Un club de supporters anderlechtois menacé pour avoir fraternisé avec des Standardmen
Le club de supporters du RSCA Section Mons vit une drôle de mésaventure depuis le dernier Clasico. La raison ? Une photo avec des Rouches après un dépannage sur l’autoroute
- Publié le 05-05-2018 à 13h04
- Mis à jour le 05-05-2018 à 13h13
Le club de supporters du RSCA Section Mons vit une drôle de mésaventure depuis le dernier Clasico. La raison ? Une photo avec des Rouches après un dépannage sur l’autoroute Retour au 18 avril dernier. Ce jour-là, le Standard bat Anderlecht (2-1) à Sclessin. Deux heures après le coup de sifflet final, un car rempli de supporters anderlechtois venus de Mons décide de faire une pause sur un parking de la E42, juste après Namur. Quelques minutes plus tôt, une voiture crevait dans les travaux de l’autoroute. Une voiture occupée par trois supporters du Standard, originaires de Mons eux aussi.
Les deux véhicules se retrouvent sur le même parking au même moment. Les supporters anderlechtois descendent du car et entourent les trois Rouches occupés à serrer les boulons du pneu de secours. Ça chambre des deux côtés mais le ton reste bon enfant. Les Mauves proposent même un coup de main. Une fois le dépannage terminé, les Anderlechtois et les Standardmen ouvrent une bière et trinquent tous ensemble. Un moment sympa immortalisé par un selfie de groupe.
La photo fait rapidement le tour des réseaux sociaux. Le RSCA, via son compte Twitter, publie même le cliché en vantant ce moment de convivialité entre supporters de clubs rivaux. Fin de l’histoire ? Non, le début d’une drôle de mésaventure pour la Section Mons, le club de supporters anderlechtois en question.
Trois jours après ce déplacement au Standard, les Anderlechtois jouent à nouveau à l’extérieur, sur le terrain de Genk. Dans la tribune réservée aux supporters mauves, une partie du noyau dur du Sporting est remontée et profère des menaces à l’encontre des Montois. "Ils disaient qu’on n’avait pas à pactiser avec l’ennemi et qu’on aurait dû massacrer leur voiture", nous explique un témoin de la scène.
Le noyau dur du RSCA recherche même activement les supporters anderlechtois identifiés sur la fameuse photo. Les stewards préviennent les membres du club de supporters de Mons qu’ils sont "dans le collimateur du noyau dur".
La peur naît chez les 97 membres de la Section Mons. Le club de supporters envoie d’ailleurs un e-mail au RSCA pour lui faire part de la situation. "On a effectivement reçu ce mail et on a transmis l’information à la police", précise David Steegen, le responsable de la communication. "On ne tolère pas ce genre de comportement et on le condamne fermement. On sait qu’il y a eu des soucis lors du déplacement qui a suivi à Genk, mais l’histoire est close depuis."
Dans le même temps, le RSCA supprime la photo de son compte Twitter. Le club avait reçu des messages de supporters furieux. "On avait surtout reçu des témoignages de gens qui nous disaient que cette photo était un coup monté. On a reçu plusieurs versions de l’histoire et on s’est dit que c’était mieux de la supprimer car on ne connaissait pas la vérité", explique Steegen.
Les supporters de la Section Mons se sont promis d’être vigilants dans les tribunes lors des prochaines rencontres du RSCA. "Mais un membre a quand même annulé son déplacement à Bruges dimanche, par crainte de représailles", nous rapporte-t-on.
Le commentaire de Christophe Franken: Des grillages partout...
Les tribunes se divisent en deux camps : ceux qui aiment d’abord le foot et ceux qui aiment d’abord leur équipe. Entre eux, le fossé se creuse. Après l’affaire Meunier, coupable d’avoir liké un tifo de l’OM, c’est le même topo avec cette histoire qui touche ce club de supporters du RSCA à Mons. Certains estiment qu’un match face à un rival s’arrête quand l’arbitre siffle, d’autres pensent que le duel dure éternellement. On ne peut pas juger, l’amour s’exprime différemment. Empêcher l’autre " camp" de vivre sa passion comme bon lui semble est par contre regrettable. Si les insultes sur les réseaux sociaux sont déjà trop agressives, que dire des menaces physiques ? Faudra-t-il un jour séparer les fans d’un même club par des grillages dans une société qui tolère de moins en moins qu’on ne partage pas son avis ?