Comment Vanhaezebrouck a remotivé les jeunes à Anderlecht
Depuis son arrivée, l’entraîneur a tout fait pour relancer le centre de formation à Neerpede. Avec un certain succès, même s’il faudra mesurer les résultats à plus long terme
- Publié le 14-12-2017 à 10h02
- Mis à jour le 14-12-2017 à 11h29
Depuis son arrivée, l’entraîneur a tout fait pour relancer le centre de formation à Neerpede. Avec un certain succès, même s’il faudra mesurer les résultats à plus long terme Les premières semaines d’Hein Vanhaezebrouck suscitent encore le débat chez les supporters d’Anderlecht. Certains voient une nette amélioration dans le jeu même si les résultats ne sont pas exactement au niveau espéré tandis que d’autres estiment que la greffe entre le RSCA et l’ancien magicien gantois n’a pas encore pris. S’il y a par contre bien un endroit où tout le monde s’accorde à dire que l’arrivée du nouvel entraîneur est bénéfique, c’est à l’école des jeunes du Sporting.
Joueurs, entraîneurs et accompagnateurs se félicitent de voir un coach qui investit une partie de son temps et de son énergie hors de l’équipe première. Un changement radical par rapport aux anciens entraîneurs qui délaissaient le centre de formation pour se concentrer uniquement sur l’équipe A.
Un changement salvateur aussi pour tous les acteurs de l’école des jeunes. Petit à petit, en constatant le manque d’intérêt du sommet de la pyramide, une certaine démotivation s’était installée ces derniers mois. Comme si les quatre lettres RSCA étaient uniquement celles de l’équipe première pendant que le FC Neerpede jouait ses matchs à part le samedi après-midi.
Cette séparation, Vanhaezebrouck l’a directement remarquée en débarquant au Sporting. Il a compris que l’une de ses missions serait de rapprocher le RSCA du FC Neerpede. Pour cela, il a utilisé différentes méthodes au fil des semaines.
Suivre personnellement les matchs U21
Courant octobre, les Espoirs anderlechtois ont été surpris en regardant le bord du terrain synthétique de Neerpede : Hein Vanhaezebrouck était là pour suivre leur match. Ils n’avaient jamais connu ça, habitués à avoir les adjoints de Besnik Hasi puis de René Weiler comme spectateurs de marque. Dès son arrivée, Vanhaezebrouck a décidé de suivre lui-même les U21. À chaque rencontre, il est là et il regarde tout attentivement. Une présence qui motive des gamins. Ou plutôt : qui les remotive…
Intégrer dès que possible des jeunes à l’entraînement
Rapidement, Vanhaezebrouck a décidé de faire un pas supplémentaire vers les jeunes. En plus de suivre les rencontres des U21, il a commencé à inviter les plus méritants aux entraînements de l’équipe première. Les lendemains de matchs de l’équipe A, quand les titulaires restent en général à l’intérieur pour des soins, Vanhaezebrouck est sur le terrain en compagnie du reste de son noyau complété par des jeunes. Pareil durant les semaines internationales où son groupe est amputé de plusieurs éléments. Avec son staff, il a ainsi pu noter le comportement de ses jeunes invités confrontés à un niveau plus élevé.
Prendre des jeunes sur son banc chez les A
Le noyau de l’équipe première d’Anderlecht n’est pas immense, surtout au vu des nombreuses rencontres disputées durant ce premier tour. Quand les blessés ont commencé à s’accumuler, comme lors du déplacement à Mouscron, Vanhaezebrouck a convoqué deux jeunes à faire le déplacement : les défenseurs Dante et Cools. Pareil en Ligue des Champions contre le Bayern où Sambi Lokonga (le petit frère de Paul-José Mpoku) était assis sur le banc. Rien d’incroyable quand l’infirmerie est pleine, direz-vous ? Pourtant si. Il est arrivé que le Sporting n’écrive que 16 ou 17 noms sur la feuille de match avant l’ère Vanhaezebrouck. Le groupe n’était pas complété par des gamins. Weiler estimait qu’il n’avait pas besoin de sept remplaçants, quatre ou cinq lui suffisaient. Son successeur estime, lui, que c’est une manière de faire découvrir le monde professionnel aux jeunes.
S’intéresser de près aux jeunes Africains
Le défenseur central malien Dante, l’attaquant ghanéen Dauda, le milieu offensif ivoirien Cyriack, le milieu offensif congolais Kayembe et le milieu guinéen Loua (en Belgique depuis plus longtemps) : le Sporting a misé sur plusieurs grands talents africains ces derniers mois. En découvrant cela, Vanhaezebrouck était heureux : il aime travailler avec les jeunes Africains. Il l’a souvent démontré à Courtrai puis à Gand. Parmi ces joueurs, plusieurs lui ont déjà tapé dans l’œil. Ils ne sont pas encore prêts directement pour l’équipe A mais il veut les aider à progresser.
Collaborer étroitement avec Emilio Ferrera
Hein Vanhaezebrouck et l’entraîneur des U21, Emilio Ferrera, échangent beaucoup. Le nouvel entraîneur du RSCA est heureux de pouvoir discuter football avec un collègue qui a connu les bancs de première division pendant vingt ans. Ensemble, ils veulent résoudre un problème qui a trop souvent empêché les jeunes talents de franchir l’étape entre les Espoirs et l’équipe A : la post-formation. Trop souvent dans le passé, les espoirs ne s’amélioraient plus une fois en U21. La faiblesse du championnat mais aussi le manque de perspectives finissaient par les démotiver. De grandes promesses en U17 et U19, les gamins finissaient par se voir accrocher l’étiquette d’éternels espoirs au sein du club. Un gâchis dont Vanhaezebrouck et Ferrera ne veulent plus.
Organiser un stage commun au soleil
Pour rapprocher le centre de formation et l’équipe première, Vanhaezebrouck voulait aussi un geste fort. Quelque chose d’unique même. Avec Emilio Ferrera et Gunter Van Handenhoven, le team manager de l’équipe A, il a ainsi imaginé un double stage hivernal. Pour la toute première fois en Belgique, l’équipe U21 partira en stage avec l’équipe première. Ce sera à La Manga en Espagne du 5 au 12 janvier. Les modalités exactes doivent encore être fixées mais les jeunes auront l’occasion de s’entraîner à plusieurs reprises avec tout le noyau A. Cela permettra aux promesses de se mesurer aux meilleurs Anderlechtois et de mesurer l’écart qu’il reste encore à combler pour un jour jouer à leur place au stade Constant Vanden Stock, bien loin du synthétique de Neerpede.
Parmi la direction d’Anderlecht, on estime que trop peu de jeunes du centre de formation ont atteint l’équipe première, malgré un investissement conséquent à Neerpede.
Seuls les "super talents" ont su se faire une place. Les dirigeants veulent maintenant que les "simples talents" puissent aussi percer, comme c’est le cas depuis longtemps à l’Ajax, par exemple.
On ne peut pas donner tort aux boss du Sporting quand on regarde les chiffres de la Youth League. Anderlecht a participé à toutes les éditions de cette Ligue des Champions U19 créée en 2013. En ne comptant pas la saison actuelle, le RSCA a utilisé 49 joueurs. Et seuls… 8 ont disputé au moins une minute avec l’équipe première dans un match officiel : Dendoncker, Kawaya, Leya Iseka, Bastien, De Medina, Van Camp, Lukebakio et Sowah. On peut ajouter 4 joueurs qui ont été membres de l’équipe A mais sans jamais jouer (Svilar, Matthys, Faes et Delcroix).
Ce qui est beaucoup trop peu évidemment, même quand on ajoute ceux qui ont joué en équipe A d’un club pro : Mangala (Stuttgart), Omeonga (Genoa), Soumaré