Sélection Diables rouges: retour sur quelques psychodrames en équipe nationale...
Les Diables rouges ont été absents de 2004 à 2012 de toute compétition internationale... Mais avant cela, il y a déjà eu des annonces difficiles!
- Publié le 23-05-2018 à 17h31
- Mis à jour le 24-05-2018 à 19h30
Les Diables rouges ont été absents de 2004 à 2012 de toute compétition internationale... Mais avant cela, il y a déjà eu des annonces difficiles !
Depuis lundi midi, la Belgique footballistique est en ébullition. Le coach national a osé laisser à la maison Radja Nainggolan dont beaucoup apprécie le style et la personnalité. "C'est quelqu'un qui ne calcule pas" a-t-on entendu à de nombreuses reprises auprès de ses partisans.
Dans l'histoire des Diables rouges, d'autres annonces de sélection officielle ont parfois mené à des situations de détresse dans le chef de joueurs condamnés à regarder la Coupe du monde depuis leur fauteuil....
Rapide retour sur 3 cas qui ont fait couler de l'encre à l'époque.
Euro 2000 - Pas de Toni pour Robert (7 capes, 11 sélections, 0 but)
A la fin de la saison 1999-2000, qui précède l'Euro belgo-néerlandais, Toni Brogno tape trente buts avec Westerlo en championnat domestique. Pourtant, Robert Waseige préférera coucher le nom de Gilles De Bilde dans son groupe définitif. Ce dernier affichait pourtant des stats pas très glorieuses (4 buts sur la saison). Toni, le frère du légendaire carolo Dante, avait pris part à toute la campagne de préparation pour cet événement. La Belgique était, pour rappel, qualifiée d'office en tant qu'organisatrice. Il ne jouera jamais plus que les 17 minutes en octobre 1999, en Angleterre, sous la vareuse nationale. A cette époque-là, la division offensive des Diables est composée de noms tels que Luc Nilis, Emile Mpenza... Sans oublier des éléments fort offensifs tels que Goor, Verheyen... Pas des amateurs non plus.
La déception sera immense dans le clan Brogno. L'attaquant hennuyer s'en expliquera dans nos colonnes d'ailleurs trois années après la désillusion. "C'est vrai, ma mise à l'écart à quelques jours du début du tournoi m'a marqué. Je sortais d'un exercice au cours duquel je pense avoir tout donné et j'étais régulièrement repris en équipe nationale lors des rencontres amicales qui ont précédé le Championnat d'Europe. Alors que nous étions à vingt-quatre en stage et que la date butoir pour la remise des listes officielles approchait, nous évoquions entre nous les profils des futurs exclus. Mon nom était rarement cité, ce qui m'encourageait à penser que j'allais toucher la terre promise. Et puis, les pronostics ont été démentis. Boffin et moi, nous avons dû faire nos bagages. Je suis parti ruminer ma déception à Tenerife et j'ai préféré ne faire aucune déclaration à chaud car mes mots auraient certainement dépassé ma pensée..."
A l'époque, certaines sources diront que le grand frère de Toni, Dante, et leur père auraient été dire leur façon de penser en direct à Robert Waseige. Cela aurait plutôt chauffé entre eux... Waseige se contentera de raconter plus tard avoir eu un échange vif au téléphone avec Dante. Pour la petite histoire, Gilles De Bilde jouera 13 minutes sur les trois rencontres disputées par les Belges à leur Euro... Face à la Turquie lorsque tout ou presque était déjà perdu.
Mondial 1998 - Philippe Léonard détruit par Georges Leekens.... (26 capes, 37 sélections, o but)
"J'aurais voulu défoncer Leekens...." Ces quelques mots assez violents ont été exprimés par Philippe Léonard dans l'hebdomadaire Sport Foot Magazine en mars 2016. Soit 18 ans après la non-sélection de l'ancien défenseur rouche par "Long Couteau"... Le temps n'a rien arrangé à la cicatrice béante. Rappel des faits. A cette période-là, Philippe Léonard arpente le couloir monégasque et réalise une super saison avec une demie-finale de Coupe d'Europe. A 24 ans, le Liégeois espère en toute logique recevoir son ticket pour le Mondial français... Il possède toutes les qualités attendues par Leekens.
Malheureusement pour lui, c'est le Brugeois Vital Borkelmans qui sera appelé par Leekens, à déjà 35 ans... Le sélectionneur, la presse le lui reproche d'ailleurs à l'époque, ne donnera jamais un élement d'explication de ses choix à Philippe Léonard. Pas plus qu'à Michael Goossens et Gert Claessens aussi évacués. On peut lire ainsi dans les quotidiens francophones une série d'hypothèses sur le sujet. On citera celle-ci qui vaut ce qu'elle vaut. Laisser deux Brugeois à la maison, Claessens et Borkelmans, cela eut été imbuvable côté flamand. Déjà courroucé par le retour d'Enzo Scifo en équipe nationale...
Ce ne sera pas la fin du calvaire pour Philippe. Interrogé par la télévision, Philippe Léonard aura difficile à trouver les mots justes et dissimulera tant bien que mal son dégoût. Il sera aussi régulièrement moqué dans la capsule satirique de la RTBF durant le Mondial 1998 "Vous permettez Raymond" avec les marionnettes de Goethals et de Salvatore Adamo...
Mondial 1986 - Desmet et... Veyt préférés à Czernia ! (31 capes, 42 sélections, 8 buts)
Le premier match d' Alex Czerniatynski avec les Diables remonte au 9 septembre 1981 face aux Bleus (ndlr: victoire 2-0). Czernia y marque d'ailleurs le but de la victoire à la 90e minute de jeu.
Le bel Alex fera ensuite partie du noyau pour le Mondial 1982 où il inscrira un but mythique face à la Hongrie . Mais, face à la même Hongrie en match amical cette fois juste avant l'Euro 1984, Czernia pète un câble en montant au jeu. Après trois minutes de présence sur la pelouse du Heysel, l'attaquant prolifique met une semelle à un adversaire un peu rugueux. Direction le vestiaire... Guy Thys, coach fédéral à l'époque, n'aura pas le choix. La liste des sélectionnés pour l'Euro étant déjà actée, il doit prendre en France celui qui vient de signer au Standard cette même saison. Mais, il ne bougera pas du banc durant le tournoi.
Est-ce que quelque chose s'était cassé entre les deux hommes à ce moment-là ? Peut-être bien. Cela n'empêchera pas Czernia de participer, en partie, à la phase qualificative pour le Mexique mais jamais comme titulaire.
En championnat de Belgique, on n'a pas affaire à un manche. Sur les trois saisons qui précèdent Mexico 86, Czernia a claqué 55 buts... Ce n'est pas rien, vous en conviendrez. Et la concurrence en face? Elle se nomme Filip Desmet en pleine bourre avec Waregem. Le Flandrien et son club se hissent en demi-finale de la Coupe de l’UEFA après un miracle contre l'AC Milan.
Et Thys fait le calcul suivant dans le journal Le Soir de l'époque: " En fait, aux côtés du tandem Desmet-Vandenbergh, j’hésitais entre trois garçons : Degryse, Czernia et Veyt. J’ai choisi le troisième car il est plus complémentaire avec Desmet, son équipier de Waregem, et il peut doubler Ceulemans en soutien d’attaque. Et puis, Degryse et Czernia n’ont pas signé une grande saison ! » Seize buts pour Czernia contre 11 pour Desmet, on peut se permettre de remettre un peu en cause le calcul du coach fédéral. Dont acte...
Czerniatynski oubliera les Diables rouges pendant près de sept années. Paul Van Himst rappelera le vieux briscard des surfaces de réparation. Il accompagnera la Belgique aux Etats-Unis en 1994.