Le Grand Jojo réagit à la polémique sur Damso: "Le rap n’a rien à voir avec le football"
- Publié le 22-11-2017 à 08h46
- Mis à jour le 22-11-2017 à 08h47
Le Grand Jojo, auteur du mythique E Viva Mexico, réagit à la polémique sur Damso qui chantera l’hymne des Diables rouges. "Haha, je m’attendais à votre coup de fil, rigole Jean Vanobbergen de son vrai nom. Le rap n’a rien à voir avec le football. Je comprends très bien qu’il y ait une grosse clientèle pour ce genre de musique, mais je trouve que le rap, que j’écoute parfois également, n’a pas sa place dans le football. Mais bon, ce n’est pas moi qui décide de cela, ce sont donc d’autres instances qui croient bien faire en faisant ça… alors que ça n’a rien à voir, ça n’est pas du tout festif !"
Le Grand Jojo, qui n’exclut pas de riposter un jour ("La Coupe du Monde est encore loin !"), rappelle que sa chanson de 1986 (Oyé, Oyé, Champions) avait battu tous les records. "Mais je ne pense pas qu’on pourrait refaire quelque chose comme ça, concède-t-il. Moi-même, je ne pense pas que je pourrais le refaire. Mais bon, c’était une musique festive avant tout. C’était ça le but (sans vilain jeu de mot, NdlR), que les supporters puissent chanter dans les gradins. Et c’était ainsi devenu un hymne national. Donc, je ne vois pas un public chanter du rap dans un stade !"
Selon l’interprète de Victor le Footballiste, le rap n’a pas les valeurs du football. "Le rap a sa place dans le domaine de la musique. Comme je l’avais déjà dit à l’époque de l’hymne de Stromae, un artiste que j’adore, les paroles de Ta fête n’avaient rien à voir avec la fête. Le rap actuel, c’est comme si on prenait la même musique, mais pour un championnat de boxe ou n’importe quoi d’autre."
"Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis !"
Le Grand Jojo revient sur l’importance d’un hymne pour les Diables rouges. "Cette chanson doit être un hymne sportif, mais aussi un hymne de victoire ! E Viva Mexico a tout de même été repris dans cinquante pays, mais le Mur de Berlin est tombé aussi sur cette chanson ! Les étudiants chantent ça à la fin des examens, c’est festif. Ce n’est pas uniquement pour le foot."
Et le rap n’est "pas festif dans son genre", souligne celui dont l’hymne a aussi été repris dans des films avec Clint Eastwood ou encore Gene Hackman. Et même si nos Diables rouges écoutent souvent ce genre de musique avant de monter sur le terrain, l’interprète d’On a soif ou de Jules César reste convaincu qu’il "y a une clientèle pour le rap. Mais bon, ce que je n’aime pas là-dedans, c’est que je ne vois pas un message. On n’a pas encore entendu le disque, donc on ne peut pas juger, mais le genre de musique n’est pas festif !"
Le chanteur d’Anderlecht Champion sait de quoi il parle. "Il y a un sérieux veto à ce sujet. Un jour, le comité avait pensé refaire, vingt ans après, un hymne à l’anglaise pour le club. Mais les supporters n’en voulaient pas. Ma chanson est restée et l’autre a été mise au bac. Je dis souvent place aux jeunes mais le vieux crocodile est toujours là hein (rire) ! Je l’ai encore prouvé avec le public en faisant Forest National, le Cirque Royal ou les Francofolies, récemment. La musique festive que je fais a sa place auprès des gens. Elle fait oublier les soucis et permet de se défouler. De la musique, oui, mais il faut aussi danser !"
En route, comme pour le Brésil en 2014 (et son Viva Brasil), vers une chanson du Grand Jojo pour la Coupe du Monde en Russie ? " Non, je n’ai rien envisagé pour le moment, conclut l’artiste de 81 ans qui nous avoue crouler sous les demandes de supporters. Car faire un single devient de plus en plus difficile aujourd’hui, il ne trouve plus sa place en rayon. Enfin, bon, on est encore loin de l’événement… Je sais que Lou Deprijck va sûrement faire un truc pour le fun là-dessus et il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis (sourire) !
"J’ai fait un rap avec Jean-Luc Fonck"
"J’ai prouvé en 86 qu’E Viva Mexico était le genre de chanson qu’il fallait et c’est d’ailleurs encore aujourd’hui ce qu’on chante dans les stades et dans le monde entier", se réjouit le Grand Jojo. "Cette chanson est restée et restera à mon avis indémodable. Je ne vois pas comment le rap peut trouver sa place dans ce contexte-là. Même s’il a sa place par ailleurs, Damso est quand même dans la même firme de disque que moi donc je respecte ce choix." En effet, après lui, Lou Deprijck (voir ci-contre) ou encore Stromae, Dimitri Vegas&Like Mike ou le rappeur belge Damso, il s’agit à chaque fois d’un artiste issu de la maison de disques Universal. Coïncidence ? "C’est simplement qu’il est difficile de passer à côté d’eux. Ce sont eux qui ont tout, c’est la boîte la plus importante." Avant de se rappeler qu’il avait aussi fait un rap avec Jean-Luc Fonck, intitulé Plein comme une andouille (sur l’album Tournée Général !). "Il est donc possible de faire quelque chose de bon enfant en rap, sans tomber dans le travers du texte cru. Mais bon, chacun son truc. Enfin, on ne peut pas juger à l’avance sans connaître le texte que fera Damso. L’Union belge aura toujours un regard dessus, donc on verra bien !"