Un jour, un Diable: De Bruyne parti très tôt pour réussir
Retour sur les années genkoises de Kevin De Bruyne avec sa famille d’accueil.
- Publié le 14-06-2014 à 22h31
- Mis à jour le 15-06-2014 à 14h53
Retour sur les années genkoises de Kevin De Bruyne avec sa famille d’accueil. C’est à treize ans que Kevin De Bruyne décide de quitter sa maison familiale, située à Drongen, non loin de Gand. La raison est simple : Genk lui propose de quitter La Gantoise, pour le faire venir dans son école de jeunes performante : la Top Sport Academy. Kevin n’hésite pas longtemps et se lance alors dans la grande aventure. Durant cette première année, il loge à l’internat. L’expérience ne lui plaît pas, il ne parvient pas à s’intégrer. Une famille d’accueil l’invite alors à loger chez elle. Là non plus, le courant ne passe pas et Kevin songe de plus en plus à revenir chez lui, ce qui aurait tout compromis, vu la distance entre son domicile familial et Genk. Le club lui offre donc deux possibilités : soit revenir à l’internat, soit trouver lui-même une autre famille d’accueil. Comme une providence, les Monnissen entrent alors dans la vie de Kevin De Bruyne. Le Diable est très proche de Marco, le fils, avec qui il joue à Genk et la famille accepte que le jeune prodige vienne séjourner chez elle.
"C’est notre fils qui nous a fait la demande ", se souvient Gaston, le papa. "Nous avons alors discuté avec lui et sa famille et nous avons trouvé une solution."
"S’il ne trouvait rien, il aurait dû partir…" rappelle Sonia, la maman.
Au départ, la cohabitation n’était pas simple. Kevin De Bruyne alors âgé de quatorze ans avait du mal à respecter les consignes. "Non, c’est n’était pas facile , concède Gaston. Comme les gens de sa région, Kevin avait un ego important. C’était moi je, moi je, avant tout. Il a dû s’adapter, parce qu’au départ il disait : J’habite ici et je fais ce dont j’ai envie . Et cela n’était pas correct pour nous."
Six mois passent alors et Kevin commence à se plier aux règles de la maison. Il grandit et passe du bon temps avec sa famille d’accueil, qu’il commence à apprécier. "Par la suite, notre relation est devenue excellente , souffle Gaston. Avec le temps, il est devenu comme un de nos enfants. Nous le considérions comme notre fils et nos enfants comme leur frère. Nous l’amenions toujours à l’entraînement à Genk mais aussi en équipe nationale, il faisait partie de la famille. Même le week-end, il restait chez nous. Ses parents venaient ici, ils logeaient à l’hôtel et nous faisions des activités ensemble."
En trois ans et demi de cohabitation, la famille Monnissen a appris à connaître Kevin De Bruyne. Timide, le Diable a également un caractère bien trempé. "Il était têtu, c’est la première chose qui me vient à l’esprit , reprend Gaston. Ce n’était pas un garçon facile, il voulait faire les choses comme il les entendait. Il était, par exemple, très désordonné. Il jetait ses affaires par ici et par là. Au départ, il ne rangeait rien, après cela a été mieux. Kevin était très souvent assis au bureau avec son ordinateur devant lui et ses écouteurs sur les oreilles. Il était soit là, soit allongé sur le fauteuil avec son portable sur le ventre. Il chattait avec ses amis et jouait aussi beaucoup."
"Il adorait la Wii et surtout Mario Bros" , interrompt Davina, fille et sœur adoptive de Kevin De Bruyne.
"Mais quand il faisait beau, il allait aussi jouer au foot dehors et il faisait même parfois les courses avec moi , s’amuse la maman. Il n’aimait pas trop cuisiner, mais il faisait quand même une chose : des milk-shakes, il venait nous les apporter devant la télévision. Et il renversait souvent." (rire)
Aujourd’hui encore, Kevin De Bruyne aime blaguer lorsqu’il se sent bien. "Je me souviens qu’il venait souvent m’ennuyer lorsque j’étais allongé dans le fauteuil , dit Gaston. Il me sautait dessus et puis ma fille et mon fils venaient encore au-dessus. Il nous taquinait tout le temps. C’est tout lui, il adore jouer et provoquer gentiment."
À 18 ans, Kevin est parti habiter seul, remerciant la famille Monnissen pour son aide. "Il a acheté un appartement à Zonhoven, pas loin de chez nous , dit Gaston. Nous lui envoyons encore des messages lorsqu’il réalise une performance. Nous avons encore de très bons contacts avec ses parents. C’était difficile de le voir partir, c’était comme si nous avions perdu un fils. Pour lui ce n’était pas facile, mais il a choisi de vivre cette vie. Et puis, il avait quitté sa maison à treize ans…"
Pour vivre à fond sa passion.
"Il n'aimait pas revenir"
L’évolution de Kevin De Bruyne était suivie minutieusement.
L’école des jeunes de Genk ne laissait rien au hasard. Chaque joueur avait sa fiche d’évolution pour montrer au jeune ses qualités et ses défauts. Luk Verstraeten a retrouvé celles de Kevin De Bruyne, qui montrent que le Diable était déjà promis à un grand avenir. "Ses points étaient évidemment très bons , dit le coach. Nous avions noté qu’il avait une excellente technique, une bonne frappe, une vision du jeu au-dessus de la norme. Il était aussi lucide face au but et disponible en possession de balle. Durant sa dernière année, il est aussi devenu plus stable au niveau mental."
En revanche , le petit Kevin n’aimait pas défendre. Tourné vers l’attaque, il était chargé de faire jouer ses équipiers, depuis son poste de n°10. "En perte de balle, il ne jouait pas pour l’équipe. Il se démarquait seulement en possession de ballon. Quand l’équipe perdait le cuir, il restait devant, tout simplement. C’est resté son point faible jusqu’à la fin de sa formation, mais il a réussi à changer ce point faible en un point fort lorsqu’il est passé professionnel."
Kevin De Bruyne évitait également les duels. Joueur technique, il n’était pas le premier à rentrer dans un combat physique avec l’adversaire. "Il est arrivé très tard à maturité physique. Il n’aimait pas les duels, ce qui est toujours le cas aujourd’hui. Vu son talent balle au pied, ce n’est pas le joueur qui va aller bousculer en premier."
"Concentré sur son football"
Petit, Kevin De Bruyne ne vivait déjà que pour le football. "Il ne faisait que ça , se souvient Gaston. Même quand il rentrait des entraînements, nous allions souvent jouer dernière chez nous, où il y a un grand complexe sportif. Nous allions frapper des balles et faire des passes."
Fan de Liverpool, il regardait beaucoup de rencontres à la télévision. "Parfois, on l’envoyait sur son ordinateur quand nous en avions assez. Il aimait voir tous les matches. Quand l’équipe nationale jouait, nous regardions ensemble. Il ne faisait pas beaucoup de commentaires. Il ne parlait pas non plus de son futur et de ses rêves, il était simplement concentré sur son football."
Kevin De Bruyne avait aussi une idole : Michael Owen. En raison du talent de l’Anglais, mais aussi de sa passion pour Liverpool. Si sa chambre était remplie de posters aux couleurs des Reds chez ses parents, il n’y avait, en revanche, rien dans sa maison d’accueil. "Il avait sa chambre simplement pour dormir , dit Sonia. Un lit et une armoire, il n’avait pas besoin de plus."
"S'il perdait, il était très fâché"
Petit, Kevin De Bruyne avait déjà un caractère bien trempé.
Comme tous les meilleurs talents de Genk, Kevin De Bruyne est passé par le collège Sint Jan Berchmans, école pour les sportifs de haut niveau. Véritable institution, cette école de foot permet aux jeunes joueurs d’allier football et étude dans un horaire adapté à leurs besoins.
"Le gros avantage, c’est que tous les meilleurs sont ensembles" , explique Luk Verstraeten, qui s’occupe des entraînements à Genk. " Les jeunes s’entraînent 12 heures par semaine ensemble et ils ont 20 heures de cours. Après cette journée, ils ont encore leurs entraînements dans leurs clubs respectifs."
Parmi ceux-ci, figurait un certain Kevin De Bruyne à l’époque. Arrivé à 13 ans, il attire rapidement le regard des entraîneurs. "Il jouait au n°10, sa position favorite et il avait déjà une très bonne technique , se souvient Luk Verstraeten. Il avait cette mentalité de gagneur et était toujours le plus motivé pour s’entraîner. Durant l’hiver, nous nous entraînions dans la salle et il était aussi impressionnant et imprévisible. Il jouait des deux pieds. En dehors du terrain, il était très calme. Il était aussi bon élève. Il étudiait les langues modernes et cela lui sert encore aujourd’hui."
Déterminé , De Bruyne détestait cependant une chose : perdre. "Même s’il s’agissait d’une rencontre d’entraînement, il ne pouvait jamais se trouver dans l’équipe perdante. Il était difficile à ce moment-là, s’il faisait une faute ou s’il perdait, il était très fâché. De plus, il ne comprenait pas pourquoi les autres étaient moins bons que lui et était parfois dur avec ses équipiers. À cet âge, il n’avait pas encore trouvé le moyen de dire les choses correctement. Il pensait peut-être bien mais disait mal les choses. La manière n’y était pas."
Tout change alors lorsqu’il passe en cinquième secondaire. "Cette année-là, nous avons remarqué un changement de mentalité. Il a réalisé qu’il avait la possibilité de devenir joueur professionnel et a passé un palier. Un an plus tard, lorsqu’il arrive en 6e secondaire, il faisait déjà partie de l’équipe A. Et à ce moment-là, il était lancé…"
Avec le succès que l’on connaît.