Richard Evans: "Nous avons vu Thierry Henry grandir"
Richard Evans, qui a côtoyé Henry dans le staff des Diables, a été charmé par le professionnalisme et l’humilité du Français.
- Publié le 24-10-2018 à 13h00
Richard Evans, qui a côtoyé Henry dans le staff des Diables, a été charmé par le professionnalisme et l’humilité du Français. Il l’appelle alternativement "Thierry" ou "Titi". Richard Evans ne connaissait pas personnellement Thierry Henry quand le Français a rejoint un staff qui se connaissait très bien il y a un peu plus de deux ans. Le préparateur physique des Diables nous livre un regard forcément intéressant sur l’évolution du nouvel entraîneur de Monaco et son profil de technicien. Ainsi que sur tout le bénéfice mutuel que l’ancien attaquant et les Diables ont pu tirer de ses 26 mois en Belgique.
Richard, à l’époque, comment avez-vous réagi à l’arrivée de Thierry Henry ?
"J’étais surpris d’abord. Puis enthousiaste à l’idée de travailler avec quelqu’un d’une telle expérience en tant que joueur. Son parcours parle pour lui. On avait hâte de le rencontrer, de voir la personne qu’il était. Travailler aussi longtemps avec lui a été une superbe expérience parce qu’il nous a transmis aussi ses expériences. Rien n’a jamais été simple pour lui dans sa carrière, de mener Arsenal au sommet puis de s’adapter à Barcelone et de s’y imposer. Le voir parler aux joueurs a été une expérience incroyable."
Thierry a dû trouver sa place dans un staff habitué à travailler ensemble…
"Et il s’est très bien intégré. Graham, Roberto et moi sommes ouverts aux suggestions, aux idées sur l’entraînement. Il nous a apporté ses expériences d’avoir vécu des sessions avec Guardiola ou Wenger pour aider les joueurs."
Beaucoup le regardaient avec de grands yeux parce qu’il était pour eux un modèle. Mais il a dû vite prouver qu’il pouvait aussi être un bon entraîneur…
"Évidemment. Beaucoup de grands joueurs ne sont pas forcément capables de transmettre leur expérience mais Thierry est un tel passionné du jeu… C’est un historien du jeu. Il connaît toutes les équipes, toutes les animations, les joueurs. Sa compréhension du jeu est exceptionnelle, vous pouvez parler avec lui d’anciennes équipes, il a saisi leurs mouvements, leur identité et il parvient à l’apporter ensuite sur le terrain d’entraînement. C’est rare, ce n’est pas donné à tout le monde. C’est un étudiant du jeu, il articule ses idées et les met en application."
Lui a insisté pour dire qu’il n’avait pas travaillé qu’avec les attaquants.
"Oui. Ce qu’il faut savoir, c’est que, dans le staff, tactiquement, sportivement, techniquement et mentalement, il y a une interaction selon les méthodes de Roberto. Nous avons deux réunions quotidiennes pour parler des séances, du contenu, des objectifs, des mouvements à travailler, des automatismes à créer. Il y avait beaucoup de discussion, tout le monde apportait sa contribution et Thierry avait un rôle d’entraîneur, pas uniquement concernant les attaquants."
Lors de sa présentation, il a expliqué qu’il attendait que son staff le challenge, qu’il n’hésite pas à lui dire qu’il se trompait si tel était le cas. Le faisait-il avec vous ?
"C’est toujours sain, il y avait des débats comme chaque fois dans le football. C’était ouvert : que penses-tu de ceci, de cela ? En quoi cela va aider ce joueur ? Et celui-là ? Tout a toujours été constructif pour l’équipe. Il y avait cinq, six grands esprits autour de la table pour parler de la méthode d’entraînement, des objectifs, le tout étant mené par Roberto. Tout le monde donne son avis dans sa spécialité et Roberto mène les choses."
Qu’a-t-il appris selon vous ?
"Il a appris en tant qu’entraîneur. Il a pu voir ce dont il était capable sur le terrain, ce qu’il voulait faire. Il a travaillé avec les attaquants et avec l’équipe entière, notamment lors des deux derniers rassemblements vu que Graeme n’était plus là. Il a pu apporter plus encore aux séances. Il a eu un grand rôle."
Est-il prêt à franchir cette étape ?
"Oui. Sans aucun doute. Ces deux dernières années, nous l’avons vu grandir. Mentalement et en tant que technicien. C’est le moment. Il n’aurait pas pu écrire une plus belle histoire : commencer votre carrière de joueur à Monaco puis d’entraîneur. C’est quelqu’un d’humble, avec une personnalité incroyable. Il est capable aussi de poser des limites avec les joueurs tout en étant proche d’eux avec de la discipline. Il est très exigeant sur la préparation individuelle, sur le poids par exemple des joueurs. Il posait beaucoup de questions, s’intéressait à la préparation physique. Il a les capacités tactiques, l’expérience de ceux avec qui il a travaillé, il va pouvoir appliquer tout cela à son équipe. Et ce sera super excitant de voir ses équipes jouer parce qu’il sera très offensif. Ce sera spectaculaire."
Un au revoir en novembre
Impossible pour Richard Evans d’isoler un moment précis passé avec Thierry Henry. "On riait beaucoup en fait. Il a beaucoup d’humour. Sur le terrain, à table. Partout. Il a apporté sa personnalité ; nous avons tous apprécié être avec lui. Les joueurs aussi. Il était heureux", explique l’Anglais qui a vu partir le Français avec beaucoup de professionnalisme. "Il ne voulait pas perturber la préparation du match contre la Suisse. Il veut juste dire au revoir quand il en aura l’opportunité. Il a envoyé une vidéo à Roberto à montrer aux joueurs et Roberto va lui donner l’opportunité de venir dire au revoir en novembre parce qu’il a été une partie intégrante de notre formidable équipe."