Pourquoi les Diables ont tout pour aller jusqu’en demi
Jamais les Diables n’ont été autant en confiance au moment d’aborder la phase d’élimination directe. Analyse de leurs atouts, à la lumière des explications de Roberto Martinez et de ce qu’on a vu, de Sotchi à Kaliningrad
- Publié le 01-07-2018 à 10h12
- Mis à jour le 02-07-2018 à 17h36
Jamais les Diables n’ont été autant en confiance au moment d’aborder la phase d’élimination directe. Analyse de leurs atouts, à la lumière des explications de Roberto Martinez et de ce qu’on a vu, de Sotchi à Kaliningrad C’est le début des choses sérieuses. Jusqu’où iront les Diables ? Cest la question à un million d’euros (ou plutôt à 445.000, soit la prime de chaque joueur).
Le 11 juin, après le succès aisé contre le Costa Rica, dans la salle de presse surchauffée du Stade Roi Baudouin, Roberto Martinez avait déjà pointé la fin de la phase des groupes comme un moment important : "Je ne pourrais vous dire qu’après nos trois premiers matches ce que nous pourrons viser dans ce tournoi."
Jeudi dernier, dans la salle de presse trop climatisée de Kaliningrad, on a donc posé la question au sélectionneur. "On a réussi à gagner trois matches : dans un Mondial, ce n’est pas simple. Maintenant, on doit aborder les choses étape par étape. Il faut penser qu’on peut affronter n’importe quelle équipe."
Le sélectionneur n’a pas voulu dire qu’il visait, comme les dirigeants de l’Union belge, une demi-finale. Parce qu’il ne veut surtout pas donner l’impression de mépriser le Japon, comme l’ensemble de la Belgique du foot avait méprisé le pays de Galles il y a deux ans. A-t-il les moyens de ses ambitions ? Voici sept arguments qui nous donnent envie de répondre oui. Même si cela ne constitue aucune garantie de réussite, on a le sentiment que les Diables n’ont jamais été aussi forts au moment d’entamer la phase d’élimination directe.
LA FORCE OFFENSIVE
C’est l’atout n°1 des Diables. Devant, ils disposent d’une véritable armada. En pointe, Romelu Lukaku semble avoir fait taire toutes les critiques. Le buteur de Manchester United, avec sa "finition chirurgicale", est efficace en plus d’être utile. Derrière lui, Dries Mertens est revenu à un haut niveau après une préparation délicate. Eden Hazard, lui, semble être dans la forme de sa vie. Il est déterminé à montrer sa valeur à la terre entière. Ajoutez à cela les passes de Kevin De Bruyne pour donner l’impulsion et les chevauchées de Meunier et de Carrasco : vous obtenez une machine offensive qui est, à ce jour, la mieux huilée du tournoi.
LA LIGNE TACTIQUE
"Nous avons fait de grands progrès tactiques. On va tous dans le même sens. On ne voit plus de joueurs qui avancent pendant que d’autres reculent."
C’est Thibaut Courtois qui le dit, ce qui donne encore plus de sens au discours. On se souvient, à l’Euro, de ses deux sorties très critiques à l’encontre de Marc Wilmots. Cette fois, il est convaincu par les principes du sélectionneur. Comme tout le groupe. Il y a désormais une ligne très claire qui plaît aux joueurs. De match en match, les automatismes sont meilleurs.
Rien ne dit que le fameux système à trois derrière sera suffisant pour battre le Brésil, mais Martinez garde sa ligne de conduite : pour lui, mieux vaut passer beaucoup de temps à peaufiner son plan A qu’à en perdre avec un éventuel plan B.
LE RETOUR DES BLESSÉS
Depuis le premier rassemblement, l’opinion publique s’est inquiétée du cas Thomas Vermaelen, puis de celui de Vincent Kompany. Mais dans l’esprit de Roberto Martinez et des médecins, les intentions étaient claires : le plan était de les faire jouer contre l’Angleterre, afin de les préparer pour les choses sérieuses. Heureusement, il n’y a eu à ce jour aucune rechute. Le sélectionneur dispose donc de ces deux joueurs pour un seul poste. Ce n’est pas du luxe, quand on connaît leur fragilité.
Autre bonne nouvelle : tous les autres joueurs sont disponibles. Martinez a le (large) choix des armes. Il faudra tout de même prier pour que les joueurs clés comme Meunier, De Bruyne et Vertonghen ne soient pas suspendus en quart de finale…
LA FRAÎCHEUR MENTALE ET PHYSIQUE ET DES JOUEURS
"Les joueurs sont frais. On a tout fait pour qu’ils le soient." Physiquement et mentalement. Les joueurs ont bénéficié d’un suivi personnalisé mais ils ont surtout été ménagés dès que c’était possible. Entre deux matches, certains titulaires ne se sont parfois pas entraînés pendant 72 heures. Cela peut paraître surprenant mais pour le staff, la récupération était une absolue priorité.
Les joueurs ont aussi eu le droit de passer plusieurs jours en famille, en Belgique puis en Russie, pour se ressourcer. Pour Martinez, c’est une clé de la réussite en grand tournoi. Fini le vase clos des dernières compétitions.
L’AMBIANCE DANS LE GROUPE
C’est l’une des choses qui nous a le plus marqués depuis l’arrivée en Russie : l’atmosphère dans le groupe est extrêmement sereine. Ce n’est pas seulement une façade : il nous revient aussi, de l’intérieur du Moscow Country Club, que les joueurs dégagent une impressionnante tranquillité. Quand il y a des critiques, même fondées - comme après la mauvaise première période contre le Panama - le groupe les balaie d’un revers de la main et va de l’avant.
"On a construit cette ambiance avec simplicité et solidarité", explique le sélectionneur. "Chacun a un rôle à jouer. Je n’ai jamais senti de problème de division dans ce groupe. Peut-être est-ce plus facile pour moi, qui suis neutre, de juger les joueurs comme footballeurs." La gestion de groupe de Martinez, qui a fait jouer tous les réservistes de champ contre l’Angleterre, a contribué à l’ambiance positive.
LA GESTION DE LA PRESSION
Dans le premier match, face au Panama, on a senti une importante nervosité dans le chef des joueurs en première période. Elle semble avoir disparu. "C’est normal d’être nerveux en début de tournoi", relativise Martinez. "Le monde entier nous regardait. Il fallait aussi porter la grande responsabilité de représenter le football belge. Mais face au Panama, les joueurs ont réagi. La gestion des émotions ne sera pas un problème pour la suite. Les joueurs ont assez d’expérience pour ça. Ils sont dans une situation particulière : ce sont des grandes stars en Belgique et les attentes les concernant sont très hautes. Mais ils les assument. Ils commencent même à apprécier cette pression." Il faudra faire en sorte de ne pas voir revenir le stress dans les grands matches.
LES GRANDSEN SOUFFRANCE
Roberto Martinez ne s’est jamais considéré comme un favori du tournoi. "Pour être favori, il faut des références ou avoir une génération qui a déjà remporté un tournoi en sélection. Psychologiquement, ça te donne un avantage."
Mais dans ce Mondial, il semble qu’être une grande nation est plutôt un désavantage. Les sélections les plus attendues ont toujours du mal à s’imposer et l’Allemagne est même passée à la trappe. Même le Brésil, probable adversaire en quart de finale, n’a pas toujours été impérial. "Les matches sont étriqués et quand tu commences mal, cela devient difficile de sortir de la spirale négative. Or une Coupe du Monde ne respecte pas le talent individuel. Elle respecte les équipes qui travaillent dur. C’est ce qu’on fait."
Reste à espérer que ce travail paie. Avec tant d’atouts, la Belgique peut enfin aller chercher ces références qu’on attend depuis si longtemps.