Nos consultants font leur liste des 23 : "Sans Dendoncker et Tielemans, avec Januzaj et Benteke"
- Publié le 02-06-2018 à 14h04
Consultants pour La DH durant le Mondial, Felice Mazzù, Alex Teklak et Thomas Chatelle se mettent dans la peau de Roberto Martinez au moment d’établir la liste de 23 De 28, ils ne seront plus que 23. Il faut donc en éliminer cinq. Cinq Diables qui ne participeront pas au Mondial en Russie et resteront à quai, lundi, au moment de l’annonce de la liste définitive de Roberto Martinez. En attendant le verdict, Felice Mazzù, Alex Teklak et Thomas Chatelle, qui seront les trois consultants de La DH durant la Coupe du Monde, ont accepté de se mettre dans la peau du sélectionneur national pour dresser leur liste. Sans tenir compte du matelas gate.
Sels n’en sera pas. "On enlève Sels." Nos trois consultants sont unanimes : le gardien d’Anderlecht, prêté par Newcastle, ne participera pas au Mondial. Pour eux, Koen Casteels sera logiquement le numéro 3, derrière Thibaut Courtois et Simon Mignolet.
Pas de Dendoncker. Match entre Kabasele et Boyata. Là encore, le nom du premier défenseur qui doit "sauter" de la liste ne souffre d’aucune contestation : Leander Dendoncker. "Je ne trouve pas qu’il ait fait une bonne saison", résume Felice Mazzù. Outre le défenseur anderlechtois, le coach carolo se passerait également de Christian Kabasele. "Je pense que le profil de Boyata convient mieux à une défense à trois et il a eu plus de temps de jeu cette saison", justifie Mazzù. "Moi, je ne prendrais pas Boyata car je préfère le profil de Kabasele", répond Alex Teklak rejoint par Thomas Chatelle. "S’il y a un blessé, le premier que je fais rentrer, c’est Kabasele", justifie ce dernier.
Ciman comme Jean-François Gillet. Nos trois consultants conserveraient Laurent Ciman dans leur liste de 23. "Il a du vécu et a déjà joué lors de grandes compétitions internationales", souligne Mazzù. "Il a participé à la campagne de qualification et c’est un gars qui peut apporter un plus à la vie de groupe, un peu comme Jean-François Gillet par le passé", ajoute Chatelle. "Je pense qu’il sait effectivement pourquoi il vient et s’il doit jouer, il jouera", termine Teklak.
Sans Tielemans. Aucun de nos consultants ne reprenait Youri Tielemans dans sa sélection pour la Russie. "Vu sa saison, sa place n’est pas justifiée… mais j’ai quand même l’impression que Roberto Martinez va le prendre", indique Alex Teklak.
Jordan Lukaku, trop fragile. Avec Thomas Meunier, Yannick Carrasco et Nacer Chadli, nos consultants estiment que les ailes des Diables sont suffisamment fournies. Ce qui laisse forcément Jordan Lukaku à quai. "C’est surtout son problème de blessure qui pose problème", note Alex Teklak. "Pas seulement", ajoute Felice Mazzù. "Pour moi, dans le système de Roberto Martinez, avec des flancs comme il les joue, Jordan Lukaku n’est pas aussi productif que les autres. Durant les trois premiers matches de poule, la Belgique devra, normalement, se montrer conquérante. Et Lukaku sera positionné dos au jeu. Dans cette position, il ne servira à rien, car c’est un joueur qui n’est jamais aussi fort que quand il vient de très loin avec sa vitesse. Là, il perfore, il percute. Mais le système mis en place est fait pour que la Belgique joue haut. Et dans son repostionnement défensif, il n’est pas extraordinaire." "On l’a vu contre le pays de Galles…", conclut Thomas Chatelle.
Januzaj… par défaut. Nos trois consultants ayant déjà éliminé cinq joueurs dans les lignes médianes et défensives, cela veut dire que pour eux, Adnan Januzaj doit faire le voyage. "C’est un choix un peu par défaut car je ne trouve pas logique de le reprendre, même parmi les 28", avoue Thomas Chatelle. "Mais en décapsuleur, il peut jouer un rôle intéressant." "Pour changer de module, Januzaj peut également avoir de l’importance", ajoute Alex Teklak. "Il est capable de jouer sur un flanc, en numéro 10 et de changer de position en cours de match."
Benteke comme troisième profil. Quid de Christian Benteke ? Pour les trois consultants de La DH, il doit faire partie de la liste des 23. "Si on l’enlève, il ne reste que Batshuayi et Lukaku comme pointe. Et il n’y a pas de troisième profil", avance Felice Mazzù. "Le secteur offensif est un secteur où il faut avoir plusieurs cartouches, pour revenir au score, par exemple. Éliminer un attaquant de la pré-liste est donc compliqué." Aussi pour des raisons tactiques. "Si Lukaku se blesse, Batshuayi ne peut pas remplir le même rôle que lui dans le 3-4-2-1. Tandis qu’un Benteke est capable de le faire par sa capacité à jouer en pivot." "C’est simple : soit on garde le même système, avec Benteke. Soit on change, avec Batshuayi", résume Thomas Chatelle.
"Martinez a été courageux, il faut lui laisser cela"
La non-sélection de Radja Nainggolan continue d’alimenter le débat
Près de quinze jours plus tard, la pilule n’est pas encore passée chez bon nombre de supporters et de suiveurs belges. La non-sélection de Radja Nainggolan continue d’alimenter le débat.
"En tant que coach, je respecte le choix du sélectionneur car il y a des raisons internes qui ne sont pas dévoilées, indique Felice Mazzù. Je peux comprendre que, par rapport à ces raisons, si elles sont vraies, cela peut rendre la gestion de vestiaire un peu compliquée. Et je peux également comprendre que Roberto Martinez justifie ce choix par la tactique. C’est une manière de protéger son joueur."
"Mais il le fait au détriment de la protection de son groupe, rétorque Thomas Chatelle. Cela met de la pression sur l’équipe. Sa communication donne l’impression de cacher quelque chose et ce n’est jamais bon. Un joueur préfère qu’on le protège, c’est clair. Mais est-ce le rôle du sélectionneur de le faire dans ce cas-ci ? Il faut pouvoir assumer son choix."
Alex Teklak intervient. "S’il dit la vérité, cela va rendre sa décision encore plus impopulaire car beaucoup de gens se retrouvent en Radja. Et ils vont dire que l’important, c’est qu’il soit bon sur le terrain. Mais au-delà de cela, je serais curieux de connaître le vrai avis des joueurs sur la non-sélection de Radja. Pas le discours de façade. Je suis certain que c’est un gars plutôt apprécié, mais imaginons qu’il joue et que Witsel s’assied sur le banc. Axel a aussi ses partisans dans le vestiaire. Et cela peut créer des clivages, d’une manière ou d’une autre."
Radja Nainggolan a-t-il refusé, lors de sa discussion avec Roberto Martinez, à Rome, de venir pour être remplaçant ?
"C’est mon hypothèse, affirme Thomas Chatelle. Je pense qu’il a fait comprendre à Martinez qu’il ne voulait pas être un plan B. Mais bon, on est dans les suppositions et pas dans la clarté. C’est pour cela que la communication, à la base, était importante. Sinon, Martinez risque de traîner cela comme un boulet."
"Il s’est quand même déplacé jusqu’à Rome pour aller voir Nainggolan, rappelle Alex Teklak. C’est qu’il savait que le sujet était hyper touchy. C’est une marque de respect à l’égard du joueur. Martinez a ensuite pris sa décision. Puis ensuite, tout lui est retombé dessus de manière assez injuste, je trouve."
"C’est clair qu’il a pris une décision courageuse et impopulaire. Il faut lui laisser cela, poursuit Thomas Chatelle. On pensait que c’était un gars politiquement correct mais ici, il assume un choix fort. J’espère que cela va provoquer une prise de conscience au sein de l’équipe, voire même une révolte. Car ce qui manque au groupe belge, ce ne sont pas des qualités individuelles mais un esprit d’équipe. Et si le cas Radja peut provoquer cela, tant mieux. Même si j’ai mes doutes…"
"Dans tous les cas, le groupe connaît la vraie raison, termine Felice Mazzù. Car au sein de l’équipe, la vérité doit être connue. À partir de là, les règles sont établies. Et on peut avancer."
Et passer à autre chose…
"Pourquoi l'avoir repris contre l'Arabie saoudite ?"
Le cas Nainggolan soulève une question chez nos consultants : "Pourquoi avoir repris Radja face à l’Arabie saoudite, en mars ?" Ce soir-là, le médian avait joué une demi-heure, sans être mauvais. "Et depuis deux ans, il n’a jamais été mis dans des conditions optimales pour prouver ses qualités", rappelle Thomas Chatelle. "Je pense que dans son schéma de jeu, Martinez se dit qu’il va gagner des matches grâce à De Bruyne et Hazard" , indique Alex Teklak. "Il construit une équipe autour d’eux. Et si Nainggolan joue, il doit changer son schéma. Mais ce serait intéressant d’avoir Radja comme substitut durant un match. On en revient donc au débat : pourquoi n’est-il pas dans les 23 ?"
"Il ne faut jamais mentir à un joueur"
C’est sans doute l’un des exercices les plus compliqués pour un sélectionneur : comment expliquer aux cinq recalés qu’ils ne disputeront pas le Mondial ? "Moi, dans mon rôle d’entraîneur à Charleroi, je prends toujours les joueurs non repris dans le vestiaire pour leur expliquer mon choix et les raisons. Et je fais pareil avec le 19e homme le jour du match."
Thomas Chatelle embraye. "Felice dit quelque chose de très vrai : il faut toujours être simple et droit avec le joueur. Ne pas lui mentir. Sinon, on le perd. Peu importe quand on le revoit dans le futur."
"Dire la vérité à son joueur est essentiel", reprend Mazzù. "Il faut être franc : je ne te reprends pas parce que X est plus fort que toi à ce poste-là ou parce que Y a plus de temps de jeu que toi cette saison. Le discours à l’extérieur, c’est autre chose. Mais dans le vestiaire, la sincérité prime."
Et comment le choix s‘opère-t-il ? "Dans sa tête, Martinez a un schéma de jeu très clair, avec des profils qui rentrent dedans. Il sait qu’il doit avoir des doublures partout. À partir de là, la prise de décision est assez simple à prendre, tant que les explications sont vraies et objectives."