De Witsel à Nainggolan, le maestro a changé, le tempo aussi
Outre son but et ses qualités techniques, Radja Nainggolan a imposé son rythme à France-Belgique. Décryptage du nouveau jeu des Diables et de ses conséquences.
- Publié le 08-06-2015 à 14h33
- Mis à jour le 08-06-2015 à 19h13
Outre son but et ses qualités techniques, Radja Nainggolan a imposé son rythme à France-Belgique. Décryptage du nouveau jeu des Diables et de ses conséquences.
Ce dimanche, la France a fait connaissance avec Radja Nainggolan. Un peu tard, sans doute, mais on se gardera bien de donner la leçon puisque nos Diables rouges eux-mêmes se sont trop longtemps passés des services du Ninja. Le repositionnement du joueur de la Roma en n°6 change tout et l'énorme contraste avec les deux derniers duels franco-belges (0-0 en 2011 et 2013) trouve en partie son explication dans les pieds de l'homme à la crète.
Plus encore que la présence plus près du but adverse d'Axel Witsel, dont les capacités d'infiltreur ont notamment permis d'obtenir le penalty du 1-4, l'intronisation de Nainggolan au poste de n°6 a changé le visage de l'équipe. En véritable meneur de jeu reculé, Radja accélère les transitions belges et fait voyager le ballon plus vite. Souvent à la recherche de passes mi-longues, il fait bouger le bloc adverse et n'hésite pas lui-même à s'aventurer dans les trente derniers mètres, à l'image de son but.
A l'inverse, Witsel était avant tout un joueur d'interdiction dans le schéma "Mondial 2014". Si la Belgique a retrouvé de la stabilité défensive et réussi à n'encaisser que trois petits buts en dix matches de phase qualificative pour le Mondial, c'est surtout grâce à lui. Mais cette configuration avait montré ses limites au Brésil avant de les atteindre à nouveau contre le pays de Galles, lors du décevant 0-0 au stade Roi Baudouin.
Le maestro des Diables n'est donc plus le même et cela se ressent nettement dans la physionomie des matches. Chypre a été écrasé 5-0 par des Diables qui étaient trop souvent en difficulté contre les défenses regroupées. A Jérusalem, Radja est sorti du lot en étant le seul à jouer à son véritable niveau. Enfin, ce dimanche, il a éclaboussé le stade de France de toute sa classe et si le spectacle fut au rendez-vous, c'est en grande partie grâce au rythme qu'il a donné au match.
De Brel à Stromae
Car c'est bien de ça qu'il s'agit: en changeant de maestro, les Diables rouges ont changé de tempo. Witsel, c'était "Le port d'Amsterdam" de Brel. Une partition d'une magnifique lenteur dont il se dégageait une véritable force tranquille. Mais c'était devenu un peu trop propre, comme une nappe trop blanche. Nainggolan, c'est plutôt "ta fête" de Stromae. Pas de round d'observation, on est directement dans le rythme. Le tempo soutenu est sans répit et tant pis si c'est parfois trop enthousiaste. Avec Radja, c'est l'adversaire qui se fait balancer au rythme des orientations de jeu du Ninja.
On est donc prêt à parier que, sur le moyen terme, les buts se feront plus nombreux dans les matches où Nainggolan sera aligné en n°6. Pour le spectacle, c'est forcément une bonne chose. Pour l'efficacité, seul l'avenir nous dira si ce tempo soutenu se montrera bénéfique. Mais il sera probablement plus compliqué pour nos futurs adversaires de contrer un rythme élevé, qui plus est avec un Axel Witsel plus proche de la zone de finition et un Eden Hazard lancé plutôt qu'à l'arrêt. Quant aux nombreuses occasions que l'on concèdera à cause de cette métamorphose, on se dira simplement que lorsqu'on a un Thibaut Courtois dans les buts, autant s'en servir…
Nicolas Christiaens