Martinez a-t-il bien fait de laisser Nainggolan à la maison?
- Publié le 21-05-2018 à 14h44
- Mis à jour le 21-05-2018 à 14h48
Deux de nos spécialistes Diables rouges reviennent sur la non-sélection de Radja Nainggolan pour la prochaine Coupe du monde.
Christophe Franken pense que oui
- Roberto Martinez est vu comme un coach consensuel, limite mou. Il vient de prouver exactement le contraire en posant le choix le plus fort depuis des années en équipe nationale. Sa Coupe du Monde en Russie, ce sera sans Radja Nainggolan. La décision la plus impopulaire qu'il pouvait prendre. Sur les réseaux sociaux, on trouve déjà des milliers de messages anti-Martinez. Mais a-t-il tort pour autant? A nos yeux, le coach a fait le bon choix. Entendons-nous bien: Nainggolan est un joueur merveilleux qui sort d'une saison aboutie à Rome. Pourquoi ne pas le prendre alors? Car il y a toujours plus fort que lui chez les Diables: Nainggolan n'est pas capable tactiquement de jouer à la place de Witsel comme numéro 6
- Nainggolan est moins fort que De Bruyne au poste de numéro 8
- Nainggolan est moins fort qu'Hazard au poste de numéro 10
Bref, dans le système de Martinez, Nainggolan part toujours remplaçant. Changeons de système alors? Non car Martinez a trouvé une tactique qui convient parfaitement à Hazard, plus brillant que jamais chez les Diables depuis l'arrivée de l'entraîneur espagnol. Pour Martinez, Eden est tout simplement plus important que Radja. Peut-on vraiment lui donner tort sur ce coup?
Et pourquoi ne pas le prendre quand même comme joker de luxe alors? Là, on en arrive au comportement de Nainggolan. Quand on prend un caractère comme celui de Radja dans un groupe pour une durée de plus d'un mois, il faut qu'il soit titulaire. Sinon, il risque de se transformer en bombe à retardement. Un groupe se gère aussi dans les coulisses et Martinez en est bien conscient. Il valait donc mieux prendre des garçons qui accepteront de s'asseoir sur le banc.
Nicolas Christiaens pense que non
70e minute de Belgique-Colombie, en huitième de finale de la Coupe du monde 2018. Les Cafeteros mènent 1-0 et les Diables ne se sont pas encore procuré la moindre occasion face à la bonne organisation et surtout au pressing adverse. Comme face au pays de Galles en 2016, la montée au jeu de Marouane Fellaini à la pause n'a rien changé rien et si Martinez ne tente rien, cela ne fait aucun doute: la Belgique sera éliminée dans 20 minutes. C'est dans ce genre de moment que le profil de Radja Nainggolan pourrait nous sortir d'un bien mauvais pas. Il a les qualités techniques nécessaires pour se sortir des griffes des adversaires, la rage qu'il faut pour secouer le cocotier et faire relever la tête à son équipe, mais aussi des qualités de finisseur, que ce soit sur des frappes à distance ou par le biais de ses infiltrations.
En laissant Nainggolan à la maison, Roberto Martinez se prive d'un profil bien particulier (l'argument même qui justifie la présence d'un Benteke dans la présélection, malgré sa saison catastrophique) et d'un élément qui peut renverser des matches. Peut-être a-t-il jugé que le Ninja n'était pas capable de jouer les jokers de luxe et d'endosser le rôle de remplaçant. Mais dans sa communication, Nainggolan a assuré l'inverse et dans la sienne, Martinez n'a évoqué que des raisons tactiques. Et quand bien même l'Espagnol jouerait la carte du politiquement correct, il est alors dommage qu'il ne se soit pas senti capable de gérer le cas Nainggolan pendant l'aventure russe. Car c'est aussi ça, le travail d'un sélectionneur…