Eden Hazard vu par son pote Rio Mavuba: "On le voit enfin où tout le monde l’attendait"
En étant sous le charme des prestations de son ami, Rio Mavuba n’est pas étonné par ses récentes performances
- Publié le 10-07-2018 à 13h47
- Mis à jour le 10-07-2018 à 14h42
En étant sous le charme des prestations de son ami, Rio Mavuba n’est pas étonné par ses récentes performances Parce qu’on n’oublie jamais sa première fois, Rio Mavuba garde un souvenir très précis de sa rencontre avec Eden Hazard, un jour de janvier 2008, alors qu’il venait de débarquer à Lille.
"Je m’en rappellerai toute ma vie. Je déjeune avec Claude Puel le midi, on avait entraînement dans l’après-midi à 16 h. Claude Puel m’avait dit : ‘Tu verras, on a deux jeunes qui viennent s’entraîner avec nous, deux phénomènes.’ Et il parlait d’Eden et de Yannis Salibur. J’ai vite compris qu’on avait à faire à un phénomène."
Que le Français a longtemps couvé, faisant partie du premier cercle des intimes, avec Yohan Cabaye, et sur lequel il porte un regard bienveillant.
Que vous inspire la Coupe du Monde d’Eden Hazard ?
"Franchement, je suis extrêmement content de le voir éclore. J’ai toujours dit que c’était un joueur qui pouvait toujours atteindre le niveau des tout meilleurs, que ce soit Cristiano, Messi ou Neymar. Il a largement le potentiel. Ce qui m’énervait entre guillemets, c’est qu’il était critiqué. Soi-disant qu’il n’était pas présent dans les grands matches mais pour lutter dans les gros matches, il faut aussi être bien entourés. Parfois, à Chelsea, j’avais l’impression qu’il ne l’était pas forcément, notamment en Ligue des Champions. Pareil avec la Belgique où on ne sentait pas forcément une grosse unité dans l’équipe. Là, on voit que quand il est bien entouré, bien accompagné, notamment avec De Bruyne, Lukaku ou Courtois qui ressortent en ce moment, il est capable de faire ce qu’il a toujours fait."
Vous évoquez Ronaldo, Messi et Neymar. Eden est-il du même niveau, désormais ?
"Oui. Après, c’est certain que cela demande confirmation dans la durée. Pour être à leur niveau, il va falloir qu’il confirme en Ligue des Champions. Est-ce que cela passera par un transfert, pourquoi pas, à Madrid ? Peut-être (rires) . Mais je pense qu’aujourd’hui, en termes de qualités, il n’a rien à leur envier si ce n’est qu’Eden, comme il aime le jeu, le beau jeu, est peut-être moins obnubilé par les statistiques au contraire de Messi, Ronaldo, voire Neymar. Eux, ils courent après cela."
Mais le fait de toujours considérer le football comme un jeu n’est-il pas ce qui fait sa force ?
"Si, exactement. Il a toujours perçu le football comme cela. Quand je le vois jouer, il a toujours gardé cela. Il y en a qui sont plus personnels. Ce n’est pas la mentalité d’Eden. Il est comme cela. C’est un joueur collectif. Et je pense que quand les gens vont au stade, c’est pour voir des joueurs comme lui, des joueurs capables d’éliminer, de dribbler. Aujourd’hui, il n’y a plus beaucoup de joueurs qui sont capables de faire cela. Il n’y a peut-être que Neymar qui, dans le dribble, est au même niveau ou au-dessus. Dans le dribble et la beauté du jeu, il n’a rien à envier aux autres. Eden est le plus beau joueur du monde à voir jouer parce qu’il n’est pas dans la fioriture, il n’est pas dans le geste superflu, il n’est pas dans le chambrage. C’est un mec qui respecte ses adversaires et je suis content qu’on le voie comme cela au Mondial. On le voit enfin où tout le monde l’attendait, là où il était attendu vu son potentiel. C’est bien pour lui."
"Eden, c'est la simplicité"
Quand il faut définir Hazard en un mot, Rio Mavuba n'hésite pas très longtemps. "Disons la simplicité. Que ce soit en dehors ou sur le terrain, même s'il a cette faculté à faire des choses compliquées en éliminant, il respecte le jeu et joue simple. Quand il faut aller provoquer, il va provoquer. Quand il faut donner, il donne", précise-t-il. "Et en dehors, je l'ai vu sur mon association, il m'a toujours soutenu même quand il était à Chelsea; il est venu et a emmené Didier Drogba avec lui. C'est la simplicité parce que malgré son nouveau statut, il est resté le même."
"L'impression que je suis son chat noir"
Rio Mavuba est catégorique : “Malgré tout l’amour, toute l’amitié que j’ai pour lui, j’espère qu’il finira troisième de cette compétition. Je dis cela avant le match. S’il passe, j’espère qu’il sera champion du monde. Faut pas non plus abuser, je suis Français et j’ai envie que l’équipe de France soit championne du monde. Mais si Eden va au bout avec la Belgique, que le match se déroule bien, dans une bonne atmosphère, sans décision arbitrale polémique, que le meilleur gagne et j’espère que ce sera la France. Mais si Eden gagne, je serai pour lui et pour la Belgique”, sourit Mavuba qui n’a pas été en contact récemment avec son pote. “Parce que je n’ai pas envie de le déranger. Lors de la dernière Coupe du Monde, j’y étais aussi. À l’ Euro , je suis allé le voir peut-être juste avant l’élimination contre le pays de Galles. La grosse déception avec l’effectif qu’ils avaient. Là, je ne vais pas le déranger. J’ai l’impression que je suis son chat noir (rires).”
"Il a rendu fou Rami"
Quand Eden Hazard a fait tourner en bourrique la défense brésilienne ce vendredi soir, Rio Mavuba n’a pas pu s’empêcher de faire le parallèle avec les arabesques du Diable lors de certaines séances.
“Ah oui, il fait mal, très mal (rires). Je le laissais faire, je n’allais pas lui mettre trop de coups car on avait besoin de lui le week-end en match (rires). Il a rendu fou quelques défenseurs, notamment Adil Rami”, se remémore le milieu pour qui cette qualité de dribble s’explique : “Déjà, il a des premiers appuis assez impressionnants, un centre de gravité très bas et une protection de balle à montrer dans les écoles. Malgré son physique qui n’est pas très imposant, il arrive à être costaud sur ses jambes et il démarre vite. Très vite.”
Le secret viendrait-il donc de ce qu’Eden Hazard appelle lui-même “son gros cul” ?
“Possible, éclate de rire Mavuba. C’est pour cela qu’à l’époque, quand il est allé manger son burger à la fin du match, les Belges n’avaient pas compris qu’il avait besoin de cela”, continue le Français pour qui la réponse face au prodige est forcément collective. “Il peut se retrouver logiquement face à Benjamin Pavard qui est un joueur assez jeune et qui fait une Coupe du Monde assez exceptionnelle. Pavard peut s’en sortir; c’est un bon défenseur. Mais il va falloir lui mettre Varane aussi sur le dos ou Pogba et Kanté, les milieux défensifs ou le milieu excentré droit même si ce n’est pas la force de Mbappé. Il faudra une solution collective. Messi était plus axial, c’était plus simple. Dans un couloir, on peut plus se retrouver en situation d’un contre un, ce qui rend les choses plus compliquées. Deschamps va mettre quelque chose en place. Il n’y aura pas de plan anti-Hazard mais il faut éviter de le laisser en un contre un.”
"Sur la fin, il s'imposait déjà"
Rio Mavuba a longtemps été le capitaine d’Eden Hazard au Losc. Le voir s’affirmer dans ce rôle en sélection ne l’étonne qu’à moitié : “Dans ses dernières années à Lille, je le voyais plus parler, rassurer les jeunes qui arrivaient. Enfin, jeune, il avait le même âge mais avait plus d’expérience par rapport aux autres. Il s’imposait déjà. Cela a toujours été un leader technique mais dans la parole, il commençait à parler. À Chelsea, je pense qu’au départ, il a dû un peu observer, maintenant que c’est lui le patron, il doit le faire aussi”, souligne le milieu à qui Hazard avait demandé le brassard le soir de sa dernière avec les Nordistes.
Après une préparation de match assez atypique et un peu arrosé. “Ce sont des anecdotes de l’époque. On était certain de finir troisième; c’était le dernier match d’Eden; on a un petit peu célébré. Le lendemain, au bout de 30 minutes, le phénomène nous a mis un triplé. Exceptionnel. En plus, il m’avait demandé le brassard, je lui ai laissé le capitanat, je suis rentré à sa place à la fin. C’était un beau clin d’œil. Et là, je me disais que c’était juste un phénomène.”
"Les Yeux dans les Bleus en boucle"
Thorgan Hazard nous le confiait avant le tournoi : “Les souvenirs de la Coupe du Monde, ce sont plus des souvenirs de la France. Quand on était petit, c’était un peu la période où la Belgique n’allait plus trop en Coupe du Monde. C’est vrai qu’on regardait beaucoup la France. Maintenant, on a changé, c’est la Belgique avant la France. Il y a eu pas mal de tournois. Le plus gros souvenir, c’est la finale de 2006 avec la France et l’Italie et le coup de boule de Zidane. C’est quelque chose qui est resté.”
Plus âgé de deux ans, Eden avait, lui, 7 ans lors de la victoire de la France en 1998. Un succès qu’il a souvent vu et revu. Lorsque le temps ne permettait pas à la fratrie d’aller taper le ballon dans le jardin familial, le programme était tout trouvé. “On regarde ‘Les Yeux dans les Bleus ?’ me demandait Eden”, nous a glissé en souriant Michael Marcou, un proche de la famille. Résultat : les Hazard ne sont pas loin de connaître par cœur le documentaire qui a révélé les coulisses de l’épopée des Bleus de Didier Deschamps. Et Thierry Henry.