Anderlecht a perdu son côté humain: pourquoi Sanneh ne s’adapte pas
Anderlecht a sauvé son premier tour en battant dix Gantois et en atteignant le cap de 30 points. Pourtant, presque personne ne croit au titre.
- Publié le 14-11-2018 à 08h31
- Mis à jour le 14-11-2018 à 22h10
Anderlecht a sauvé son premier tour en battant dix Gantois et en atteignant le cap de 30 points. Pourtant, presque personne ne croit au titre.
La majorité des transferts ne répond pas aux attentes. Bubacarr Sanneh - l’homme aux 8 millions - en est le meilleur exemple. "Il lui a fallu 2,5 mois pour s’adapter au Danemark, mais il est devenu le meilleur défenseur du pays", dit Jess Thorup, l’entraîneur de La Gantoise, qui était son coach à Midjylland. Jusqu’à présent, son adaptation à la Belgique, à la pression et au style de jeu de Hein Vanhaezebrouck n’est pas un franc succès.
Tout au long de notre voyage en Turquie, Bubacarr Sanneh nous a donné l’impression d’être malheureux. Des sources nous confirment qu’il est perdu dans son nouvel environnement. Depuis cette saison, Anderlecht suit une nouvelle politique au niveau de l’accompagnement personnel et du coaching des joueurs du noyau A. La devise de Marc Coucke : les agents sont bien payés quand ils font signer leurs joueurs, ils n’ont donc qu’à s’occuper de leur accompagnement. Voilà pourquoi le Sporting a restructuré plusieurs services.
1. La cellule sociale décimée.
Ils étaient cinq du service social - Jan Verlinden, Jean-François Lenvain, Eneo Xhemalaj, Mila Djelosevic et jadis Robert Steeman - à suivre les joueurs du noyau A pratiquement 24 h sur 24 et 7 jours sur 7, donc pas seulement à Neerpede. L’ancienne direction avait développé la cellule pour que les (jeunes) joueurs puissent plus facilement s’adapter au club. Surtout les Africains, qui proviennent d’une tout autre culture, doivent beaucoup à la cellule de Lenvain. En 2009, Cheikhou Kouyaté était le premier à avoir profité de ce système mis sur pied par Anderlecht. Depuis cette saison, la cellule fortement décimée ne s’occupe plus que du centre de formation. Verlinden, lui, est le seul coach personnel des U18 et U21. Les team managers Tom Colpaert et Gunter Vanhandenhoven s’occupent de la logistique des joueurs du noyau A.
2. Arrêt du partenariat avec le restaurant Bella Vita
Une autre facilité proposée aux joueurs : les logements dans onze studios et les repas proposés par le restaurant italien Bella Vita, situé à 100 m du centre d’entraînements. Pour des raisons financières, ce partenariat a été rompu. Or les joueurs s’y sentaient chez eux. Gino, le patron, était plus qu’un chef de cuisine. Ils lui racontaient des choses en confiance, Gino jouait le rôle de père de famille. Aujourd’hui, les jeunes joueurs logent dans les studios de l’ancien Aparthotel Erasme, où ils doivent se débrouiller dans leur propre cuisinette. La nutritionniste du club a moins de contrôle sur ce qu’ils mangent. À l’époque, elle travaillait en collaboration directe avec La Bella Vita.
3. Départ de Papy Leroy, responsable des voitures
Si le restaurateur Gino était le papa des joueurs, Pierre Leroy était leur papy. Leroy était responsable du parc de voitures de leasing. Il réglait tous les soucis avec le sourire et un clin d’œil. Son âge (79 ans cette année) ne gênait aucun joueur, que du contraire. À la fin de la saison passée, il a été viré, comme deux autres employés jugés trop âgés. Maintenant, les joueurs reçoivent un rendez-vous et doivent se déplacer eux-mêmes. Côté immobilier et administrations, Anderlecht travaille avec la société Team Relocation. Mais là aussi, toutes les relations sont plus froides.
Conclusion : en faisant des réformes, Anderlecht a sous-estimé l’aspect humain. Les restructurations mentionnées ci-dessus n’expliquent évidemment pas tout - les qualités techniques, physiques et tactiques du joueur sont primordiales - mais des footballeurs sont comme des voitures de Formule 1 : chaque élément doit être réglé à la perfection, parce que le moindre pourcentage peut faire la différence. Un joueur qui a des soucis parce qu’il doit régler des choses personnelles lui-même - tous les agents ne prennent pas tous le temps de les suivre au quotidien - ne peut pas prester comme il le faut. Si Marc Coucke fait le tour des Légendes du club pour savoir où il s’est trompé, il pourrait déjà noter d’avance dans son calepin le manque de coaching personnel. Parce qu’entre-temps, Sanneh ne vaut plus qu’un dixième de ses 8 millions. Et encore…