Michel Verschueren: "Le papa de Coucke a toujours été fan de Mister Michel"
Le plus ancien des Anderlechtois (87 ans) est soulagé : "Le Sporting est entre de bonnes mains".
- Publié le 19-05-2018 à 10h22
- Mis à jour le 19-05-2018 à 12h34
Le plus ancien des Anderlechtois (87 ans) est soulagé : "Le Sporting est entre de bonnes mains". Voilà plus d’un an que Michel Verschueren (87 ans) a été opéré d’une tumeur aux intestins. Il va bien. Très bien, même. "Je suis vieux, fatigué et pauvre. Mais je suis encore là", nous dit-il à plusieurs reprises en anglais. "I’m a survivor ! Un rescapé."
Malgré la saison sportive difficile de son club, il est un homme heureux. "Anderlecht est entre de bonnes mains. Coucke était le meilleur choix possible. Je suis content que le Sporting n’ait pas été repris par un Chinois, un Russe ou un Japonais. J’espère que je serai encore là pour savourer les succès du nouvel Anderlecht."
Verschueren ne parle pas souvent dans les médias, afin de ne pas attiser la polémique avec Herman Van Holsbeeck, son successeur (viré). "Il m’a évité pendant 14 ans; je ne sais pas pourquoi", tweetait-il le mois passé. Verschueren : "Copain, qu’est-ce qu’on a convenu ? Qu’on ne parle pas de cela. Merci ! Par contre, je vous ai préparé ceci."
Verschueren sort un bout de papier sur lequel il a écrit son bilan de la saison. "Le public et une partie de la presse ne voulaient pas de Weiler. Vanhaezebrouck est venu et a débuté en force. Mais on a été freinés par des blessures et un mercato qui ne s’est pas bien passé. Je ne cherche pas de coupables…"
Puis il relate un événement qui l’a touché. "Une semaine après son entrée en fonction officielle, Marc Coucke m’a invité au restaurant Saint-Guidon. Avec Paul Van Himst et Eddy Merckx. Il nous a qualifiés de ‘trois sages du club’. Cela m’a touché."
D’où votre lien amical avec Coucke ?
"On s’envoyait souvent des tweets. Moi en forme de rime, vous me connaissez. (Il donne quelques exemples) Et je connais son papa depuis longtemps. Il était pharmacien à Gand, comme Marc par après. Son papa a toujours été un grand supporter du manager Mister Michel. Avouez que 35 ans à la tête d’un club - 11 ans au Daring et au RWDM, et 24 ans à Anderlecht - il faut le faire. Michel Louwagie veut battre mon record à Gand, mais il aura du mal…"
Êtes-vous encore actif pour Anderlecht ?
"Je n’ai plus de fonction officielle et je ne suis pas rémunéré. J’ai fait partie de la ECA (European Club Association) jusqu’en 2013. Puis, mon fils a repris mes fonctions. Maintenant, je suis au stade de 10 h 30 à 17 heures. J’accueille les clients au restaurant Saint-Guidon. Je suis une sorte d’ambassadeur. Je leur dis que s’ils ont des plaintes, ils doivent les envoyer par recommandé (Rires) J’espère que Marc Coucke m’autorisera à rester dans le club. Je ne joue pas au golf ou au tennis - Roger Vanden Stock mérite amplement sa pension - mais je suis heureux à ma façon."
Vous venez encore aux matches à domicile.
"Et à l’extérieur ! Bruges me doit encore trois costumes, sur lesquels je me suis pris de la bière dans le passé (Rires) . Et si on m’invite, je ferai encore les voyages en Coupe d’Europe. Je n’ai pas peur de vols de plusieurs heures."
C’est vrai, vous avez bonne mine, Michel.
"I’m still alive. Je vis encore. (Il compte ses doigts) Plaskie, Hanon, Trappeniers, De Bree, Swatje Van der Elst, Keshi, Desanghere, Cornelis… Je leur ai tous survécu. (Il tend les mains) Je tremble ? J’ai Parkinson ou Alzheimer ? J’ai eu une grosse frayeur l’année passée, c’est vrai. Mais j’ai repris les 10 kilos que j’avais perdus. J’ai retrouvé l’appétit. Je ne bois plus de vodka avec du coca. Juste un verre de vin. Ma femme a aussi été mal - elle a eu un petit problème au cœur suite à une embolie pulmonaire - mais elle s’en est aussi remise. On roule tous les deux encore en voiture."
Ce qui vous rend le plus malade, c’est la défaite.
"Le 1-2 contre le Standard m’a rendu malade pendant quatre jours. Je me tournais tellement dans le lit, que ma femme a dit : ‘Je vais dormir seule, salut !’ Heureusement, on a quatre chambres dans ma baraque."
Vous avez été sportif : vous avez félicité Bruges dans un tweet.
"Bien sûr ! (Il scrolle sur son smartphone jusqu’au moment où il trouve son message, et il le lit tout haut) Et j’ai appelé mon ami Bart Verhaeghe. Il m’a rappelé le lendemain, parce qu’il avait un souci avec son nouveau smartphone. Bart Verhaeghe est aussi de Grimbergen. S’il le faut, il votera pour moi aux élections."
La bonne nouvelle : Anderlecht s’est qualifié pour la Coupe d’Europe.
"À un certain moment, j’ai eu peur et Hein Vanhaezebrouck aussi. Mais on y est parvenus. Et pour la première fois, la saison prochaine, trois clubs belges jouent directement les poules. Grâce à mon fils, Michael, à l’ECA. Mais il ne veut pas que je parle de lui. Il n’a pas reçu de cadeaux comme un héritier royal. Il veut faire sa carrière seul. Comme moi à l’époque. J’ai commencé à Alost en tant qu’entraîneur physique. Des salles de musculation n’existaient pas. De ma poche, j’ai acheté 15 sacs à dos et je les ai remplis avec du sable. Les joueurs devaient monter les escaliers des gradins en courant. Alost est monté, cette année-là..."
"Le maillot ? Quand je regarde les pieds des gens, je vois que la mode évolue"
Verschueren a accepté de poser en photo à côté du nouveau maillot à la couleur corail dans le fanshop. "Il y en a qui préfèrent le mauve et le blanc traditionnel", dit-il un peu plus tard, assis à son bureau. "Mais je comprends Adidas. Chaque grand club a un deuxième maillot, totalement différent, pour des raisons commerciales. Et bon, la mode évolue. Les jeans déchirés et délavés. Et surtout les chaussures. Quand je suis à l’aéroport, j’adore regarder les pieds des gens. On en voit des choses !"
Ancien gymnaste, Verschueren balance une jambe sur son bureau. "Regardez mes chaussures. Du cuir. Du classique. Et je suis toujours en costume - avec une centaine de cartes de visite dans ma poche - cravate et en chemise. Verschueren est toujours propre ! N’est-ce pas ?"
"Ma femme dit que je suis fou de pousser la liste Open VLD à Grimbergen"
Verschueren est encore actif dans la politique. "Lors des élections fédérales en 2014, j’ai soutenu Maggie De Block aux élections. J’ai obtenu 7.157 voix. J’ai failli être élu. Quand j’ai accepté de pousser la liste dans ma commune - Grimbergen - pour les prochaines élections communales, ma femme a dit que j’étais complètement fou. Mais je veux - via ma popularité - aider l’Open VLD à avoir un bourgmestre. Mes ambitions ? On verra bien après les élections…"
Verschueren suit la politique de très près. "Je lis cinq journaux par jour et quelques magazines. Je suis un vrai Belgiciste. Qu’est-ce que la Flandre serait en Europe, sans Bruxelles ? Dans une république flamande, il y aurait vite des disputes entre Anvers, Bruges et Gand. Comme des poules entre elles."
"Quand Constant a vu que Roger Petit me voulait au Standard…"
Sa biographie existe déjà mais Verschueren pourrait en écrire une deuxième. Comme quand il raconte la façon dont il est venu au RSCA. "J’avais fait du si bon boulot au RWDM qu’Anderlecht me voulait en 1980. Mais le Standard me voulait aussi. Constant Vanden Stock m’avait vu parler avec Roger Petit, le président du Standard, à une réunion de la Pro League . Quand je voulais monter dans l’ascenseur, Constant s’est mis devant moi, et a dit : ‘Michel, tu viens à Anderlecht !’ "
Verschueren a notamment remplacé le sponsor Belle-Vue - la brasserie de Vanden Stock - par la Générale de Banque. "Constant m’a d’abord dit, en rigolant : ‘Tu viens de débarquer et tu me veux déjà dehors ?’ Mais il a vite compris que c’était une bonne opération financière."
"J’ai tiré mes leçons de ce tweet qui a vexé les étudiants"
Mister Michel est un accro de Twitter. "J’ai presque 10.000 suiveurs" , indique-t-il. En ce moment, il en a 9.825. "Pas mal, pour un homme de 87 ans, hein ? Mes tweets sont toujours positifs et ludiques. J’essaie de ne vexer personne et de calmer le jeu quand un problème se pose. Mais je ne me mêle pas du sportif. D’ailleurs, vous savez à combien d’entraînements j’ai assisté depuis mes 73 ans, quand j’ai cessé d’être manager ? Zéro !"
Il a regretté un seul tweet. "Les étudiants protestaient contre une hausse des droits d’inscription. J’avais tweeté qu’ils avaient de l’argent pour sortir et boire, et qu’ils feraient mieux de travailler pour payer cette hausse. La vague de réactions était énorme. J’ai nuancé mes mots par après. Et j’en ai tiré des leçons."