La DH était avec le papa de Boyata durant Belgique-Panama: "Stressée, sa maman a regardé le match en différé"
La DH a suivi à la trace de Bienvenu Boyata en Russie pour le match le plus important de la vie du fils Dedryck : "Je suis très fier…"
- Publié le 20-06-2018 à 05h38
- Mis à jour le 20-06-2018 à 08h48
La DH a suivi à la trace de Bienvenu Boyata en Russie pour le match le plus important de la vie du fils Dedryck : "Je suis très fier…" S’il y a un Diable Rouge qui peut être satisfait de son match face au Panama, c’est bien Dedryck Boyata, pour la première fois titulaire dans un match à enjeu. La DH a suivi Bienvenu, son papa, qui a fait un aller-retour à Sotchi pour voir son fils à l’œuvre. "Je voyage partout pour voir ses matches, même au Celtic", nous prévient-il.
Lundi, 6 h du matin. Le papa Boyata ne fera pas cette fois-ci le trajet par la route. Direction l’aéroport pour monter dans l’Airbus A320 des Diables Rouges, qui transporte des parents de joueurs, des VIP et des supporters à Sotchi. Quatre heures plus tard, Bienvenu découvre la Russie. "Je suis le seul de la famille à venir voir ce match", précise-t-il. "Nous serons plus nombreux pour les prochains matches. Mais je veux voir si la sécurité est assurée. On a beaucoup parlé de racisme, mais je ne remarque rien de tout cela. L’ambiance est même très bonne, avec tous ces Panaméens."
Brigitte, son épouse , n’est pas du voyage. Elle ne sera pas là non plus contre la Tunisie. Question d’habitude. De superstition. "Elle regarde les matches à la télé. Et encore. Jamais en direct, mais en différé. Elle est trop stressée. Une maman a toujours peur…"
Arrivé au Stade Ficht avec un drapeau belge autour du cou, Bienvenu prétend ne pas être nerveux. "J’ai confiance en mon fils", affirme-t-il, mais il a du mal à cacher qu’il est tendu. "Je ne le dérange plus avant le match. Je lui ai parlé après le dernier entraînement. J’ai senti à ses réponses que tout irait bien. J’espère le voir après le match. En tout cas, l’équipe est consciente de sa mission. Dedryck est prêt à réaliser le rêve de toute la famille. Mais on ne sait jamais. (Après un silence) Je préférerais qu’on se reparle après le match. J’aimerais d’ailleurs voir son échauffement."
Quelques heures après le 3-0, nous retrouvons Bienvenu à l’aéroport de Sotchi. C’est un autre homme qui nous parle. Il est souriant, décontracté et presque euphorique. "Je n’ai finalement pas pu le voir", précise-t-il, la chemise à moitié ouverte à cause de la chaleur et des émotions. "Mais je lui ai parlé au téléphone. Il était content et a reçu des compliments. Moi aussi, je suis content. Et fier. Très fier. Il a joué comme je le voulais. Mon téléphone n’arrête pas de sonner. Des amis de Belgique, de la famille de Kinshasa… Et mon épouse ? Comme prévu : elle regarde le match maintenant (rires)."
Dedryck a surtout brillé dans les duels aériens. Son papa : " Holala ! Je savais qu’il pouvait sauter haut. Mais si haut que cela ? Je n’avais jamais vu cela. Et ses coups de tête étaient spectaculaires. Où a-t-il a appris à être si bon de la tête ? (sourire) Cela vient de moi. J’ai aussi été footballeur. Je ne mesure que 1m83, mais je sautais haut. Dedryck, lui, fait 1m87. On en a fait, des exercices pour sauter plus haut… Lesquels ? (sourire) Je garde cela pour moi."
Autre image qui n’a pas échappé aux photographes : la prière intense de Dedryck, aussi bien avant le match qu’après le dernier coup de sifflet. Bienvenu : "Notre famille est très croyante. Chaque dimanche, je vais de Zellik à la messe à la basilique de Koekelberg. Dedryck y va quand il a le temps. Tout le monde prie quand même, non ? En tout cas, Dedryck le fait avant et après chaque match. Par reconnaissance avec le Bon Dieu. Et surtout à la Coupe du Monde."
Après la rencontre, Jan Vertonghen s’est empressé de féliciter Boyata. Vincent Kompany et les autres ont suivi son exemple. Lors de son interview, Vertonghen a carrément qualifié la prestation de Dedryck de formidable.
Bienvenu : "C’est vrai ? Cela fait chaud au cœur. J’ai vu que tout le monde le félicitait. L’entente en défense et dans l’équipe est excellente. Et Vincent… Ah, c’est son grand frère. Quand Dedryck est arrivé très jeune à Manchester City, c’est lui qui l’a encouragé. Les Kompany, c’est la famille."
Avant de nous quitter, Bienvenu nous fait un aveu. "Quand il a signé à City , le Congo a essayé de le convaincre de jouer en équipe nationale. Il était si bien intégré en Belgique que j’ai conseillé à mon fils d’opter pour la Belgique, où il est né. Il n’a pas regretté son choix…"
"Son club est le Standard, le mien Anderlecht"
Son papa regrette que Dedryck soit parti si tôt à Manchester City.
Boyata est en train de réussir sa carrière mais il a mis du temps à s’imposer. “Il n’a pas suivi le parcours idéal”, estime son papa. “Il est parti à Manchester City à 18 ans. C’était trop jeune. Chaque année, on lui promettait qu’il recevrait du temps de jeu. Heureusement qu’il y avait Vincent pour le soutenir. Il n’a pas percé. Ce n’était pas facile, surtout au début. Mais je lui ai dit de ne pas abandonner.”
Finalement, il n’a débuté que huit matches en quatre saisons à City et il a été prêté une saison à Bolton et une autre à Twente. Bienvenu : “Maintenant, je regrette qu’il soit parti si jeune. J’aurais préféré qu’il suive un autre parcours et qu’il prenne du temps de jeu et de l’expérience en D1 belge. Il aurait évolué étape par étape. Mais quand un club comme City frappe à la porte, c’est difficile de dire non.”
À plusieurs reprises, dans sa carrière, il a été question d’un grand club belge. “À 13 ans, quand il évoluait au White Star, il a passé un test à Anderlecht”, se souvient Benvenu. “Il avait les capacités techniques, mais il n’avait pas le rythme et Anderlecht ne l’a pas pris.”
Après son départ du Brussels à City, c’est le Standard qui a fait une tentative pour l’attirer. “Mais il n’en était pas question pour City, qui croyait en lui.”
En 2014, Anderlecht s’est manifesté. “Cela ne s’est pas fait, mais cela ne dépendait pas de nous.”
Bienvenu nous fait un aveu : “En fait, son club en Belgique est le Standard. Et le mien est Anderlecht. Mais cela ne l’aurait pas empêché de jouer pour l’un ou l’autre…”
"J'aurais du jouer en D1 à gand et ... pour le Congo"
Bienvenu était un bon attaquant à l'Union mais il n'avait pas l'entourage actuel.
En regardant le Ficht Stadium, Bienvenu Boyata se dit que lui aussi, il aurait pu porter les couleurs d’une équipe nationale et – qui sait ? – disputer un grand tournoi. “J’étais attaquant et j’avais beaucoup de qualités, croyez-moi”, sourit-il. “Mais une carrière dépend de tellement de facteurs : la chance, l’entourage, les managers…”
Bienvenu jouait en D1 au Congo et a été transféré par l’Union en 1986. En 1988, il aurait dû signer à La Gantoise. “Gand me voulait, mais il n’y a pas eu d’accord entre les clubs. Alors, j’ai signé au Stade Louvain (le prédécesseur d’OHL) . Le médian qui jouait derrière moi était… Emilio Ferrera. À cette époque, déjà, on sentait qu’il deviendrait entraîneur.”
Après une saison, Bienvenu est retourné à l’Union, où il a continué à planter ses buts. “Je n’ai jamais joué en équipe nationale. Il fallait un bon encadrement. Comme Wawa Lambik du RWDM.”
Ensuite, il est devenu entraîneur dans des clubs bruxellois. “Dedryck m’accompagnait et participait aux entraînements que je donnais aux adultes. À 15 ans, il avait déjà leur niveau. Les adultes adoraient quand il jouait avec eux.”
Au tout début, à Saint-Josse, Dedryck était attaquant. “Mais après un certain temps, j’ai vu qu’il avait plus les capacités pour jouer en défense. Dans son jeu, je vois beaucoup de son papa. Son jeu de tête, c’est moi. Sa couverture du ballon, c’est moi. Sa vision du jeu, c’est moi…”