Nicolas Frutos brise le silence sur son départ d'Anderlecht: "Je reviendrai un jour"
Nicolas Frutos donne sa première interview depuis son départ d’Anderlecht.
- Publié le 01-08-2018 à 06h56
- Mis à jour le 01-08-2018 à 06h57
Nicolas Frutos donne sa première interview depuis son départ d’Anderlecht. Dix mois après son départ d’Anderlecht, Nicolas Frutos (37 ans) a enfin rompu le silence. Actuellement directeur sportif du Club Olimpia (40 fois champion du Paraguay et 1 fois champion du monde), il est revenu sur son deuxième divorce avec son grand amour - le RSCA - tout en se projetant dans le futur qui s’annonce prometteur, aussi bien au niveau privé que professionnel.
Retour à Courtrai - Anderlecht de 2017. Au surlendemain du 2-2 et des chants anti-Weiler des supporters, Nicolas Frutos est nommé entraîneur ad intérim d’Anderlecht. Au surlendemain du Courtrai - Anderlecht de 2018, Anderlecht pète la forme.
"J’ai suivi la physionomie du score par Internet, et j’ai vu des images par après. C’est magnifique ce qu’ils font en ce début de saison. Anderlecht reste mon club."
Tout d’abord, Nico, pourquoi avez-vous refusé de parler pendant dix mois ?
"Je voulais prendre du recul et bien réfléchir à ce que j’allais faire dans l’avenir. Et avec tous les changements à Anderlecht, n’importe quelle déclaration de ma part aurait pu créer une polémique au sein du club. Je voulais rester correct et je me suis tu."
Avez-vous regretté d’avoir refusé la proposition de Herman Van Holsbeeck d’intégrer le staff de Vanhaezebrouck ?
"Jamais de la vie ! C’était la meilleure décision possible. Je ne me serais pas senti bien dans ma peau. Vous savez : dans chaque club, il y a des clubmen qui reprennent l’équipe pendant quelques matches quand un entraîneur est limogé. Moi, j’ai d’autres ambitions. Je n’ai même pas attendu que Herman me dise quelle fonction il me proposait dans le staff de Hein. J’ai été très honnête, et je suis parti."
Soyons clairs : vous auriez voulu continuer comme T1.
"Bien sûr ! J’avais gagné trois matches sur quatre, dont le match au sommet contre le Standard, la révélation de la suite du championnat. Si on m’avait dit avant mon entrée en fonction que je réaliserais un tel bilan, j’aurais signé des deux mains."
Dommage ce 0-3 contre le Celtic…
"Par après, on peut toujours dire qu’il aurait fallu faire ceci ou cela. Au moment même, j’avais bien analysé les choses, et j’avais pris les décisions en âme et conscience. N’oubliez pas que les conditions n’étaient pas idéales. Les joueurs savaient qu’un autre coach prendrait ma place. Et même si on ne savait pas encore que le club serait vendu, on sentait dans les couloirs du club que c’était une saison anormale. Si Anderlecht avait été champion après tout ce qui s’est passé dans le club, cela n’aurait pas été logique. Il faut de la stabilité pour faire des résultats."
Vous connaissez bien Coucke et Devroe.
"Coucke, je l’ai rencontré trois ou quatre fois. Avec Devroe, je suis allé plusieurs fois en Argentine pour voir des joueurs quand il était à Ostende. Je les ai félicités quand ils ont repris Anderlecht. Toutes les conditions sont présentes pour qu’ils réussissent. Ils peuvent réaliser quelque chose de très beau avec Anderlecht."
Vous espérez revenir une troisième fois à Anderlecht ?
"Vu que je suis amoureux de ce club, j’aimerais que nos chemins se recroisent un jour. Mais d’abord, il faut que je réussisse ailleurs comme entraîneur."
"Saelemaekers s’impose à la Gerkens"
Frutos n’est pas surpris par le succès des jeunes de Vanhaezebrouck
Frutos n’est pas étonné par le succès de la classe biberon de Vanhaezebrouck.
"Cela fait cinq ans qu’Anderlecht fait de l’excellent travail avec ses jeunes et est au top avec ses U16 , U17 et U19 ", dit Frutos. "Ce n’est pas grâce à un coach X ou Y, mais grâce à toute l’équipe de Jean Kindermans, directeur de l’école des jeunes. Depuis que j’ai mis un terme à ma carrière, il y a huit ans, j’ai visité énormément de clubs, aussi bien sud-américains qu’européens. Nulle part, j’ai vu du si bon boulot de la cellule sociale. La façon dont Jean-François Lenvain et son équipe gèrent les jeunes Africains à Anderlecht, c’est le top. Et regardez : il y en a cinq dans le noyau A. Ce n’est pas le fruit du hasard."
La percée de Saelemaekers date déjà de la saison passée. "Je ne l’ai jamais eu dans mon équipe, vu que j’étais dans le staff du noyau A la saison passée, mais je sais qu’il était déjà bon. Or, il y avait plusieurs Espoirs avec un gros potentiel. C’était impossible de dire qui serait prêt à casser la baraque en équipe A. D’autres joueurs semblent parfois prêts, mais échouent au plus haut niveau. L’éclosion d’Alexis me fait penser à la façon dont Pieter Gerkens s’est imposé dans sa première saison au Sporting. Tout le monde pensait quand même qu’il lui faudrait une année d’adaptation ? Et il est devenu titulaire à part entière et important pour l’équipe."
Et Sebastiaan Bornauw ? "Lui aussi, je le connais bien. En jeunes, c’était déjà un vrai pro , un super-garçon, un bosseur. Il a acquis de l’expérience en équipe nationale. Je suis content qu’ils soient récompensés pour leur travail. À eux de confirmer."
"Je construis Neerpede au Paraguay"
Directeur sportif du plus grand club du pays, il s’est lancé dans un projet ambitieux.
La nouvelle aventure sportive de Frutos n’est pas n’importe laquelle.
"Olimpia est l’Anderlecht du Paraguay", dit Frutos. "Depuis le mois de décembre 2017, le président me demande de devenir directeur sportif. Après quelques mois de réflexion, j’ai accepté en mars, et j’ai commencé en avril."
Une des tâches de Frutos est de construire un nouveau Neerpede.
"Je m’occupe de la construction d’un tout nouveau centre d’entraînement" , dit-il. "Tout est prévu : une salle de musculation de haut niveau, des vestiaires, un laboratoire sportif, un restaurant et un hôtel avec 22 chambres pour les joueurs. C’est un projet top-top."
Nico s’occupe évidemment aussi du sportif. "C’est moi qui définis la philosophie du club. Je fixe donc la façon dont tous les entraîneurs travaillent dans le centre de formation et je construis une équipe de scouting."
Les clubs belges qui ont changé d’entraîneur n’ont pas pensé à lui. "Non, mais je n’ai pas postulé non plus. À partir du mois de décembre, j’étais complètement focalisé sur Olimpia. Je suis encore jeune. Un jour, je reviendrai peut-être en Belgique, mon deuxième pays."
L’Argentine ne l’a pas oublié non plus. "Quelques clubs de D1 m’ont contacté pour devenir T1 , mais leur projet sportif n’était pas vraiment ce que je recherchais. J’ai préféré me lancer dans le projet ambitieux d’Olimpia."
"Le discours de Martinez m'a séduit"
Nico l’a rencontré à la Licence Pro et a été charmé par notre collectif au Mondial
Frutos a suivi avec beaucoup d’attention les prestations des Diables Rouges à la Coupe du Monde, même s’il était surtout supporter de l’Argentine.
"La Belgique méritait de jouer la finale", dit Frutos. "Chapeau pour la façon dont vous avez travaillé. Vos prestations étaient très régulières, et le fruit d’un travail collectif. La grosse différence avec la qualification de l’Argentine, par exemple, est que Messi l’a réalisée à lui seul."
Frutos est charmé par le travail de Roberto Martinez.
"Dans le cadre de ma Licence Pro (NdlR : il a obtenu son diplôme en Belgique) , nous avons eu des cours de la part de personnes de votre Fédération, qui ont expliqué comment fonctionnait votre équipe nationale. Martinez est également venu parler à quelques reprises. C’était très intéressant, et il était très sympa. Son discours m’a séduit. Je sentais que tout était en place pour que la Belgique réalise une grosse Coupe du Monde."
"Bientôt papa d'un fils belge !"
C’est avec beaucoup de fierté que Nico nous a annoncé la bonne nouvelle. "Je redeviens papa une troisième fois, cette fois d’un fils. Et d’un Belge !"
Depuis un certain temps, Nico est en couple avec Marie, une Carolo qui habite maintenant avec lui à Asuncion. Frutos : "Non, elle n’est pas fan d’Anderlecht… Vous savez que j’ai toujours eu un sentiment particulier pour la Belgique. Ma fille aînée est née en Belgique quand je jouais encore. Maintenant, je vais vraiment devenir à moitié belge (rires)."
Et Frutos junior, jouera-t-il en équipe nationale belge ou argentine ? Frutos : "Je ne sais pas encore, il aura le choix. Mais une chose est sûre : Anderlecht aura bientôt un supporter en plus !"