Okaka, vrai fenomeno ou futur disastro?
En transférant Stefano Okaka, la direction prend des risques. En est-elle bien consciente ou pas ? Un commentaire de Philippe Lacourt.
- Publié le 28-07-2015 à 12h15
Un commentaire de Philippe Lacourt. En football, faut-il le rappeler, seul le résultat de l’instant compte, car il construit les palmarès que l’on regardera demain avec envie. Une vérité qui condamne les clubs ambitieux, comme l’est assurément Anderlecht, à éviter de se prendre les pieds dans le tapis quand ils façonnent leur équipe.
Orphelin d’un Mitrovic sur le dos duquel il a finalement scellé une opération financière très rentable, le Sporting se doit donc, aujourd’hui, de placer en pointe de son attaque un joueur capable de jongler avec le talent et l’efficacité. Deux qualités qui n’habitent pas les pieds d’un Suarez perpétuellement à la limite de la rupture, ni un Sylla auquel il faudra, soyez-en conscients, au minimum cinq occasions pour en concrétiser une. Reste, alors, à décrypter le mystère Ezekiel. Celui qui vient de tourner sa veste rouge pour du mauve dernier cri, a-t-il le profil qui peut faire se pâmer d’admiration un Parc Astrid que l’on sait exigeant ? Pas sûr ! Ezekiel va vite, il est puissant, sa frappe est appréciable, son jeu de tête suffisant, mais tout cela n’en fait pas ce buteur racé dont l’attaque du Sporting a tant besoin…
Face à tant d’interrogations qui ont miné le parcours des Mauves lors des défunts playoffs et pas plus tard que dimanche dernier à l’occasion de son match d’ouverture de la nouvelle saison, Anderlecht a donc décidé d’abattre son joker de l’été : Stefano Okaka !
Qui c’est celui-là, crient à l’unisson les abonnés du stade Constant Vanden Stock ? On les comprend. A l’exception des vrais fanas de foot, ceux qui ont perpétuellement la tête plongée dans les stats du calcio, ou ceux qui ne décollent jamais leurs yeux des tubes cathodiques qui alimentent les chaînes branchées sur le championnat d’Italie, tous les autres ont du mal à jauger les capacités de celui qui fut, laissons-lui cela, repris au moins une fois au sein de la Squadra. Sur ces bases-là, il ne peut donc constituer qu’un plus pour l’armada anderlechtoise. Mais à y regarder de plus près, on se permet, par expérience, de nourrir quelques doutes.
Pourquoi, si Okaka est aussi fort qu’Anderlecht essaye de le faire croire, a-t-il transité par… 8 clubs en 10 ans de carrière pro ? Une instabilité qui ne va pas sans inquiéter. Car si, oui, et on l’admettra aisément, il est possible de se tromper d’auberge une, deux, voire trois fois, en changer neuf fois (Anderlecht devient son neuvième club consécutif) en dix ans dépasse le simple cadre de l’erreur de casting.
Manifestement l’attaquant italien souffre d’une instabilité chronique qui aurait de quoi faire fuir le premier employeur venu, sauf si, visiblement, il se nomme… Anderlecht. Bien sûr, rien n’interdit d’imaginer qu’Anderlecht a frappé juste. Donc que notre ami Okaka, à Bruxelles, s’enracine dans la stabilité et l’efficacité. Tant mieux si c’est ce scénario-là qui vient enrober une histoire d’amour entre un club et son dernier transfert en date. Mais si le scénario tourne à la dramatique, avec un fenomeno mué en disastro, Anderlecht risque encore, en plus d’être la risée de tous, de passer à nouveau à côté de ses objectifs prioritaires.
Qui a dit dommage ?