La métamorphose de Carrasco décryptée en 4 points
- Publié le 05-10-2017 à 20h20
- Mis à jour le 05-10-2017 à 20h21
Au contact de Martinez et de Simeone, l’ailier s’est amélioré dans plusieurs domaines, sur le terrain et en dehors. Zoom sur le Carrasco 2.0.
“Diego Simeone est un coach plus défensif. On est souvent tous derrière le ballon et on joue le contre. Roberto Martinez aime qu’on garde la balle…”
Cela ne doit pas être simple, pour Yannick Carrasco de travailler sous deux entraîneurs avec une philosophie si différente. L’ailier de l’Atletico semble pourtant bien s’en accommoder. Au contact de Martinez et de Simeone, il paraît avoir pris une nouvelle dimension depuis le début de saison. Et pas seulement sur le terrain… Le Carrasco 2.0 est arrivé. Il a progressé dans plusieurs domaines.
Plus ouvert aux médias C’est un euphémisme d’écrire que l’ailier n’a pas toujours eu une bonne relation avec les médias. On se souvient particulièrement d’une conférence de presse lors de l’Euro 2016, durant laquelle il avait reproché d’un ton sec aux journalistes de se montrer trop dur avec lui. Par la suite, il a souvent évité les médias.
Ce jeudi face aux médias, le joueur a pour la première fois voulu montrer un autre visage, beaucoup plus ouvert. Il n’a pas l’aisance d’un Romelu Lukaku ou d’un Eden Hazard mais il a affiché une volonté évidente de faire des efforts. Cette attitude ne peut que l’aider à construire un environnement plus serein autour de lui en sélection.
Plus souvent décisif En Espagne, les observateurs font de lui le meilleur joueur de l’Atletico en ce début de saison. Souvent aligné comme ailier gauche, parfois comme ailier droit, il a signé trois buts et deux assists, malgré un temps de jeu limité par la rotation. C’est mieux qu’un certain Antoine Griezmann.
“Je me sens très bien en ce moment parce que j’ai fait une très bonne préparation”, explique-t-il. “C’est aussi ma troisième saison à l’Atletico : mes équipiers savent comment et où me donner la balle. Statistiquement, c’est sans doute le meilleur début de saison de ma carrière. Cela ne veut pas tout dire mais au jour d’aujourd’hui, dans le foot, on ne regarde que les stats. Les buts et les assists, voilà ce que les gens retiennent…”
Plus complet grâce à Simeone Les chiffres, Diego Simeone y est aussi sensible. La preuve : “À l’Atletico, le coach veut vraiment que je marque. Avant les matches, il me dit tout le temps que je dois frapper plus souvent. Parce que les buts, c’est ce qui fait la différence entre un bon joueur et un très bon joueur. Il est aussi exigeant au sujet de ma reconversion défensive. Cela m’aide pour les Diables car c’est à Madrid j’ai acquis le volume nécessaire pour répéter les efforts.”
Plus défensif grâce à Martinez À Madrid, l’évolution de Carrasco est linéaire. Avec les Diables, elle a été marquée par une vraie révolution, dès septembre 2016, avec le rôle très particulier d’ailier en 3-4-2-1. Pour ses débuts à ce poste Chypre (0-3), le Madrilène avait galéré avant de se reprendre en seconde période. “J’ai dû m’habituer très vite à cette nouvelle place. J’avoue qu’au début, j’ai eu un peu de mal. À l’Atletico je dois aussi beaucoup défendre, mais pas de la même façon. Avec les Diables, je dois m’occuper seul de tout le couloir. Quand il faut fermer l’espace dans son dos à la 85e, c’est parfois compliqué ! Il faut fermer les lignes et mettre la pression sur l’adversaire. C’est un rôle très fatigant. Mais j’en suis capable.”
“Je ne suis pas un arrière gauche défensif pur”, concède Carrasco. Conséquence : il a forcément encore des choses à améliorer. “Il faut que j’essaie de récupérer plus de ballons, de les voler au bon moment. Je dois acquérir cet instinct de défenseur. L’Atletico en a besoin, les Diables aussi.” Surtout les Diables, en fait. Parce qu’au Mondial, face à des grandes équipes, il faudra deux flancs solides défensivement. Yannick Carrasco a encore huit mois pour devenir le meilleur défenseur possible.
Il dribble mieux avec les Diables qu’avec l’Atletico
Avec les Diables et avec l’Atletico, Yannick Carrasco ne joue pas la même partition. Ou est-il meilleur ? Les chiffres InStat montrent que ses prestations en équipe nationale sont plus consistantes qu’il n’y paraît.
Dans les actions décisives, pas de surprise : l’ailier marque (un peu) plus souvent à l’Atletico. "Avec l’équipe nationale, je suis plus bas, vous le voyez ! J’aide les défenseurs à récupérer des ballons et les attaquants à faire la différence. Plus haut, on joue de manière plus égoïste, pour le but ou pour l’ assist …"
Carrasco accepte de se sacrifier : avec les Diables, il récupère plus de ballons et remporte davantage de duels qu’en club.
Ses tâches défensives ne l’empêchent pas de multiplier les appels hauts en possession de balle. "Avec ce système, les défenseurs adverses sont parfois surpris par mes montées", constate-t-il. "Ils sont souvent focalisés sur nos médians offensifs, Eden, Dries ou Kevin. Cela me laisse de l’espace."
Dans lequel il s’engouffre en prenant des risques, qu’il assume pleinement. "C’est mon style de jeu : j’aime dribbler et j’essaie d’éliminer. Je ne vais pas le cacher. En sélection, quand le jeu est un peu fermé et qu’on n’arrive pas à passer le mur adverse, mon instinct offensif revient. Si je ne passe qu’un dribble sur dix mais qu’on marque, j’aurai eu raison."
Le taux de réussite de dribbles est heureusement plus élevé que cela : en sélection, Carrasco réussit 66 % de ses dribbles. C’est nettement mieux qu’à l’Atletico (52 %).
Ces chiffres sont à relativiser par le niveau modeste de certains adversaires des Diables. Mais ils montrent une tendance évidente : le nouveau poste de Carrasco en sélection l’a fait progresser, même dans un rôle moins en vue offensivement.