même plus besoin de jouer les playoffs…"