Edito: Prolonger Martinez avant le Mondial, c'est un pari très risqué
Un édito signé Benoît Delhauteur.
- Publié le 03-05-2018 à 20h31
- Mis à jour le 17-05-2018 à 23h43
Pour Bart Verhaeghe et les deux autres acteurs majeurs du dossier, Mehdi Bayat et Chris Van Puyvelde, il y avait deux options. La première était d’attendre après le Mondial pour faire une évaluation du travail de Martinez. "On ne discutera pas d’une prolongation avant le tournoi. On ne fera le bilan qu’après", nous avait confié Verhaeghe avec fermeté en novembre. Il l’a répété le 2 mai : "On se tient à la procédure que l’on a fixée : la décision de la succession de Martinez ne tombera qu’après la Russie".
C'est finalement l'autre option qui a été choisie: celle de prolonger le sélectionneur et son staff avant même la Coupe du Monde. Mehdi Bayat avait été le premier à l’évoquer publiquement sur le plateau de La Tribune le 18 avril : "Roberto Martinez est en fin de contrat mais qui vous dit que nous ne sommes pas en train de parler avec lui ? Il pourrait prolonger avant le Mondial". Lentement mais sûrement, cette idée a fait son petit bonhomme de chemin et gagné des voix dans la Maison de verre. Certains dirigeants de la Fédé sont charmés par le travail de l’Espagnol et par son implication quotidienne.
Mais était-ce suffisant pour lui offrir deux ans de plus avant même la phase finale ? Une prolongation dès maintenant soulève plusieurs questions. Sur le plan de la communication d’abord - comment Bart Verhaeghe justifiera-t-il un tel changement de timing ? - mais surtout sportivement et financièrement. À nos yeux, faire prolonger Martinez et son staff avant la Russie constitue un très gros pari.
Si les Diables réussissent leur Coupe du Monde - avec une demi-finale - l’UB aura eu raison. Le sélectionneur méritera de rester. La Fédération serait la grande gagnante : elle l’aura fait resigner à un salaire modéré tout en le protégeant. Pour venir le débaucher, un club devrait alors mettre le paquet…
Mais si les Diables manquent leur Coupe du Monde - imaginons une élimination en huitième de finale -, Roberto Martinez aura mérité de partir et les dirigeants de la Fédération auront perdu leur pari. Dans ce cas, ils devraient payer une indemnité de départ à un coach qu’ils auront prolongé deux mois plus tôt… Quid si les Diables sont éliminés en quart ? Alors tout dépendra des circonstances de l’élimination.
Nous n’avons rien contre Roberto Martinez, au contraire : nous apprécions beaucoup sa philosophie. Avec lui, les Diables ont désormais de meilleures armes (tactiques) pour briller dans un grand tournoi. Mais le juge de paix ultime, ce sera le résultat final au Mondial. À quoi aura servi tout ce travail de fond si cela ne se concrétise pas au moment du grand rendez-vous ? Ce serait simplement plus cohérent de faire le bilan après la Russie. Si Roberto Martinez y emmène les Diables aussi haut qu’il l’espère, il aura bien mérité une augmentation de salaire.