Un jour, un Diable: Alderweireld, avant qu’il ne soit connu
Chaque jour jusqu’au 13 juin, nous vous proposons de découvrir un Diable sous un nouveau regard. Aujourd’hui, Toby Alderweireld, avant qu’il ne mette les attaquants de Premier League dans sa poche. Portrait.
- Publié le 06-06-2016 à 13h24
- Mis à jour le 06-06-2016 à 13h25
Chaque jour jusqu’au 13 juin, nous vous proposons de découvrir un Diable sous un nouveau regard. Aujourd’hui, Toby Alderweireld, avant qu’il ne mette les attaquants de Premier League dans sa poche.
"Une demi-saison sur le banc au Beerschot"
Les entraînements de Simon Tahamata lui ont fait du bien. 1999. Le Germinal Ekeren fusionne avec le Beerschot et devient le Germinal Beerschot Antwerpen. Les meilleurs jeunes peuvent rester. Toby en fait partie. "Mais le club de son cœur restait quand même Germinal Ekeren, dit Steve. On n’allait plus voir tous les matches de l’équipe A."
Toby n’est pas le meilleur de son équipe. Loin de là. "Il a passé une demi-saison sur le banc. Le coach estimait qu’il n’était pas assez mobile et que son jeu de tête était insuffisant. Pourtant, il était grand pour son âge. De temps en temps, il pouvait jouer comme médian défensif. Cela lui a fait du bien."
Un homme l’a beaucoup aidé : Simon Tahamata. "Il a énormément travaillé la technique de Toby. Il l’aimait bien et vice versa, vu son passé au Germinal. Le football au Beerschot était différent de celui pratiqué à Ekeren. Il fallait construire de derrière au lieu de balancer des longs ballons et de courir après."
Sa première très bonne prestation, Toby l’a livrée lors d’un tournoi à l’Ajax. "Là, il m’a épaté. Je me suis dit qu’il avait vraiment quelque chose. Urbain Haesaert, actuellement chef du recrutement à Anderlecht, avait le même rôle au Beerschot. Il nous disait que Toby était prêt pour l’Ajax, le club avec lequel le Beerschot avait un partenariat."
Entre-temps, Toby n’était pas le plus motivé à l’école. "Disons qu’on est content qu’il soit devenu footballeur (Rires)."
"Il a refusé le maillot de Materazzi"
Marco Van Basten l’a lancé en équipe première à l’Ajax.
2008. Marco Van Basten, entraîneur de l’Ajax, lui ouvre prudemment la porte du noyau A. "D’abord, il avait pu aller en stage d’été au Portugal; ensuite, il avait pu participer au tournoi annuel dans la Amsterdam ArenA", raconte Steve.
L’Ajax affrontait l’Inter Milan. L’adversaire de Toby était un certain Zlatan, qui avait joué à l’Ajax auparavant. "Toby s’est bien débrouillé contre lui, assure Steve. Il était un peu nerveux en début de match, mais cela n’a pas duré très longtemps."
Après le match, une belle surprise l’attendait. "Le délégué de l’Inter était rentré avec le maillot de Materazzi. ‘Marco veut échanger son maillot avec Toby Alderweireld’, disait l’homme. La réponse de Toby : ‘Non, désolé. Je n’échange pas mon premier maillot. Je l’ai promis à mes frères.’"
Cette année-là, il n’a joué que cinq matches, dont trois montées au jeu. Mais à partir de la saison suivante, il était titulaire à part entière. Entre-temps, ses bras et son corps se remplissaient de tatouages. "Son premier tatouage, il se l’est fait mettre à 17 ans. Il n’a jamais demandé la permission; il ne nous en a jamais vraiment parlé. C’était son truc à lui. Il a d’ailleurs également porté deux grandes boucles d’oreilles. Mais ça, il n’aimera pas que je le dise dans le journal… (Rires) "
Alderweireld est devenu le patron de la défense à l’Ajax. Il a ensuite été transféré à l’Atletico Madrid, qui l’a prêté à Southampton, avant de le vendre pour 15 millions à Tottenham. Entre-temps, il est devenu irremplaçable et le patron de la défense en équipe nationale. Steve : "Il vit un rêve. Mais il fait d’énormes sacrifices pour le ballon rond. Savez-vous qu’il n’a que dix jours de vacances, après l’ Euro ?"
"Petit, son idole était… Mike Verstraeten"
Toby Alderweireld a été aidé par Steve, son frère qui est policier à Bruxelles.
Anderlecht - Ajax, le 17 février 2011. Les Néerlandais, avec un certain Toby Alderweireld comme défenseur central, réalisent le nul (1-1) au Parc Astrid en Europa League. Le buteur de l’Ajax est le jeune défenseur anversois aux nombreux tatouages.
Ses parents sont dans les tribunes avec son frère cadet, Sven. Son frère aîné, Steve, se trouve à l’extérieur du stade, où il fait partie des forces de l’ordre. "Je travaille depuis dix ans dans la Zone Bruxelles Capitale - Ixelles", sourit le plus âgé des Alderweireld. "Je n’aime pas me vanter de mon frère auprès de mes collègues, mais on a un nom de famille pas très courant. Je m’amuse bien à Bruxelles. Au début, je n’y connaissais pourtant que la Grand-Place. Lors de ma première visite, j’avais dû demander le chemin vers la Gare du Midi. Et on m’a souvent charrié parce que je venais d’Anvers (Rires)."
Steve a joué un rôle important dans la carrière de Toby. À commencer par ses premiers contacts avec un ballon. "Notre papa (NdlR : actuellement l’agent de Toby) n’était pas très pro football. On ne pouvait pas jouer dans le living. On devait jouer dans la cave avec une balle de tennis, ou dans le jardin. Mais même là, le ballon faisait des dégâts. Je me souviens qu’il avait remplacé les vitres cassées de notre cabane de jardin par du plexiglas."
Le coupable était souvent le petit Toby, qui avait une fameuse pêche dans les pieds. Au Germinal Ekeren - en D1 à ce moment-là - ils se souviennent encore du test qu’il y avait passé. Steve : "Il avait cinq ans, mais il était déjà parvenu à trouer les filets avec un de ses boulets de canon. Ekeren l’a aussitôt fait signer. En matches, il marquait souvent en tirant de loin en dessous de la latte. Les gardiens étaient quand même trop petits…"
Un de ses entraîneurs avait plus de 80 ans. "Tout le monde l’appelait ‘Sooy’. Il obligeait les gamins à mettre leur balle dans un petit filet à balle et à shooter dedans. Dix ans plus tard, les grands clubs l’ont copié. Il était en avance sur son temps."
Le petit Toby était un grand supporter du Germinal. "C’était l’époque de Radzinski, Hofmans et Tahamata, qui battaient de temps en temps le grand Anderlecht. L’idole de Toby était… Mike Verstraeten. Peut-être parce qu’il était également défenseur, mais surtout parce qu’il avait reçu son autographe dans l’Unic, un supermarché local qui avait organisé une séance de dédicaces."
Avec leur grand-père comme chauffeur, les Alderweireld allaient même en déplacement avec le Germinal. "Je vois encore Toby avec son écharpe rouge. À Anderlecht, on se prenait toujours une raclée. Sauf la première fois, en 1994, quand Toby avait cinq ans. Le petit Germinal avait tenu Anderlecht en échec : 2-2."
"Il pleurait : ‘J’arrête à l’Ajax’"
Formé par Bergkamp et Bogarde, il était malheureux dans sa famille d’accueil.
2004. L’idée d’Urbain Haesaert ne plaît pas au papa de Toby. Pourquoi aller à l’Ajax pour jouer au football si on peut également jouer à quelques kilomètres de sa porte ? Ajax fait le forcing et envoie Danny Blind à Ekeren, chez la famille Alderweireld. Blind était à la tête de l’école des jeunes de l’Ajax. "Il a essayé d’expliquer à notre père qu’il fallait regarder sur le long terme", se souvient Steve. "Que sa formation serait meilleure et qu’il pourrait jouer dans un plus grand club plus tard. Qui plus est, l’Ajax attachait beaucoup d’importance aux résultats à l’école, ce qui était important pour notre père."
Steve - qui avait 21 ans - a convaincu leur père. "J’ai dit qu’il y avait 1.000 enfants qui voudraient être à sa place. On ne pouvait pas lui enlever cela."
La période de test de Toby à Amsterdam s’est bien passée, l’Ajax étant convaincu de son potentiel. "Il était dans une chouette famille d’accueil, avec deux personnes plus âgées."
Mais ensuite, le calvaire a commencé. "Sa vraie famille d’accueil était un échec total. Ces gens lui disaient que vu qu’il vivait chez eux, il devait arrêter de contacter ses parents. Au lieu de nous parler via Skype, il devait s’asseoir dans le fauteuil, avec eux. Un autre exemple : la dame préparait toujours les tartines pour le père et son vrai fils, mais Toby devait faire les siennes lui-même. Ces gens étaient très froids. Chaque dimanche, il était en pleurs quand il devait retourner à Amsterdam. Il larmoyait : ‘J’arrête à l’Ajax !’"
Son papa ayant fortement insisté, l’Ajax a trouvé une autre famille d’accueil. Et Toby a retrouvé le plaisir. Au niveau footballistique, il faisait d’énormes progrès. "Il a eu Bergkamp comme coach, mais c’est surtout Winston Bogarde (NdlR : un défenseur de la grande époque de l’Ajax) qui lui a appris à défendre comme un grand. Quand j’allais le voir jouer l’après-midi à Amsterdam, je voyais du plus beau football que le soir au Beerschot."