Anderlecht: Tout est-il vraiment si mauvais actuellement au pays des Mauves?
- Publié le 13-12-2017 à 07h00
- Mis à jour le 13-12-2017 à 07h03
L’ambiance autour du club le plus titré du pays n’a jamais été aussi mauvaise qu’aujourd’hui. Comme si Anderlecht n’était plus que l’ombre de lui-même. Mais cela peut changer si on ajoute juste une dose d’optimisme dans la formule actuelle Rien ne va plus au RSCA. En quittant le stade dimanche soir après la septième défaite d’Anderlecht à domicile cette saison (un record historique à ce moment de l’année), beaucoup de supporters avaient le sentiment que tout allait mal dans leur Sporting. Pas de jeu, pas de point, pas d’attaquant, pas de technique, pas de billard et même pas de stade plein… On n’avait jamais connu une ambiance aussi morose autour du club le plus titré du royaume. Mais tout est-il vraiment si mauvais actuellement au pays des Mauves ? Ou alors s’agit-il plutôt d’un concours de circonstances ?
1) Mêmes résultats que Bruges depuis l’arrivée d’HVH
Le core business d’un club football, c’est le terrain. C’est ce qui détermine l’ambiance globale de toute l’entreprise. De bons résultats dans les départements marketing, communication et autres n’arriveront jamais à compenser une défaite sur la pelouse. Et le core business du RSCA n’est pas florissant ces dernières semaines. Élimination en Coupe contre le rival du Standard, élimination en Coupe d’Europe où l’unique victoire à Glasgow n’aura été qu’une agréable mais courte parenthèse et potentielle élimination de la course au titre en cas de revers dimanche à Bruges (selon les propres mots de Vanhaezebrouck). Le tout sous les ordres de trois entraîneurs différents en cinq mois à peine. C’est clair : Anderlecht ne vit pas la meilleure première partie de saison de son histoire.
Il serait pourtant possible de lire cette grille de résultats avec un brin d’optimisme. Anderlecht prend plus de points depuis l’arrivée d’Hein Vanhaezebrouck. Sur les neuf matchs de championnat disputés, le Sporting a réalisé un 19 sur 27 plutôt correct. Dans le même temps, Bruges ne prenait qu’un point de plus, Charleroi un point de moins. Bref, le rythme de croisière est identique même si l’écart reste de dix points entre les Blauw en Zwart et les Mauves. Avant une seconde partie de saison où le RSCA n’a plus que le championnat comme objectif et où la division des points viendra redistribuer les cartes mi-mars, rien n’est donc perdu finalement.
2) Un stage et un mercato avant de juger cette équipe
Pourtant, peu de supporters tiennent ce raisonnement à l’heure actuelle. Comme s’ils préféraient Johnny Hallyday à Édith Piaf : Noir, c’est noir plutôt que La Vie en rose. Ce pessimisme ambiant tient à un autre aspect important, lui aussi élément fort du core business : le jeu. Depuis le début de la saison, les matchs qui ont fait vibrer les fans se comptent sur les doigts d’une main. Et ils se déroulaient en général à l’extérieur (Malines et le Celtic). À domicile, le jeu a rarement été enthousiasmant.
La faute à qui ? Au recrutement de joueurs trop moyens ? Aux joueurs incapables de se mettre au niveau attendu ? À l’entraîneur qui ne parvient pas à griffer l’équipe comme il voudrait ? Et si ce n’était aucune de ces trois raisons ? Vanhaezebrouck est arrivé dans la période la plus dense de la saison et n’a pas encore pu travailler comme il le voulait. Il a hérité d’un groupe dont il n’avait pas tracé les contours. Et beaucoup d’Anderlechtois actuels ont déjà fait leurs preuves à haut niveau en remportant le titre l’an passé tout en atteignant les quarts de finale en Ligue Europa. Ce qu’il manque à ce RSCA by Vanhaezebrouck, c’est une préparation au calme et un mercato. Cela tombe bien : le stage à La Manga approche aussi vite que l’ouverture du marché hivernal. Ce Sporting pourra ensuite être vraiment jugé.
3) Bientôt un nouvel outil de travail
Rendez-vous donc le dimanche 21 janvier à Genk pour la véritable première. Et le mercredi 24 janvier sera encore plus attendu. Pour leur première à domicile en 2018 contre Waasland-Beveren, les Anderlechtois joueront sur une nouvelle pelouse. Un détail ? Pas vraiment. Si les hommes de Vanhaezebrouck ont disputé leur meilleur match sur le billard du Celtic Park, ce n’est pas un hasard. Le gazon dense et finement coupé permet aux joueurs de développer le jeu basé sur les passes rapides voulu par leur entraîneur.
Contre Eupen et Gand, les deux derniers matchs à domicile en 2017, les Mauves devront encore se farcir le champ de patates indigne de la première division qui tapisse le stade Constant Vanden Stock actuellement. Une surface qui avantage toujours l’équipe qui vient défendre. Cela peut paraître anodin mais la nouvelle pelouse risque d’être l’un des meilleurs transferts du mercato au RSCA.
4) Un public difficile parce qu’inquiet pour l’avenir
Du beau gazon, des joueurs et un coach mis sur la même longueur d’onde pendant la préparation hivernale et même quelques transferts : ces différentes perspectives suffiraient en général à rendre le sourire à la majorité des supporters anderlechtois. Mais pas cette fois. Dans les tribunes et sur les réseaux sociaux, la morosité semble plus profonde.
Il suffit d’assister à un match pour s’en rendre compte. Plus que les sièges vides, ce sont les réactions des supporters qui sont significatives. Deux contrôles ratés suffisent à un joueur pour être pris momentanément en grippe. Pas de quoi mettre l’équipe dans les bonnes conditions pour tenter un geste compliqué.
Faut-il donc mettre le public dans la colonne des responsables de cette ambiance morose ? Non, il en est plutôt la première victime, fatigué de payer (cher) pour ne pas voir grand-chose et de souvent rentrer chez lui avec une défaite (7 fois sur 13 rencontres à domicile cette saison). Mais tout n’est pas à mettre sur le dos du sportif cette fois. Les fans ont l’impression que leur RSCA est malade aussi dans les hautes sphères du club.
5) Le rachat fait peur mais peut aussi être salvateur
En plus du terrain, il faut donc aussi jeter un œil dans la tribune d’honneur pour comprendre la frustration du public. Là où les dirigeants, les administrateurs et les membres influents n’ont plus qu’un seul mot à la bouche ces derniers mois : argent. Le futur rachat du RSCA inquiète toutes les tranches du club. Le dossier reste flou jusqu’à présent mais il y a une certitude : la fin de l’ère Vanden Stock est proche.
Même au plus profond de certaines crises, le président est resté populaire, perpétuant la tradition des titres à Anderlecht. Et après ? Personne ne le sait. Le club tombera-t-il dans les mains d’un homme d’affaires qui aura l’ambition de faire grandir le Sporting en lui donnant un nouveau souffle ? Ou un investisseur se servira-t-il du RSCA à des fins personnelles ?
À Bruges, le changement de propriétaire a mis du temps à se mettre en place avant que Preud’homme n’offre un titre à Verhaeghe. Et au Standard, Duchâtelet puis Venanzi n’ont pas encore connu la gloire de l’ancienne direction. Tout cela a de quoi inquiéter un public qui était rassuré par l’image traditionnelle que renvoyait la famille Vanden Stock. Comme une impression que l’ère du foot-business va vraiment débuter à Anderlecht. Cette ère a pourtant débuté depuis quelques années déjà, notamment depuis l’arrivée d’Alexandre Van Damme au club.
Alors oui, les fêtes de fin d’année 2017 ne s’annoncent pas mémorables à Anderlecht, 2018 sera un virage important pour le club.
D’abord dans sa saison sportive puis dans sa politique générale à plus long terme. Le sentiment de méfiance est justifié mais c’est surtout la patience qui doit être de mise aujourd’hui. Et les dirigeants savent que le club ne pourra repartir du bon pied qu’avec des résultats convaincants dans la manière. Encore et toujours ce core business.