Un jour, un Diable: Dries Mertens, trop petit pour passer pro
Depuis son plus jeune âge, la taille de Dries Mertens a été un obstacle.
- Publié le 05-06-2014 à 13h53
Depuis son plus jeune âge, la taille de Dries Mertens a été un obstacle. L’histoire de Dries Mertens est celle d’un gamin qui n’a pas grandi assez vite. L’histoire d’un joueur bourré de talent mais freiné par son manque de grandeur. "Tu es trop petit pour devenir professionnel", lui a-t-on asséné sans cesse et ce, depuis son plus jeune âge. L’actuel joueur de Naples a depuis répondu à ses détracteurs.
Dès ses débuts sur les pelouses du Stade Louvain, le petit joueur cartonne et impressionne. "Si mes souvenirs sont bons, c’est quand j’étais tout petit, à Louvain, que j’ai inscrit le plus de buts. J’avais fait trembler les filets plus de cinquante fois, avec quelques septuplés même !"
Lui et Dennis Odoi sont les meilleurs joueurs de cette équipe louvaniste; tous deux finirent par filer à Anderlecht. Dries Mertens a alors onze ans et rejoint l’un des plus grands clubs du pays.
Eddy Vandaele, ancien formateur du Sporting désormais scout pour les Mauves, se souvient parfaitement de l’arrivée de celui qu’il appelle encore et toujours Drieske.
"La première fois que je l’ai vu, plusieurs choses m’ont sauté aux yeux", commente-t-il. "Il était vraiment tout petit mais sa vivacité compensait son manque de grandeur."
Dries Mertens n’a jamais eu de problème pour s’intégrer dans un groupe. Il s’est rapidement fait des amis.
"C’est facile, il a toujours le sourire. Pour cela, je dois féliciter son père pour son éducation. Il a toujours été poli et courtois envers les autres et nous. Son envie de bien faire a également aidé son adaptation."
C’est Johnny Peeters qui avait débusqué le joueur à Louvain. Le recruteur, fier de sa trouvaille, est directement venu demander son avis à Eddy Vandaele. "Je lui ai dit qu’il nous avait amené un grand joueur. Je n’aurais jamais pu savoir qu’il allait rester si petit et si frêle..."
Évoluer avec sa classe d’âge devenait de plus en plus complexe pour le jeune homme. "Il évoluait avec et face à des grands. Deux solutions s’offraient donc à nous. Soit il perdait confiance à force de galérer sur le terrain, de ne plus savoir dribbler et de se retrouver sur le banc, soit il obtenait une dérogation afin de jouer dans la catégorie inférieure. Là, il a pu se développer techniquement et oser jouer son jeu."
Il a été question de lui donner des hormones de croissance. Anderlecht avait même offert son aide pour le traitement, mais la famille Mertens a préféré éviter tout risque d’effets secondaires. "Je n’étais pas au courant", poursuit Vandaele. "Ils ont bien fait d’éviter de passer par là. Il fallait juste un peu de temps."
À 16 ans, Mertens a dû faire le pas vers sa catégorie d’âge. Finis les dérogations et autres. "Il devait apprendre à éviter les duels par sa mobilité. Cela l’a formé et c’est encore une de ses forces à l’heure actuelle. Il a tiré de la force de sa petite taille. Il possède vraiment un gros mental. Je lui disais qu’il ne jouerait pas tous les matches, mais qu’il devait tout essayer quand il était aligné. Parfois, il recevait le ballon et tu savais à l’avance que c’était but. Il lobait le gardien et l’affaire était réglée."
Cela n’a toutefois pas suffi aux pontes anderlechtois. Drieske est considéré comme trop faible pour intégrer l’équipe fanion et est donc poussé vers la sortie.
"Je croyais en lui", explique Vandaele. "Mais d’autres disaient qu’il n’irait jamais en D1. Pourtant, il avait la technique, l’intelligence le mental, il ne lui manquait que le physique."
Membre de la génération sacrifiée des Mauves, avec les Derijk, Martens, Odoi, Vadis, etc., Dries Mertens s’en va. Eddy Vandaele regrette encore de n’avoir pas pu plus travailler avec l’ailier.
"On l’appréciait beaucoup. Il bossait comme un fou et puis, Drieske, c’est la gentillesse incarnée. Je l’ai encore suivi à l’AGOVV et il m’impressionnait encore plus ! À tel point que j’ai dit à Anderlecht de le reprendre. C’était le moment."
Papa van Den Brom
Bloqué en Belgique, il doit s’exiler aux Pays-Bas. L’AGOVV veut le tester. Après des heures de route, il arrive dans le village d’Apeldoorn et convainc tout de suite. Un entraînement suffit aux dirigeants pour comprendre tout le talent du feu follet.
Là, perdu en pleine Gueldre, il fait une rencontre qui changera sa carrière, celle avec son coach de l’époque : John van den Brom. Celui qui, plus tard, deviendra l’entraîneur d’Anderlecht, lui donne une confiance qu’il n’a jamais connue auparavant.
Formateur dans l’âme, van den Brom le façonne à sa manière. Il reprend les bases avec lui et lui donne des trucs et astuces pour être capable de défendre.
En compagnie de son ami Nacer Chadli, il obtient les clés du jeu et même le brassard de capitaine. Il cartonne avec les vert et jaune et obtient son bon de sortie direction Utrecht et l’Eredivisie.
Il ne lui faut qu’une saison pour prouver qu’il possède le niveau. Pourtant, les réticences existaient dans la ville estudiantine. "Le président aimait déjà beaucoup Dries mais le reste de la direction n’a pas suivi", commentait Gunter Jacob, son ancien agent. "John van den Brom tentait aussi de le placer plus haut. Il a téléphoné à l’Ajax et aussi à Louis Van Gaal, alors coach de l’AZ Alkmaar."
Rapidement, il prend ses marques et s’érige en révélation de la compétition batave. Élu meilleur joueur d’un Utrecht qui cartonne, il remporte également le Soulier d’Argent, trophée récompensant le second meilleur joueur de l’Eredivisie. Il termine derrière un certain Luis Suarez (Ajax Amsterdam) et, à sa demande, reçoit son sésame des mains de John van den Brom.
En deux saisons, Utrecht est devenu trop petit pour le pocket player qui obtient un grand transfert vers le PSV Eindhoven en compagnie de Kevin Strootman.