Football: Pourquoi le Belge est tendance en France
Zoom sur un phénomène amené à s’inscrire dans la durée.
- Publié le 29-08-2018 à 07h31
- Mis à jour le 03-09-2018 à 12h51
Zoom sur un phénomène amené à s’inscrire dans la durée.
Sur le papier, l’équipe a fière allure, avec une défense internationale. Elle pourrait être complétée sur le banc par Guillaume Gillet, parti rejoindre Lens, immense favori pour la montée, et Jason Lokilo, l’ancien grand espoir anderlechtois en approche à Lorient en Ligue 2. Thomas Foket, sur le point de s’engager à Reims, n’y trouverait peut-être même pas sa place.
Jamais la Ligue 1 n’avait connu une telle abondance de joueurs belges. Ou en provenance de Pro League, Kara Mbodji devant être le prochain dans ce sens. Le phénomène, par son ampleur, interpelle. Mais il s’explique. Et a tout pour perdurer. Décryptage au travers de ses principales clefs.
La proximité
Qu’elle soit géographique et/ou culturelle, la proximité entre les deux pays jouent un rôle facilitateur dans les nombreuses opérations entre la Belgique et la France.
"Parce qu’un produit belge amène plus de sécurité qu’un brésilien", note Antony Feuillade, agent bien introduit sur les deux marchés et qui collabore étroitement avec Mogi Bayat.
Confirmation de Loïc Désiré, responsable du recrutement à Strasbourg, qui a accueilli Matz Sels et Stefan Mitrovic cet été : "Le fait d’être un pays limitrophe rend les choses plus simples, les joueurs éprouveront moins de difficultés à s’adapter." D’un point de vue pragmatique, cette proximité facilite aussi le travail de scouting . Désiré, toujours : "Nous y sommes très souvent, nous maîtrisons parfaitement ce championnat et connaissons tous les joueurs de Pro League ."
L’attrait sportif en hausse
Quand beaucoup de joueurs rêvent de Premier League ou de Liga, la Ligue 1 peut leur offrir l’opportunité de passer par une étape intermédiaire. Tout en leur offrant un vrai intérêt sportif sur le court terme avec la perspective d’affronter le Paris SG mais aussi Marseille, Lyon ou Monaco. "On arrive à faire comprendre aux Belges l’attrait de la destination, notamment au niveau francophone, c’est l’éclosion d’un travail de plusieurs années", savoure Feuillade au sujet d’un championnat plus spectaculaire.
Des agents bien implantés
Tous les principaux intermédiaires du marché belge possèdent dans leur portefeuille un ou plusieurs éléments évoluant en France : Eleven Management peut compter sur Thomas Meunier et Bjorn Engels, Christophe Henrotay sur Youri Tielemans, Atticus sur Jason Denayer alors que Mogi Bayat a travaillé notamment sur les dossiers Sels et Anthony Limbombe, pour ne citer qu’eux.
Que les agents les plus influents du pays possèdent leurs entrées dans les clubs de Ligue 1 leur permet de proposer plus facilement des joueurs aux dirigeants français…
Un marché abordable
Loïc Désiré ne s’en cache pas : "Le marché est abordable financièrement." Illustration par le cas Matz Sels, pour lequel Strasbourg a investi 3,6 millions d’euros, une somme importante mais dans les standards du marché français pour un international avide de revanche.
Ce qui dessine une réalité dépeinte par Feuillade : "Le joueur belge de Pro League va coûter moins cher que le joueur français de Ligue 1. Un joueur qui, en Belgique, va toucher 700.000 euros brut par an, soit un bon contrat, est dans les moyens d’un club comme Toulouse. Un joueur d’un bon club belge va intéresser des clubs comme Toulouse, Reims ou Nantes dans un premier temps, pas des formations comme Paris, Monaco ou Lyon."
Sous-entendu, pas le premier cercle, mais d’abord le deuxième, ce que l’exemple d’Anthony Limbombe, parti à Nantes malgré l’intérêt également de Rennes, illustre.
Derrière le big-four qui s’est dessiné avec, en son sein, le PSG, Monaco, Lyon et Marseille. Ce qui n’a pas empêché cet été l’OL d’accueillir Jason Denayer et les Monégasques d’arracher Eliot Matazo, deux profils qui collent à leurs projets sportifs respectifs. Le premier, très proche de Marseille il y a trois ans, était identifié depuis longtemps par son nouvel employeur quand le second incarne cette philosophie de miser sur les meilleurs (jeunes) espoirs du continent.
Dans ce club des quatre, seul l’OM ne compte pas de Belges, même si l’intérêt pour Leander Dendoncker a été très prononcé.
La qualité de la formation
La formation belge a-t-elle supplanté le modèle français, longtemps référence en la matière ? L’avenir le dira.
Mais la manière de travailler de certains clubs de Pro League en inspire certains. "J’ai travaillé dix ans à l’Ajax et je sais qu’Anderlecht a été précurseur sur l’Afrique par exemple. Il y a un vrai savoir-faire, même si malheureusement tous les jeunes ne peuvent pas percer", expliqué Désiré, qui avoue avoir un œil sur "les réserves des grands clubs comme Anderlecht, Bruges, le Standard, qui ont de grosses écoles de jeunes". Ce qui fait dire à Feuillade que "de plus en plus de jeunes de grands clubs belges vont partir en Ligue 1 dans des clubs moyens. Bientôt, il y aura un Belge dans toutes les équipes françaises".