Les titres d'Anderlecht à l'extérieur: 8 histoires étonnantes
Avant de peut-être en ajouter un 9e ce jeudi au Mambourg, les Anderlechtois ont déjà fêté un titre de champion dans 8 stades en Belgique en dehors de leur propre enceinte au Parc Astrid.
- Publié le 17-05-2017 à 10h41
- Mis à jour le 18-05-2017 à 14h09
Avant de peut-être en ajouter un 9e ce jeudi au Mambourg, les Anderlechtois ont déjà fêté un titre de champion dans 8 stades en Belgique en dehors de leur propre enceinte au Parc Astrid.
1948-1949 au Lyra
C'est devenu un immeuble
Les deux premiers titres d’Anderlecht se concrétisent lors de l’ultime journée contre la même équipe : le Lyra, un club anversois. La première fois, en 1946-1947, cela se passe au Sporting. La seconde, deux ans plus tard, se passe dans ce petit club. Pour empêcher Berchem de revenir, les hommes d’Ernest “Master” Churchill-Smith, un ancien international irlandais aux méthodes militaires, doivent gagner face à ce club du ventre mou. Emmenés par un bon Arsène Vaillant, ils assurent le job : 1-5.
La fête commence sur la pelouse du Lyrastadion, un petit stade de 6 000 places, et se poursuit jusqu’aux petites heures à Anderlecht où les joueurs arriveront sur le toit de leur car. C’est là où la direction fit connaître la prime de titre : un voyage pour toute l’équipe au Portugal. Ceux qui auraient l’idée de se rendre au Lyrastadion pour une sorte de parcours initiatique seront déçus : le stade a été démoli en 2014 pour faire place à un immeuble d’appartements.
1949-1950 à l'Olympic
La prime? Un trip en Suisse
Une victoire sur la pelouse de l’Olympic et le 3e titre est possible ce 7 mai 1950. A la Neuville, les Carolos veulent le scalp du leader pour s’offrir une petite revanche. Trois ans plus tôt, le titre semblait promis aux Carolos qui avaient 7 points d’avance sur les Bruxellois avant de s’écrouler en seconde partie de championnat juste après une interminable trêve due à un hiver rude. Le Sporting en avait profité pour dépasser l’Olympic et s’offrir son tout premier titre.
Cet épisode n’était pas oublié. L’Olympic ouvrira le score mais Jef Mermans plantera 4 des 5 buts anderlechtois pour un score final de 2-5. “En rentrant au vestiaire, nous avons découvert les autres scores et on a compris qu’on était champion”, raconta Arsène Vaillant. La prime de titre est un déplacement à Lugano en Suisse. “Certains joueurs n’ont vu leur chambre que deux fois. Pour déposer les bagages et pour les reprendre…”
1964-1965 au FC Liège
L'Union est humiliée deux fois
Lors de la saison 64-65, le Sporting domine le championnat. A tel point qu’il peut déjà être sacré lors de la 25e des 30 journées. Le 21 mars 1965, les Bruxellois doivent battre le FC Liège au stade Vélodrome de Rocourt pour que le Standard ne puisse plus revenir. “Ce déplacement était toujours compliqué”, se souvient Georges Heylens. “Les Liégeois avaient une bonne équipe et voulaient nous battre pour ne pas qu’on soit champion chez eux.”
Malgré son attaque mitraillette (87 buts dont 24 pour Paul Van Himst), la bande de l’entraîneur corse Pierre Sinibaldi souffre. “On s’était imposé 0-1 de justesse. On avait bu du champagne dans le vestiaire puis on était vite rentré à Bruxelles.”
Avec ce 11e titre, le RSCA rejoint le voisin de l’Union en tête des clubs les plus titrés du Royaume. Des Unionistes qui sont en plus relégués en D2 au terme de cette saison.
1965-1966 au Beerschot
Les derniers 50.000 francs
Avec son duo Paul Van Himst (26 buts et meilleur buteur) et Jan Mulder (21 buts), Anderlecht écrase la compétition. Un petit point lors de la 27e des 30 journées au Beerschot et le Sporting s’assurera un 12e titre. “On avait beaucoup marqué cette saison-là mais on avait souffert au Beerschot”, raconte Georges Heylens. Le RSCA arrache finalement le nul (1-1), le Standard et Saint-Trond ne peuvent plus revenir. Comme lors des précédents titres dans les années 60, les dirigeants versent la même prime à tous les joueurs : 50 000 francs chacun, soit 1 250 euros. “C’était une belle somme à l’époque puisque j’avais un salaire mensuel de 20 000 francs (NdlR : 500 euros). Mais le professionnalisme commençait à arriver dans le foot. Les joueurs ont commencé à demander plus pour rester dans les standards de l’époque. C’est la dernière fois qu’on a reçu cette fameuse prime de 50 000 francs, tout a augmenté dès la saison suivante.”
1973-1974 à Beveren
Ladinszky puni puis défiguré
La nervosité est grande cette saison-là. Le Sporting aurait pu être champion le week-end précédent au Parc Astrid mais n’avait pas pu faire mieux qu’un nul (2-2) contre Malines. Les Bruxellois doivent gagner sur le terrain de Beveren pour éviter d’être dribblés par l’Antwerp ou le RWDM. Pour cette ultime rencontre, ils doivent en plus faire sans leur buteur Ladinszky, puni par Braems après avoir fait la fête jusqu’au bout de la nuit en pleine semaine… “Il y avait Pfaff dans les buts de Beveren mais on s’était imposé facilement 1-4. Rensenbrink avait marqué deux fois”, se souvient Gilbert Van Binst.
La fête est mémorable ce 5 mai 1974. “On a d’abord fait une halte à Saint-Nicolas pour boire un verre dans un café que Paul Van Himst approvisionnait en café puis à l’Hilton de Bruxelles. Ladinszky était venu nous rejoindre. En rentrant chez lui, il avait eu un accident de voiture. Dans les jours qui suivaient, on ne le reconnaissait plus tant il était défiguré.”
1985-1986 et 2009-2010 au FC Bruges
La car quasi dans le fossé
Au bout d’une saison folle, il faut organiser un test-match pour départager Anderlecht et le Club (52 points et 22 victoires chacun). La manche retour se joue à Bruges le 6 mai 86 après le nul (1-1) à l’aller. Pendant longtemps, les Bruxellois se demandent s’ils arriveront à l’heure à cause des bouchons sur la E40. “On a fait la route sur la bande d’arrêt d’urgence et j’ai cru que le car allait tomber dans le fossé”, se souvient Stéphane Demol. Une mésaventure qui explique en partie le départ catastrophique des hommes d’Arie Haan. Menés 2-0 après une demi-heure, ils parviennent à faire leur retard juste avant le dernier quart d’heure où Vandereycken est exclu puis fait scandale en mimant un geste de corruption. Le score ne bougera plus. Les Bruxellois imposent une seconde humiliation aux supporters brugeois 24 ans plus tard en s’imposant 1-2 le 18 avril 2010. “Par respect pour les Brugeois, on n’avait pas sorti le champagne sur leur pelouse”, révèle Guillaume Gillet. “On avait attendu que le car ait démarré pour ouvrir les bouteilles.”
1986-1987 à Berchem
Un thriller et une 2e étoile
Juste après le test-match de 86, le Sporting voit encore le Club comme son principal rival. Erreur : c’est le FC Malines qui embête les Anderlechtois. Il faut attendre la dernière journée pour connaître le champion. Avant cette 34e et ultime journée, Anderlecht et Malines sont à égalité de points (55) et de victoires (24). Bref, un nouveau test-match se profile. Le calendrier est favorable au Sporting qui se déplace à Berchem, lanterne rouge et déjà condamné à la D2. De son côté, Malines doit se déplacer… au Club Bruges qui a encore besoin d’un point pour s’assurer d’un ticket européen. Anderlecht mène rapidement 0-3 tandis que Den Boer place Malines aux commandes à Bruges. On se dirige vers ce fameux test-match mais Bruges, via Marc Degryse et Leo Van Der Elst, renversent la vapeur. Grâce à ce 20e titre, le RSCA devient le premier club belge à avoir le droit de broder une 2e étoile sur son maillot.
1993-1994 et 1994-1995 à Gand
Boskamp, star de la fiesta
Hasard du calendrier : en 93-94 puis en 94-95, Anderlecht a l’occasion deux fois d’assurer son titre à Gand. Deux occasions que les hommes de Johan Boskamp ne loupent pas. “En 93-94, on pouvait s’assurer le titre à l’avant-dernière journée”, raconte Johan Walem. “Si on gagnait à Gand, Bruges ne savait plus revenir. On aurait préféré être champion chez nous comme l’année d’avant mais on ne pouvait manquer cette possibilité.” Le RSCA s’impose finalement 1-2 le 8 mai 1994. Un an plus tard, le suspense est bien plus intense. Avant la dernière journée, Anderlecht, Bruges et le Standard peuvent encore espérer le titre. “Autant dire que notre déplacement à Gand était chaud mais on avait réussi à oublier la pression pour gagner 0-2. Les fêtes en 94 puis en 95 avaient été magnifiques. Avec un Johan Boskamp en star (rires). Il était proche de son groupe et on pouvait vraiment s’amuser avec lui.”