Bornauw: "Mon premier club, c’est le Wydad Casablanca !"
- Publié le 17-08-2018 à 06h42
Révélation du Sporting en défense, Sebastiaan Bornauw nous raconte son étonnant parcours dans sa première interview Pendant les vingt premières minutes, il a attendu sagement à la table des conférences de presse; la parole était donnée en premier lieu à Hein Vanhaezebrouck. Se contentant juste de hocher la tête en signe d’approbation quand le coach évoquait les points faibles que son jeune défenseur central devait encore travailler. Puis ce fut enfin à son tour. Une toute première interview pour Sebastiaan Bornauw, 19 ans et deux matches de Pro League au compteur. Autant l’écrire tout de suite : il a aussi bien réussi ses débuts médiatiques que sa grande première sur la pelouse de Courtrai, il y a trois semaines. Avec le même calme et la même maîtrise.
Sebastiaan, doit-on vous poser les questions en français ou uniquement en néerlandais ?
(Dans un français sans accent) "Comme vous voulez."
Vous êtes originaire du Brabant flamand et vous étiez dans une école secondaire néerlandophone. D’où vient ce si bon français ?
"Je n’ai pas toujours habité en Belgique. Je suis né ici mais j’ai aussi vécu à Paris et à Casablanca grâce au travail de mon papa (NdlR : il est employé dans la multinationale Unilever). De 4 ans à 6 ans en France, puis de 6 ans à 8 ans au Maroc. J’allais à l’école en français à cette époque. C’est à Casablanca que j’ai commencé le foot, au Wydad (NdlR : le club le plus titré d’Afrique du Nord)."
C’était comment ?
"Très différent d’Anderlecht. Le coach nous donnait quatre cônes, tu fais deux goals et tu joues. Ça se limitait à ça (rires). Mais on était encore très jeunes, évidemment. Puis on est rentrés en Belgique et j’ai rapidement joué pour Anderlecht. J’entame ma dixième saison au RSCA."
Comment jugez-vous vos débuts chez les pros ?
"J’ai essayé de faire mon truc. Contre Charleroi, j’ai déjà senti que c’était un niveau supérieur. Ça va beaucoup plus vite, il faut faire attention à toute une série de choses. Tu sens que tu affrontes des hommes avec plein d’expérience. Ils sont rusés."
Comme quoi ?
"Chez les jeunes, c’est homme contre homme avec des duels en général. Rezaei de Charleroi partait toujours dans les espaces et c’est bien plus difficile à défendre. Je dois encore apprendre les petits trucs."
Votre agent peut vous y aider !
"Oui, c’est Daniel Van Buyten (sourire). On travaille ensemble depuis deux ans, je pense. Avant, ma famille et moi ne voulions pas vraiment de gens autour de nous."
C’est rare dans le football d’aujourd’hui.
"Oui, c’est vrai. Mais je suis bien entouré à la maison. Mon papa n’est pas un grand connaisseur de foot mais il a toujours été là pour m’épauler et me garder les pieds sur terre."
Vous deviez être le seul joueur sans agent dans le vestiaire chez les jeunes d’Anderlecht.
"Oui (rires). Mais bon, j’avais mon papa qui m’aidait. À un moment, on s’est quand même dit que ce serait utile d’avoir un agent. Un peu par hasard, on a rencontré Daniel et ça s’est tout de suite bien passé. J’ai senti que c’était quelqu’un d’honnête et que je pouvais lui faire confiance."
Il vous donne des conseils ?
"J’apprends beaucoup de choses avec le staff ici, à Anderlecht, mais Daniel va parfois encore plus loin dans les détails. Il a l’expérience des grands clubs européens. Il me dit quand j’aurais pu faire mieux, on revoit des images ensemble."
Votre entraîneur au RSCA est aussi un ancien défenseur.
"Oui, je suis entouré d’ex-défenseurs (sourire). Mais je n’ai jamais vu un de ses matches. On m’a dit qu’il savait donner de très bonnes passes (Vanhaezebrouck rigole)."
Et comme coach, il est comment ?
"Assez sévère et j’aime ça."
Vanhaezebrouck intervient : "Ça existe donc des joueurs qui aiment la sévérité (rires)."
Où devez-vous encore progresser ?
"Dans mon placement. Je dois aussi apprendre à être plus rusé mais ça viendra avec le temps. Dans des vidéos, le coach m’a aussi montré que je n’étais pas toujours assez concentré à certains moments, notamment sur des rentrées en touche adverses."
Il faut dire que vous étiez attaquant jusqu’à vos 14 ans.
"Oui, je suis passé en défense à ce moment-là. J’avais bien compris que je n’avais pas d’avenir devant. Je courais partout, je gagnais mes duels et, avec ma vitesse, je pouvais faire mal. Mais plus tu avances chez les jeunes et plus les joueurs deviennent forts. C’était clair que ma place était en défense centrale."
Mais en équipe nationale, vu la densité de talents en défense centrale, vous étiez back droit.
"Oui, ça m’a permis de progresser. J’ai appris à jouer plus offensivement et à gérer mes efforts. Au début, je montais sans arrêt et au bout de 60 minutes, j’étais cuit. Je suis en tout cas très fier de faire partie d’une génération comme ça."
L’un de vos coaches en équipe nationale s’appelait Gert Verheyen et il a essayé de vous attirer à Ostende en prêt cet été.
"Oui, j’ai réfléchi à cette possibilité. J’avais envie de jouer. C’est plus dur ici mais je me suis dit que je devais attendre, voir ce que je pouvais recevoir en restant à Anderlecht. Le coach m’a aussi donné confiance en me téléphonant pendant mes vacances pour me dire qu’il comptait sur moi."
Votre contrat prend fin l’été prochain. Les négociations pour une prolongation ont-elles déjà débuté ?
"Je sais qu’Anderlecht a déjà parlé d’une prolongation mais je reste en dehors de tout ça. Je laisse ça à Daniel et à mon papa. Moi, je dois d’abord me concentrer sur mes matches."