Un record mais surtout une grosse inquiétude

Vendredi soir, les Belges jouaient avec trois défenseurs : un joueur d'un club qui n'est pas qualifié pour les playoffs de MLS aux États-Unis, un joueur d'un club écossais et le réserviste du réserviste au FC Barcelone. Faut-il vraiment s'étonner d'avoir vu la dernière ligne des Diables patauger dans le guacamole face à des Mexicains aussi doués et remuants ? Non, évidemment. Faut-il s'en inquiéter à sept mois de la Coupe du Monde ? Oui, clairement...

Nous avons actuellement trois défenseurs de classe internationale en sélection : Kompany, Alderweireld et Vertonghen. On aurait pu ajouter Vermaelen s'il n'était pas aussi loin dans la hiérarchie au Barça, le privant d'un précieux temps de jeu. L'absence d'un de nos trois grands arrières peut encore passer inaperçue mais pas plus. Et quand aucun des trois n'est là comme ce vendredi, c'est carrément la catastrophe.

Malgré beaucoup de bonne volonté, Ciman est plusieurs crans en dessous. Boyata a fait une première mi-temps correcte mais a montré ses limites après la pause, comme quand il s'est fait rouler comme un burrito sur le deuxième but mexicain par Lozano, l'attaquant du PSV. A quasi 27 ans, on peut plus s'attendre à une forte progression du joueur du Celtic. Pareil pour Kabasele, un an plus jeune, mais qui mérite tout de même une vraie chance en équipe nationale au vu de son début de saison à Watford.

Il y a encore la solution Dendoncker mais il est meilleur un cran plus haut et n'a de toute manière pas encore vraiment lancé sa saison à Anderlecht. Bref, il y a de quoi s'inquiéter. On ne sait pas si Roberto Martinez est croyant mais un cierge allumé dans un lieu de culte quelconque ne serait peut-être pas de trop pour s'assurer de la bonne santé de Kompany, Alderweireld et Vertonghen cet été...

Le sélectionneur a heureusement quelque chose de plus sûr qu'une bougie sous la main : une attaque de feu. Avec un Hazard des grands soirs, les Belges ont réussi à éviter la défaite. Le joueur de Chelsea a pratiquement tout réussi, jusqu'à écœurer les Aztèques qui ont parfois tenté de le hacher sur la pelouse. Son accélération sur le premier but était fantastique et méritait à elle seule les bouchons du ring et le froid piquant du mois de novembre.

Et les Diables n'ont pas qu'un numéro 10 de génie, ils peuvent aussi compter sur un finisseur de top niveau. Avec un doublé, à chaque fois sur une offrande d'un Mertens très bien monté au jeu, Lukaku a arraché le match nul mais a surtout rejoint les meilleurs buteurs belges de l'histoire en équipe nationale. Voorhof et Van Himst ne sont plus seuls à 30 buts. Et quand on sait que l'attaquant de Manchester United n'a que 24 ans, on se dit qu'il se retrouvera très vite seul au sommet. Sans doute pour très longtemps. Une sacrée performance pour un joueur qui a si souvent été critiqué en Belgique.

Cette défense à la rue et cette attaque à la pointe ont permis d'assister à un spectaculaire match nul au Heysel mais cela ne pardonnera pas à la Coupe du Monde. Même si ce Mexique est une très jolie équipe, les Belges devront battre des sélections plus fortes s'ils veulent attendre le dernier carré en Russie, l'objectif avoué de la fédération. La meilleure attaque d'un grand tournoi ne remporte pas toujours la compétition. La meilleure défense est par contre quasi toujours synonyme de titre final. A méditer jusqu'au printemps et la prochaine rencontre des Diables...

Belgique : Courtois ; Ciman, Boyata, Vermaelen ; Meunier, Witsel, Tielemans (46e Dembélé), Chadli ; De Bruyne (46e Mertens), R. Lukaku (88e Origi), E. Hazard (85e T. Hazard)

Mexique : Ochoa ; Salcedo, Araujo, Moreno, Layun ; Reyes (59e Alvarez, 89e J. Dos Santos), Guardado (69e Damm), Herrera ; Vela (59e G. Dos Santos), Chicharito (51e Jimenez), Lozano (90e Aquino)

Les buts : 17e E. Hazard (1-0), 38e Guardado sur pen. (1-1), 55e R. Lukaku (2-1), 56e Lozano (2-2), 60e Lozano (2-3), 70e R. Lukaku (3-3)

Avertissements : Ciman, Reyes

Arbitre : M. Mazzoleni (Ita)