Euro 2016: Le bulletin des Diables rouges
Nos trois meilleurs joueurs sur cet Euro étaient, paradoxalement, trois défenseurs. Découvrez les notes attribuées aux Diables par nos experts sur l'ensemble du tournoi.
- Publié le 03-07-2016 à 12h43
- Mis à jour le 03-07-2016 à 12h52
Découvrez les notes attribuées par nos experts sur l'ensemble du tournoi.
GRANDE DISTINCTION
Nos trois meilleurs joueurs sur cet Euro étaient, paradoxalement, trois défenseurs. Trois Diables sont à ressortir du lot sur ce tournoi. Trois Diables qui n’ont rien à se reprocher, si ce n’est une blessure et une suspension tombées au plus mauvais moment…
Thibaut Courtois : on est habitué mais il ne faut jamais oublier de le souligner : Courtois n’a rien eu à se reprocher. Du premier au dernier match, le gardien a sorti quelques grosses parades sans qu’on puisse imaginer une meilleure intervention sur l’un des cinq buts encaissés durant le tournoi. Là où il a le plus fait débat, c’est lors de ses interviews suite à nos deux défaites. Pour certains, il aurait dû se taire et garder sa colère pour le vestiaire. Pour d’autres, il est le seul à avoir osé pointer du doigt publiquement nos manquements.
Thomas Vermaelen : plus que celui de Meunier, c’est le cas de Vermaelen qui inquiétait avant le tournoi dans le secteur défensif. Allait-il pouvoir tenir physiquement ? Allait-il pouvoir revenir à un bon niveau après une saison quasi blanche ? N’était-ce pas un risque de prendre un joueur si souvent blessé ces dernières années ? Le joueur du Barça a répondu sur le terrain en étant à chaque fois le meilleur Diable Rouge ou presque. Dur sur l’homme, excellent dans l’anticipation, bon à la relance et toujours bien placé, même dans les airs malgré sa relative petite taille : il a clairement retrouvé le niveau d’Arsenal quand il était l’un des meilleurs arrières de Premier League. À tel point qu’on se demande pourquoi le FC Barcelone fait le forcing pour engager le Lyonnais Umtiti, un axial gaucher. Le club qui aura l’idée d’aller chercher Vermaelen cet été pourrait faire une superbe affaire.
Jan Vertonghen : on a beaucoup parlé de lui durant le tournoi jusqu’à jeudi et sa malheureusement blessure à la cheville. Subitement, on s’est rendu compte que l’indéboulonnable Vertonghen était effectivement indéboulonnable. Diable en activité le plus capé, il a réalisé un tournoi impeccable sur le côté gauche. Le quotidien L’Équipe l’a même placé dans son onze-type de la phase de poules. Il a confirmé contre la Hongrie puis on s’est rendu compte qu’on ne le remplaçait pas facilement face aux Gallois. Son assurance défensive, sa présence sur phases arrêtées, sa complicité avec Hazard et ses quelques bons centres par match ont beaucoup manqué. On ne peut dire qu’une chose au grand Jan : soigne-toi bien et reviens vite à ce niveau.
DISTINCTION
Witsel et Hazard ont fait un bon tournoi, Meunier s’y est révélé et Ciman aurait mérité une autre chance vendredi. On aurait pu attendre un peu mieux d’eux mais ils ont globalement répondu aux attentes. Ce n’est en tout cas vers eux qu’il faut se tourner pour désigner les coupables.
Axel Witsel : il a loupé son dernier match contre le Gallois. En tout cas la dernière heure de jeu. Sans cela, on l’aurait placé dans la catégorie supérieure. Durant les quatre premières rencontres, Witsel a montré pourquoi il jouissait d’une telle confiance de la part de Wilmots. En plus de son travail défensif impeccable grâce à un sens du placement que les trois autres médians belges (Fellaini, Dembélé et Nainggolan) ne peuvent que jalouser, il s’est permis de répondre aux observateurs qui le trouvent trop frileux en marquant contre l’Irlande. Witsel ne sera jamais un joueur rapide mais il est le métronome des Diables. Quand il va bien, on joue souvent bien. Par contre, quand il est moins dedans, c’est directement plus dur. Les Gallois l’avaient bien compris.
Radja Nainggolan : ses deux buts, surtout le dernier, mériteraient la catégorie la plus grande distinction mais on ne peut juger Nainggolan uniquement sur ça. Perdu dans le cœur du jeu italien lors de la première rencontre, il a perdu sa place de titulaire pour le deuxième match. Vexé, il est entré au jeu avec la rage qui le rend si particulier (et si fort) face à l’Irlande suite à la blessure de Dembélé. Il a continué sur cette bonne voie mais il a, à nouveau, perdu le fil en quart de finale. Il pressait parfois dans le vide, surtout à cause d’un manque de communication avec le reste du milieu, et perdait de son importance. Sans ses deux buts, on l’aurait, en fait, mis dans la catégorie inférieure car on attendait plus de lui pour son premier grand tournoi.
Thomas Meunier : un joueur du championnat de Belgique dans notre défense de Premier League (sauf Vermaelen qui connaît quand même la compétition anglaise comme sa poche) : cela pouvait inquiéter mais Meunier a prouvé qu’il était prêt à passer un cap. Il a pris confiance dans cette équipe et ses montées ont souvent fait mal. Au final, il fut le meilleur centreur belge du tournoi. Seul bémol : il a eu quelques décisions défensives encore douteuses. Preuve qu’il est temps pour lui de se frotter plus régulièrement au haut niveau dans un grand championnat. À six millions, un arrière droit au tel potentiel, c’est cadeau pour les grands clubs.
Eden Hazard : il a obtenu une note de 10 sur 10 contre la Hongrie dans plusieurs journaux, dont la DH. Ce match venait confirmer un premier tour où il était monté en puissance après une première rencontre déjà pas si mauvaise contre les Italiens. Brassard au bras et à domicile, Hazard devait faire de cet Euro son tournoi. Malgré ses quatre passes décisives et son but, on gardera quand même un goût de trop peu. Il n’aura pas réussi à sortir les siens du piège gallois. Pire, il a voulu forcer les choses en comprenant que les Diables ne trouveraient jamais la solution collective dans ce quart de finale. Il n’a pas pu imiter Zidane, son idole de jeunesse, qui avait éliminé le Brésil à lui tout seul lors du Mondial 2006 en quart de finale. Vendredi, cela faisait dix ans jour pour jour…
Laurent Ciman : il n’a joué qu’un seul match mais il a marqué deux fois des points. Face à l’Italie, il n’avait pas grand-chose à se reprocher dans son rôle d’arrière droit. Wilmots l’a juste remplacé par un joueur plus fort offensivement pour le reste du tournoi. Face aux Gallois, son nom est revenu. On pensait qu’il allait remplacer Vermaelen pendant sa suspension mais le sélectionneur a finalement opté pour la jeunesse de Denayer. Un choix qui fera poser une question dont on aura jamais la réponse : aurait-on connu autant de difficultés derrière si Ciman avait joué ? On peut juste imaginer qu’avec sa forme physique et son métier, il n’aurait pas été aussi souvent piégé…
SATISFACTION
Malgré de nombreuses critiques, Romelu Lukaku a bien mieux réussi son Euro que sa Coupe du Monde il y a deux ans. Ce n’était pas top, on attendait mieux au vu de leur qualité et/ou de leur potentiel mais ils ne méritent pas d’être crédités d’un mauvais Euro.
Toby Alderweireld : auréolé de sa présence honorifique dans le onze-type de la Premier League, il devait être notre leader défensif en l’absence de Kompany. C’est finalement Vermaelen qui a repris ce rôle. Alderweireld n’a cependant pas foiré son tournoi. Hormis une grosse erreur contre l’Italie sur le premier but, il a rendu de bonnes copies et s’est même offert un but important (le premier) contre la Hongrie. En quart de finale, il n’a pas donné une impression de sécurité mais c’est plus compliqué quand on n’a plus le leader défensif à ses côtés. Entre le bon tournoi de Meunier et le retour programmé de Kompany, il devra même se méfier pour sa place de titulaire en équipe nationale, lui qui était incontournable il y a quelques semaines encore…
Romelu Lukaku : Diable le plus discuté par les observateurs et sur les réseaux sociaux, Lukaku a bien mieux réussi son Euro que sa Coupe du Monde. Malgré une concurrence folle en pointe, il a gardé sa place de titulaire d’un bout à l’autre. À part contre l’Italie et son trident défensif de classe mondiale, il a bien réussi à garder le ballon devant et à remiser sur les artistes derrière lui. Seul souci : il n’a marqué que dans une de ses cinq rencontres (deux buts contre l’Irlande). Pour l’attaquant de l’équipe qui se créait le plus d’occasions, c’est sans doute trop peu. Émoussé par ses efforts entre les défenseurs, il manquait parfois de fraîcheur à la conclusion. Mais il ne méritait pas de se faire démolir par la critique.
Yannick Carrasco : Wilmots comptait sur lui pour apporter cette touche de vitesse, de profondeur et de folie technique qui pouvait parfois manquer. Sur ce plan, on ne peut s’estimer satisfait de l’apport de Carrasco mais il ne faut pas oublier que le quart de finale n’était que sa cinquième cap. Après des débuts timides et un renvoi sur le banc contre la Hongrie, il commençait à prendre ses marques. Bien monté en huitième et auteur d’une bonne première mi-temps en quart avant d’être sacrifié sur l’autel tactique, il doit se dire que le tournoi s’est arrêté trop tôt pour lui. Il nous apportera à coup sûr beaucoup de bonheur à l’avenir.
Jordan Lukaku : on l’avoue, on a hésité. Méritait-il de passer ou devait-il aller en seconde session après une unique apparition difficile contre les Gallois ? Puis, on s’est souvenu que Lukaku est un joueur d’Ostende et qu’il n’avait jamais joué de match de très haut niveau avant cela. Vendredi, Jordan a dû jouer avec le frein à main dans un rôle contre-nature. En lui demander d’y aller mollo, Wilmots a dénaturé son back gauche remplaçant qui doit aujourd’hui se dire qu’il a gâché une belle chance. Pour son potentiel, on lui met une note d’encouragement.
EN ECHEC
Ils ont souvent une bonne excuse mais on peut quand même être déçu de leur Euro. À des degrés divers, on attendait beaucoup plus de ces Diables. Certains ont des excuses à faire valoir, comme Marouane Fellaini, mais ça n’explique pas tout. Ils nous devront une revanche à l’avenir.
Jason Denayer : pourquoi ne pas faire preuve de la même mansuétude pour Denayer que pour Lukaku Junior ? Car le défenseur, également âgé de 21 ans, possède un autre vécu. Une formation dans un grand club anglais, des présences en équipe pro, le championnat écossais puis turc avec, à chaque fois, une sacrée pression : on pouvait attendre plus de Denayer. D’autant qu’il partait comme un titulaire en début de préparation après le forfait de Kompany. Finalement, il n’a même pas été un bon réserviste. On n’oublie cependant pas qu’il n’était pas au top physiquement et qu’il reste notre plus grand talent défensif dans la nouvelle génération.
Marouane Fellaini : c’est un peu injuste mais Fellaini n’a joué que deux matches : les deux défaites belges lors de cet Euro. Contre l’Italie, il avait été utilisé dans un plan tactique qui n’avait pas fonctionné et il a presque réussi son rôle de plombier contre les Gallois (ah, s’il avait égalisé à 2-2 de la tête…). Finalement, l’échec revient plus à Wilmots qui n’a pas su utiliser à bon escient ses qualités.
Kevin De Bruyne : c’est la grande déception belge de l’Euro. Avec Hazard, De Bruyne est notre superstar. Sauf que lui sortait d’une bonne saison. Trop bonne sans doute. Il est arrivé sans jus et cela s’est vu dès la préparation. Son coup de patte pouvait parfois faire la différence mais il était devenu un joueur banal qui galope sans faire la différence. Quand on regarde les stats de De Bruyne en équipe nationale et le nombre de fois où il a sorti les Diables de la galère, on comprend mieux les difficultés de notre équipe nationale dès que le jeu était bouché. Bonnes vacances Kevin et, surtout, repose-toi bien.
Dries Mertens : il n’a gratté une titularisation qu’à cause d’un mauvais match de Carrasco mais il n’a jamais montré qu’il méritait de débuter par ses montées au jeu. Il n’a pas pu jouer son rôle de joker de luxe, même s’il était plein de bonne volonté. Avec son vécu, c’est une vraie déception.
On n’a pas pu leur attribuer une note
Un but en quelques minutes grattées et un transfert à Chelsea, Michy Batshuayi a fait parler de lui à l’Euro mais pas suffisamment pour lui attribuer une note. Ce sera maintenant à lui, en club, de prouver qu’il peut prendre la place de titulaire à Lukaku. Il est déjà passé devant Benteke mais il lui reste une étape difficile.
Les deux gardiens remplaçants, Simon Mignolet et Jean-François Gillet, ainsi que Christian Kabasele n’ont pas joué une seule seconde. Divock Origi, Moussa Dembéléet Christian Benteke ont obtenu quelques minutes mais n’ont pas pu se mettre en évidence. Sans une blessure, cela aurait pu tourner autrement pour Dembélé mais le médian de Tottenham n’est vraiment pas verni en équipe nationale.