Sammy Bossut: "Ils étaient en Aston Martin, moi en voiture du club"
- Publié le 09-06-2018 à 12h00
Sammy Bossut, troisième gardien en 2014, nous raconte sa Coupe du Monde.
Casteels out. Proto out. Sammy Bossut in. Ce n’est pas à la surprise générale mais plutôt par élimination que le gardien de Zulte Waregem a été appelé en équipe nationale. Et quelle meilleure occasion pour lui qu’une Coupe du Monde pour ses premières sélections? "Même chez les jeunes je n’avais jamais porté le maillot de l’équipe nationale. C’est aussi pour cela que Marc Wilmots avait choisi Silvio Proto et pas moi. Il m’a dit l’avoir préféré pour son expérience chez les Diables et en Europe. C’est logique."
Sauf que Silvio Proto s’est fracturé le bras dans un contact avec Nill De Pauw lors du match du titre d’Anderlecht. "C’est vraiment triste pour lui. On ne souhaite jamais la blessure d’un collègue mais le football est ainsi fait qu’une blessure peut profiter à quelqu’un d’autre. Je lui ai d’ailleurs envoyé un message pour lui souhaiter un prompt rétablissement."
Sammy Bossut a donc réalisé toute la préparation avec les Diables avant de s’envoler vers le Brésil.
Comment avez-vous su que vous étiez dans le groupe ?
"J’ai été mis au courant de la blessure de Proto à la mi-temps du dernier match de la saison contre Bruges. Cela m’a doucement trotté dans la tête car j’étais cité dans les candidats à la place de numéro 3. Il y avait eu beaucoup de supputations à ce sujet et je considérais que je méritais d’être le suivant après deux saisons très régulières."
Quand avez-vous entendu la nouvelle ?
"J’ai vu que Marc Wilmots avait tenté de m’appeler. J’ai écouté son message vocal dans le bus. Il me demandait de le rappeler. J’ai directement compris et je l’ai recontacté. Je dois l’avouer : j’étais un peu stressé au moment de le rappeler."
Quelle a été votre première réaction en apprenant que vous étiez dans le groupe ?
"J’ai dit : ‘Ouille je dois reporter mon mariage civil." J’ai appelé ma femme avant de confirmer ma présence au coach. Je lui ai expliqué la situation. Elle m’a directement dit de rappeler Marc Wilmots, que c’était une chance unique. Elle n’a pas hésité une seconde. Nous nous sommes finalement mariés début septembre."
Quand vous arrivez au rassemblement des Diables, vous n’êtes pas encore certain d’aller au Brésil. Koen Casteels est blessé mais tente de revenir dans le coup.
"Il était blessé depuis longtemps et je pensais qu’il ne serait pas prêt à temps. Il a bossé comme un dingue et il méritait d’y aller mais sa blessure était trop importante pour être prêt à 100 %."
Racontez-nous vos premiers pas parmi toutes ces stars…
"C’était un chouette stage de préparation. C’est un groupe très accueillant. J’étais avec des gars qui jouaient en Premier League , qui gagnent plus que moi, qui ont d’autres centres d’intérêt mais ils n’ont fait aucune différence et ont été sympas avec moi."
La différence financière se remarque ?
"Je suis arrivé avec la voiture du club. Les autres étaient en Aston Martin ou en grosse Mercedes. Mais je m’en fiche, cela ne m’a pas empêché de m’intégrer."
Beaucoup disent que l’atmosphère dans le groupe est incroyable. Est-ce juste une image ?
"Non, c’est vraiment un groupe génial. Tout le monde parle à tout le monde. On se sent vraiment vite à l’aise."
Et le Brésil, c’était comment ?
"Je suis arrivé là-bas avec de grands yeux. Il fallait voir comment on était escorté. Il y avait 30 policiers autour de nous et des soldats derrière le bus. Tout était mis en place pour qu’on soit à l’aise."
Contrairement à d’autres Diables, vous n’aviez jamais connu une si longue période à l’hôtel…
"Je ne connaissais que les stages d’une semaine. Parfois, c’était un peu ennuyant car on ne pouvait pas quitter l’hôtel. Les fans de golf y ont trouvé leur compte mais ce n’est pas trop mon truc. Je me reposais et en profitais pour appeler ma famille."
L’ambiance était assez dingue dans les stades. Cela vous a-t-il marqué ?
"Les stades étaient magnifiques mais c’était triste de voir des bâtiments si neufs à côté de la pauvreté locale. On voyait des favelas avec des maisons sans portes et sans fenêtres. Cela m’a marqué."
C’est un peu le souci d’un grand tournoi, vous ne découvrez pas la culture locale…
"Je n’étais pas là en vacances mais pour la Coupe du Monde. On ne voyait pas la ville, OK, mais nous n’étions pas là en mode touristes."
Sportivement, vous en gardez quels souvenirs ?
"C’est l’un de mes plus beaux souvenirs avec la victoire en Coupe de Belgique. Je n’ai qu’un regret : cette défaite face à l’Argentine. Elle n’était pas meilleure que nous."
"Ils peuvent être champions du monde"
Sammy Bossut croit en l’effectif qui se rendra en Russie
Presque tous les gars qui iront au Mondial ont croisé la route de Sammy Bossut. "C’est un peu les mêmes que la dernière fois, non ?", sourit le portier de Zulte Waregem.
"En tout cas, je les regarderai bien attentivement depuis mon fauteuil. Nous sommes parents d’une petite qui a bientôt cinq mois. Nous avons donc décidé de passer les vacances à la maison. En famille."
Vous dites que l’équipe a peu changé mais les ambitions sont plus grandes…
"Non. En 2014, nous voulions aussi tirer le maximum de nos capacités. C’est encore le cas cette fois-ci."
Vous les voyez aller jusqu’où ?
"Pourquoi ne pas être champions du monde ? On pouvait passer l’Argentine il y a quatre ans. Ils n’ont eu que deux ou trois chances. À part ça, on était égaux. Si on avait marqué, ça aurait été un autre match. Il faudra saisir les moments importants pour espérer battre les grandes équipes et aller au bout."
Les gars sont aussi quatre ans plus vieux…
"L’expérience peut aider, c’est clair. On peut plus vite trouver des solutions, réagir plus calmement."
La Belgique a un statut de favori pour ce tournoi. Cela change-t-il quelque chose ?
"C’est un statut difficile. Mieux vaut être l’outsider. Regardez les poules en 2014, nos adversaires jouaient leur vie contre nous."
"Thorgan était déjà très fort à Zulte Waregem"
S’il y a un joueur que Sammy Bossut connaît bien, c’est Thorgan Hazard. Les hommes ont joué ensemble durant deux saisons.
"Je ne suis pas surpris qu’il soit dans le groupe. Je le vois jouer à Mönchengladbach. C’est un des meilleurs, un pilier. Il a des qualités qui peuvent aider les Diables. Il était déjà très fort ici à Zulte Waregem. Il est devenu plus puissant physiquement. Et puis, il a pris de l’expérience et a évolué en travaillant chaque semaine avec une équipe de Bundesliga ."