Un jour, un Diable: Lukaku, le tank d'Anvers
S’il a explosé au grand jour lors des tests-matches opposant le Standard à Anderlecht, Romelu Lukaku impressionnait déjà dans les classes de jeunes. Plongeon dans la prime jeunesse de Romelu Lukaku avant qu’il ne débarque chez les Mauves.
- Publié le 16-06-2014 à 17h09
- Mis à jour le 17-06-2014 à 13h21
S’il a explosé au grand jour lors des tests-matches opposant le Standard à Anderlecht, Romelu Lukaku impressionnait déjà dans les classes de jeunes. Plongeon dans la prime jeunesse de Romelu Lukaku avant qu’il ne débarque chez les Mauves. Non, Romelu Lukaku n’est pas né avec une telle carrure. D’ailleurs, lors de toutes ses années chez les jeunes de plusieurs clubs de la province d’Anvers, il faisait office de grande bringue maigrelette. "C’était même le plus maigre de l’équipe ", expliquait Glenn Van Acoleyen, son entraîneur chez les minimes de Wintam. " Mais il était aussi le plus athlétique."
Si la largeur d’épaule n’y était pas encore, la hauteur était bien présente. Tous ses coaches chez les jeunes l’ont d’ailleurs affirmé : "Heureusement qu’il était né à Anvers et pas en Afrique." Car tous les adversaires demandaient sa carte d’identité. "Lorsqu’ils constataient son âge (NdlR : il était souvent surclassé), ils devenaient blêmes…. Ou alors ils lançaient des remarques racistes" , explique Steve De Buyser, un ancien entraîneur de Wintam. "Un jour, les remarques ont été trop loin et j’ai sorti Romelu et calmé Roger."
Avant d’atterrir à Wintam, club de P2 à l’époque, suite à un déménagement, Romelu Lukaku a fait ses armes dans la cour de récréation de son école de Ruisbroek. "Quand la sonnette annonçait la pause, son visage s’illuminait car il pouvait aller jouer au football dans la cour" , lâche Griet De Neef, son institutrice en 2e maternelle. " Il était le seul garçon de l’école gardienne qui pouvait participer aux matches des élèves de primaires. Il shootait dans tout."
Rupel-Boom est son premier club . Il y foule pour la première fois une pelouse réglementaire et fait directement l’unanimité. Dès six ans, il était inarrêtable même s’il n’était capable que de gestes du pied gauche. "Nous n’avons jamais connu un joueur si talentueux" , conte Louis De Boeck, père d’un certain Glen et ancien coach de Romelu à Rupel-Boom. " Nous avons perdu peu de matches en sa présence, mais j’ai dû le sortir plus d’une fois car il était trop individualiste. C’est comme ça qu’il a appris à jouer en équipe. Petite anecdote: la voiture de Roger Lukaku était tellement vieille que Romelu n’arrivait pas toujours à l’entraînement."
Ses débuts au club de Wintam sont consécutifs à son déménagement de Ruisbroek vers sa nouvelle commune. Lukaku dit donc au revoir à son premier club et débarque dans une toute nouvelle structure, une nouvelle école et une nouvelle cour. "Il jouait comme si sa vie en dépendait" , raconte Anne Rochtus, son institutrice de 4e primaire. "Il disputait des matches endiablés à tel point que les professeurs disaient tous que s’il devenait professionnel, il prendrait énormément de cartons jaunes. La classe de Romelu défiait celle de son frère, Jordan, et la concurrence était féroce."
Il cartonne d’ailleurs en éducation physique. À tel point qu’il excellait dans tous les sports et explosait tous les barèmes destinés aux gens de son âge. "Grâce à lui nous avions gagné la Coupe Kardinaal", explique Ivo Marnef qui coachait l’équipe de l’école de l’Institut Sint-Jans Berchman. " Il faisait tout sur le terrain. Je ne l’ai vu peiner qu’une fois : contre un élève d’une autre école qui évoluait au Club Bruges. Nous avons d’ailleurs perdu la finale de cette Coupe en 2007. Il a quitté le terrain en pleurant."
En club, Romelu passait le plus clair de son temps à vouloir imiter son idole : Roger Lukaku, son père, qui avait entre-temps arrêté sa carrière pro pour jouer à Wintam. "Romelu et Jordan l’accompagnaient partout. Ils tapaient toujours la balle au bord du terrain durant nos matches et ils étaient plus fatigués que nous à la fin" , se souvient Steve De Buyser qui jouait aux côtés de Roger et entraînait Romelu.
Dès son arrivée à Wintam, il est surclassé au vu de sa taille. Cela lui permet d’évoluer plus rapidement. "Même chez les minimes, il avait toujours deux défenseurs sur le dos", commente son ancien coach. "Sa frappe du gauche était énorme et il donnait aussi beaucoup d’assists. Mais parfois, il pensait qu’il suffisait de lui donner la balle pour que tout nous réussisse. J’ai parfois été très sévère quand il réfléchissait de la sorte."
Le titre est au bout de la saison et toute la région ne parle que des frères Lukaku. Le Lierse flaire la bonne affaire, teste les deux gaillards qui impressionnent tellement que leur transfert est entériné le soir même. Les débuts de Rom’ sont moins impressionnants que prévu. Il a alors 12 ans et marque un peu le coup. "Il était impétueux", se souvient Tony Van Brandt, son coach de l’époque. "Il frappait tellement fort qu’il loupait d’énormes occasions. Son envie d’apprendre l’a aidé à compenser ses défauts. Au final, il était le baromètre de l’équipe. Les victoires passaient par lui."
Lors de sa seconde saison, le Lierse survole le championnat et plante 156 buts. "Romelu en a inscrit 76. Je n’avais jamais eu un joueur pareil, un gars comme ça, on en voit un seul dans une vie. C’était phénoménal. Parfois, cela faisait même froid dans le dos de voir les coups que ses adversaires lui donnaient pour le stopper."
La pression était trop forte pour le Lierse qui ne pouvait pas se permettre de garder une perle pareille en son sein. "On ne pouvait le garder" , lâche Marcel Vets, coordinateur des jeunes du Lierse. " Roger avait un plan précis en tête pour ses fils. Il devait passer à l’étape suivante."
Le départ du Lierse vers Anderlecht est chargé en émotion. "Nous lui avons offert un maillot floqué du numéro 76, comme le nombre de buts qu’il avait inscrits" , se remémore Zinho, son ancien équipier et ami. "Il a ensuite pris la parole pour un speech d’adieu. Il avait la gorge serrée."
Les maths, ce n’était pas son truc
À Sint-Carolus, l’école maternelle de Ruisbroek, Romelu Lukaku était connu de tout le monde sous le nom de Romeli, le surnom dont son paternel l’avait affublé, à tel point que certains en avaient même oublié le prénom inscrit sur ses papiers d’identité.
Ses instituteurs se souviennent de lui comme d’un garçon discret, calme. Originaire d’une famille francophone, il a mis un peu de temps à s’intégrer. Intelligent, il n’a toutefois pas trop traîné à maîtriser le néerlandais même si ses rédactions sont loin d’être brillantes. "Il n’étudiait pas énormément" , expliquait d’ailleurs le corps professoral de Pastoor Huveneers, sa seconde école où il a fait ses primaires. "Son père était derrière lui et le poussait à travailler."
Lors de son passage au Lierse, il faisait la navette entre son école et le club tous les jours. Il réalisait son travail scolaire lors des trajets.
Transféré à Anderlecht par la suite, il habitait toujours à Wintam et covoiturait avec d’autres joueurs plus âgés. "Nous étions transportés en minibus" , se souvient Yannick Lodders. "J’étais le plus âgé et Romelu avait une sainte horreur des mathématiques. Je lui faisais donc ses devoirs pour cette branche."
L’actuel Diable Rouge a ensuite rejoint le système de Purple Talent et finit ses humanités dans une école bruxelloise partenaire du club.