Witsel: "Je ne vois pas où est le problème de jouer en Chine"
Axel Witsel est lassé des questions sur son niveau de jeu après son transfert à l’autre bout du monde.
- Publié le 30-05-2018 à 06h51
- Mis à jour le 30-05-2018 à 10h57
Axel Witsel est lassé des questions sur son niveau de jeu après son transfert à l’autre bout du monde. Axel Witsel cultive les paradoxes : une nouvelle coupe de cheveux, une nouvelle préparation pour la Coupe du monde mais un grand conservatisme dans son rôle au cœur de cette équipe nationale.
Encore une fois, le médian liégeois sera l’un des pions inamovibles du onze de base lors d’un grand tournoi mais, cette fois, sa position et même sa présence dans la liste de Roberto Martinez ont été remises en question par une partie du public. Le joueur pâtit de son déménagement en Chine et de l’absence de Radja Nainggolan, qui évolue dans un registre plus ou moins similaire au sien. Ce débat, il donne le sentiment de le lasser car il commence tout doucement à s’éterniser.
Axel, avez-vous stressé au moment de l’annonce de la liste du sélectionneur ?
"J’ai toujours été quelqu’un de cool et j’essaye de le rester. J’ai tout le temps été repris mais bon, certains ont souvent été présents mais ne le sont pas aujourd’hui. J’ai suivi l’annonce du coach à la télévision mais je n’ai pas spécialement stressé."
Pourtant, votre présence est critiquée par une partie de l’opinion publique, qui prétend que votre niveau a chuté depuis votre transfert en Chine.
"C’est un peu saoulant (sic) d’entendre tout le temps la même question, d’autant que je ne suis pas le seul dans cette position. Au Brésil, Paulinho était sélectionné avant son départ au Barça et Renato Augusto a été repris alors qu’il évolue à Beijing Guoan. L’important est de rester en forme. Le championnat chinois n’offre simplement pas suffisamment d’intensité mais quand on travaille sur le côté, je ne vois pas où se situe le problème."
Comment peut-on travailler cet aspect ?
"Chaque fois que je reviens en Belgique, je bosse un petit peu plus que les autres, notamment grâce à des exercices courts que je répète énormément."
Êtes-vous attristé par ce manque de reconnaissance ?
"Non, je ne suis pas frustré d’être dans l’ombre. Cela fait déjà plusieurs années que c’est le cas et cela ne me pose pas le moindre problème. C’est vrai qu’on voit davantage ceux qui marquent ou donnent des assists mais ce n’est pas mon rôle sur le terrain. Moi, je suis simplement heureux de venir en équipe nationale, c’est toujours une immense fierté."
Les critiques sont essentiellement dues à l’absence de Radja Nainggolan.
"Sincèrement, quand le coach a donné sa sélection, j’ai décidé de ne plus aller sur les réseaux sociaux. J’ai préféré profiter de ces moments avec ma famille et mes amis. J’ai fait abstraction de tout cela."
Mais comprenez-vous ce débat ?
"C’est un milieu de terrain et moi aussi. Je joue en Chine, mais cela nous ramène au débat sur mon niveau de jeu. Mais, selon moi, il n’y a pas de débat car je joue plus devant la défense et lui a évolué plus offensivement ces derniers temps."
Ce qui est surtout frappant, c’est que chaque sélectionneur vous donne beaucoup de confiance. Comment l’expliquez-vous ?
"Cela ne m’empêche pas d’être tout le temps critiqué… Peu importe le coach, j’essaye de donner le maximum de moi-même. Je suis un garçon intelligent sur et en dehors du terrain et tactiquement, je peux facilement m’adapter à ce qu’on me demande. Je sais que je ne suis pas le plus rapide mais j’essaye de rendre la confiance qu’on me donne sur le terrain. Et puis, j’ai une bonne mentalité et au niveau discipline, je ne suis pas olé, olé (sic)."
On dit aussi que votre profil, c’est-à-dire quelqu’un qui reste devant la défense, est unique dans ce noyau.
"J’essaye de m’adapter à ce que le coach attend de moi. Si je suis le médian le plus défensif, je ne vais pas commencer à m’aventurer devant mais j’essayerai d’être bien positionné pour casser les contre-attaques adverses. Nous avons déjà beaucoup de joueurs portés vers l’avant et je tente donc de garantir cet équilibre entre l’attaque et la défense. Et cette position juste devant les défenseurs est la meilleure pour moi, à mes yeux."
"Un transfert est possible"
Il ne ferme pas la porte à un départ de Tianjin Quanjian après le Mondial
Pour le moment, Tianjin Quanjian ne réalise pas une bonne première partie de saison avec une dixième place au bout de onze journées de compétition. Mais le club d’Axel Witsel réalise des prouesses sur la scène continentale avec une place en quarts de finale de la Ligue des Champions asiatique. Une compétition que le Liégeois apprend à connaître. "Je pensais qu’il y aurait la même musique qu’en Europe mais ce n’est pas le cas", sourit-il. "C’est une belle expérience pour moi car cela me permet de jouer contre des formations japonaise et coréenne. L’intensité et la vitesse du jeu y sont plus importantes qu’en championnat. Par exemple, nous avons couru nonante minutes derrière le ballon contre les Coréens de Kashiwa Reysol mais nous avons pris un point dans les dernières minutes (1-1). Je ne dirais pas que notre parcours est un miracle mais ce n’est que notre première participation à cette compétition et nous n’avons pas vraiment un noyau pour jouer sur les trois tableaux. Ce qui explique notre début de championnat compliqué."
Axel Witsel évolue en Chine depuis un an et demi. Il a appris à apprécier ce nouveau monde, même si le football européen lui manque de temps à autre. "Je pense notamment à l’échauffement. Cela peut sembler être un détail mais en Europe, les stades sont déjà plein et l’ambiance est chaude. Cela permet de monter en puissance et d’avoir vraiment envie que le match commence. Cela a été le cas lors de notre dernier match de Champions League contre Guanghzou et c’était vraiment agréable."
Malgré tout, il n’a pas rangé son ambition de revenir, un jour, sur le Vieux Continent. "Un transfert est possible. Il me reste un an et demi de contrat avec Tianjin Quanjian mais cela dépendra aussi de notre parcours en Russie. Mais je n’ai jamais fermé aucune porte…"
"La D1 Belge est trop facile pour Carcela"
Durant les playoffs, Axel Witsel n’a cessé d’afficher son soutien pour le Standard. Et il a même suivi plusieurs rencontres en direct depuis l’autre bout du monde. "J’ai une box à la maison qui me permet de suivre le Championnat. J’étais devant ma télévision pour les matches à Bruges et contre Genk. Les autres rencontres, c’était plus difficile car il était déjà 2 h 45 du matin chez moi", précise-t-il.
Cette fin de campagne liégeoise ressemblait à celle vécue par le médian liégeois en 2011, lorsque le Standard avait gagné huit de ses dix matches de playoffs. "Il y a quelques similitudes, en effet. Nous avions été très mauvais durant la phase classique et nous avions pratiquement remonté tout le monde en playoffs. Mais, cette année, on ne peut pas enlever le titre à Bruges, qui a été très constant durant l’ensemble de la saison."
Son ami Mehdi Carcela, avec qui il a suivi sa formation en bord de Meuse, a failli tout faire basculer. "C’est un joueur qui peut faire la différence à tout moment. Il a été très fort en playoffs, même moi je lui ai dit d’arrêter (sourire) . J’ai l’impression que le Championnat belge est un petit peu trop facile pour lui mais ce retour en Belgique, avec ses proches, lui a fait du bien."