Luc Devroe se livre à la DH: "À Bruges, on a frappé sur ma bagnole"
Il a passé huit ans de sa vie au Club Brugeois, Luc Devroe (52 ans). Mais aujourd’hui, il est le grand architecte du séduisant nouvel Anderlecht.
- Publié le 25-08-2018 à 11h56
- Mis à jour le 25-08-2018 à 11h59
Il a passé huit ans de sa vie au Club Brugeois, Luc Devroe (52 ans). Mais aujourd’hui, il est le grand architecte du séduisant nouvel Anderlecht. À la veille du duel à Bruges, il a reçu la D H pendant plus d’une heure. Il a abordé un tas de sujets, même d’ordre privé. Sans oublier son amour de jeunesse : le RWDM. "J’avais des posters de Boskamp et De Bree dans ma chambre." Club - RSCA (Mai 2018): "À Bruges, on a frappé sur ma bagnole"
Ce sera le deuxième Bruges - Anderlecht depuis que Devroe est manager à Anderlecht. Le 6 mai, Anderlecht avait gagné 1-2 en playoffs. "Quelle hostilité de la part des supporters , dit Devroe. Les supporters ont frappé et donné des coups de pied dans ma bagnole. Ma femme avait peur. Les stewards ont dû nous escorter. Bien sûr que cette année-ci, j’y vais à nouveau en voiture. Je n’ai rien fait de mal à Bruges. Je n’ai pas été vendu à un autre club, c’est Bruges qui m’a mis de côté (il a été manager à Bruges de 2007 à 2011, mais n’a gagné qu’une Coupe). Moi, je ne suis pas rancunier. C’est le passé et c’est la vie. Si cela m’avait privé de manger une tartine, je dirais. Mais là… Cela dit : quand on est manager à Anderlecht, il faut accepter qu’on se moque de vous quand vous perdez ou qu’on vous harcèle quand vous gagnez."
International en jeunes: "Je partageais la chambre avec Degryse"
En 2011, celui qui a succédé à Devroe comme manager sportif n’est autre que Marc Degryse, son ami. "J’ai joué en équipe nationale de jeunes", dit Devroe. "Le joueur avec qui je partageais la chambre pendant les premières saisons était Marc. On était les seuls joueurs de Flandre-Occidentale. Nos parents se sont connus à un tournoi de Montaigu. Depuis lors, ils sont allés en vacances ensemble, jusqu’en 2008. Mon papa est décédé en 2009."
Danseur comme son fils: "’Vroe’tje faisait du Michael Jackson"
Les fils de Devroe ne sont pas dans le foot. "Glen, en référence à Glenn Medeiros, a fait des études d’ingénieur civil en architecture. Il a été gardien en jeunes à Roulers et Courtrai, mais il s’est blessé gravement aux deux genoux. Il s’est marié dans le stade d’Ostende, la fête était magnifique. Ils se sont dit oui dans le rond central. Il sera papa et donc moi grand-père en février. Lucas aurait dû s’appeler Gianluca comme Vialli, mais ma femme a dit que j’étais fou. (Rires) Lui, il a joué en P4. Au début, il avait peur du ballon. Mais on s’est bien amusé à ses matches. Il suit des études de chorégraphie aux Pays-Bas. Moi, j’aimais aussi danser. Quand on sortait au café Ma Ricca Rokk à Bruges avec les joueurs du Club, ils disaient : ‘Allez, Vroe’tje, un petit show !’ Vroe’tje montait sur le podium et faisait du Michael Jackson. (Rires)"
Bruxellois jusqu'à ses 10 ans: "RWDM champion en 1975 ? J’ai vu tous les matches…"
Est-ce que Devroe se sent plus chez lui à Bruxelles ou en Flandre-Occidentale ? "Je me sens chez moi partout. J’ai bâti à Anvers. Mettez-moi à Anvers et je me sens Anversois."
Jusqu’à ses dix ans, il a habité Bruxelles et puis à Strombeek. "Mes parents venaient de Flandre-Occidentale. Mon papa vendait des produits pour cheveux, ma maman était coiffeuse. J’allais à l’école en français. Et à la maison, on parlait du patois de Flandre-Occidentale. Je ne comprenais pas le néerlandais correct."
À partir de ses quatre ans, Devroe allait voir des matches de foot à Bruxelles. "Au Daring, au Crossing, à l’Union, à Anderlecht et au RWDM après la fusion. Quand le RWDM a remporté le titre en 1974-1975, j’ai vu tous les matches à domicile et même plusieurs matches à l’extérieur. Mes parents avaient un appartement à Oostduinkerke, mais je restais à Bruxelles pour voir le foot. Et quand on a déménagé en Flandre, je prenais le train pour voir les matches du RWDM. Mes idoles étaient Boskamp et De Bree. J’avais une énorme admiration pour eux, mais aussi pour des Rensebrink ou Haan. Et quand je me suis retrouvé dans le vestiaire de Bruges entre Ceulemans et Broos, j’aurais nettoyé leurs chaussures sans le moindre problème. Maintenant, les temps ont changé…"
Son hygiène de vie: "Je prends du poids pendant le mercato"
Devroe aimerait perdre du poids. "Je ne sais plus faire de sport à cause de ma hanche et mon genou", dit-il. "Et je n’aime pas faire du vélo. Ma femme m’a proposé de faire une balade à vélo à Knokke, où l’on habite. J’ai préféré aller en Vespa. Au cas où je recevrais un mail urgent. Mais à partir du 15 septembre, je vais essayer de faire du fitness au club."
Pendant le mercato, Devroe se nourrit mal. "Je vis de façon irrégulière. Je mange peu pendant la journée, et puis je bouffe comme un cochon avant d’aller au lit. La semaine passée, en allant à Tubize, je me suis arrêté à une station-service et j’ai acheté des saucisses BiFi et un Fanta. C’est bizarre, mais je maigris en vacances, où je mange pourtant bien. Et pendant le mercato, je grossis."
Le sommeil y est aussi pour quelque chose. "J’ai lu que l’on grossit quand on dort mal. Moi, il ne me faut que cinq heures par nuit. Sauf quand j’ai bu un verre (rires)."
Son pouvoir de relativiser: "Coucke abattu après Belgique - France, moi pas"
Devroe a connu des déceptions dans sa carrière, mais il s’en est toujours remis." Je parviens à relativiser une défaite", dit-il. "J’ai vu Belgique - France avec Marc Coucke. Après le match, il ne fallait pas lui adresser la parole pendant une demi-heure, tellement il était abattu. Moi pas. Je suis déçu au moment même, mais cela sert à quoi de taper dans les murs ? Une défaite ne m’empêchera pas de dormir ou de manger…"
Presque à Anderlecht en 2012: "Plus entendu Van Holsbeeck"
En 2012, Devroe a failli signer à Anderlecht. Selon Wikipedia, ses exigences financières étaient trop importantes. "Herman Van Holsbeeck me voulait comme patron de la cellule de scouting", dit Devroe. "J’avais deux contrats : à Roulers et dans un bureau immobilier. Je n’allais quand même pas travailler pour moins ? Finalement, je n’ai jamais eu de proposition concrète de la part d’Anderlecht."
Depuis la passation du pouvoir, Devroe et Van Holsbeeck n’ont plus eu de contact. "Non, je ne l’ai plus entendu", dit Devroe. "Herman était un collègue, mais pas un ami comme Degryse. On n’a jamais été au resto avec les épouses, par exemple."
François Sterchele: "J’ai souvent la chambre 23 à l’hôtel. Incroyable"
Comme lors de chaque match de Bruges, le stade va applaudir François Sterchele à la 23e minute. Pour Devroe, ce sera un moment très spécial. C’est lui qui a transféré François au Club, alors qu’il avait un accord avec Anderlecht. "Si je vais applaudir ? Il ne faut pas applaudir pour penser à lui. Je pense toujours à lui, surtout quand je vois le chiffre 23. J’ai fait mettre un 23 dans ma plaque d’immatriculation. Combien de fois n’est-il pas 23 h 23 quand je regarde ma montre ? À l’hôtel, j’ai souvent la chambre 23. À Bruges, plus personne ne portera le numéro 23. Non, ce n’est pas pour cela que Boeckx a rendu son numéro 23. On lui a dit que le 1 était libre, il avait le choix…"
Le cancer de son épouse: "On a connu des frayeurs"
Fin 2016, la famille Devroe a été secouée par une nouvelle inquiétante. Son épouse souffrait d’un cancer de la peau. "La maladie a été découverte par hasard, grâce à une vaccination pour partir au Sénégal. Un grain de beauté a ensuite été enlevé par un chirurgien esthétique, mais on a connu quelques frayeurs après une inflammation. Officiellement, elle est guérie, mais elle ressent encore une gêne au dos à cause de la cicatrice. Et tous les six mois, elle doit passer un contrôle."
Devroe et son épouse sont très proches. "Le week-end, elle va toujours avec moi au football. Vendredi passé, on fêtait nos 30 ans de mariage… à Anderlecht - Mouscron. (Rires) Je n’ai plus vu ma femme depuis mercredi, à cause du mercato. Quand je suis rentré, les deux nuits précédentes, elle dormait. Le plat qu’elle a préparé, je l’ai réchauffé dans un four micro-ondes à Neerpede. Une antiquité, mais cela a fonctionné. (Rires) Je n’ai revu ma femme que vendredi soir… à Ostende - Zulte."
RSCA - Bruges de 1978: "Bousculé par Gudjohnsen"
La carrière de joueur de Devroe en D1 s’est limitée à six minutes de jeu lors d’un… Anderlecht - Bruges, le 2 mars 1987. Anderlecht avait gagné 1-0 après un but de Nilis. "À un quart d’heure de la fin, Philippe Vande Walle avait lancé le ballon dans le visage de Vercauteren, et avait reçu la rouge. J’avais dû monter sans échauffement. Sur un corner, Arnor Gudjohnsen avait marqué mais le but avait été annulé parce qu’il m’avait poussé dans le but. J’ai longtemps gardé cette photo sur mon bureau, où je suis à terre, sous Gudjohnsen et Van Wijk, qui avait encore beaucoup de cheveux (rires)."
Puis, il a poursuivi sa carrière à Saint-Nicolas et Ostende, en D2. "C’était mon niveau. J’étais trop petit, avec 1m78. Jensen et Vande Walle étaient meilleurs que moi."