De Bruyne - Hazard : Les rois de la passe et du dribble
De Bruyne et Hazard s'affrontent ce dimanche, dans une opposition de style. Analyse.
- Publié le 03-03-2018 à 12h59
- Mis à jour le 03-03-2018 à 13h00
De Bruyne et Hazard s'affrontent ce dimanche, dans une opposition de style. Analyse.
Ambidextre : "Il passe quand il veut"
Kevin De Bruyne sait utiliser ses deux pieds. Une qualité qui lui permet de jouer plus rapidement. "Il peut faire une passe quand il veut, analyse Thomas Chatelle. Il n’a pas besoin de se mettre sur son bon pied ou dans une certaine position. Ses passes, il peut les faire même en courant. Sans changer de foulée, il peut donner un bon ballon."
"Il avait déjà cette aptitude tout petit, poursuit Alex Teklak. Il l’a simplement développée au niveau de la puissance, de la précision et du volume."
Sa technique de passe est aussi particulière. Et son volume de jeu l’aide à faire le bon geste. "Il a du coffre et reste donc lucide au moment de donner le ballon , soulève Chatelle. Même après une longue course ou plusieurs sprints."
Efficace : "Il dribble utile"
Il dribble souvent. Mais malgré la prise de risque continue dans son jeu, Eden Hazard est efficace. "Il dribble utile, confie Alex Teklak. Ce ne sont pas des dribbles Youtube. Il n’a pas une palette comme Neymar ou Ronaldinho. Eden se base sur quatre dribbles qu’il maîtrise. Et ils lui suffisent."
"Parfois, il dribble sans ballon aussi, note Benoit Thans. Il laisse passer un ballon entre ses jambes pour un partenaire. Et son une-deux, il est toujours efficace."
Son efficacité dépend aussi de sa position. "Pour qu’il reste efficace, il doit être sur le flanc, dit Chatelle. Parce qu’il fonctionne avec des moments d’explosion. Il a donc besoin de petits temps de récupération. Quand il accélère, cela demande une énorme dépense d’énergie. Quand il est devant, il a moins le temps pour récupérer."
Concret : "Kevin casse les lignes"
Ses passes sont rarement en retrait ou latérales. "Sa passe verticale est très souvent décisive, insiste Benoit Thans. Il peut être moyen dans un match et faire trois passes décisives sur trois passes."
"S’il est si fort pour l’instant, c’est aussi parce que le jeu de City lui correspond, souligne Chatelle. Les flancs prennent souvent la profondeur. Et Kevin aime faire des passes qui cassent les lignes."
"Je pense qu’il ferait moins de passes décisives avec un autre entraîneur, confirme Alex Teklak. Guardiola le sublime parce que tous les appels de balle sont faits pour lui." De Bruyne est celui qui fait le plus de passes en profondeur en Premier League : 28 depuis le début de saison.
Appuis solides : "Une boule de muscles"
Hazard n’a pas le physique des dribbleurs sud-américains. Son style est atypique. "Il est très fort sur ses jambes, souligne Alex Teklak. Il en faut déjà beaucoup pour qu’il soit déstabilisé. Dans un duel au corps à corps, il tient sur ses cannes. Plus que Neymar, qui est plus léger. Eden est plus massif, c’est une boule de muscles."
"C’est aussi ce qui explique qu’il est le meilleur dribbleur, complète Thomas Chatelle. Il peut dribbler deux ou trois joueurs sans tomber. Il est puissant et explosif. C’est difficile de le mettre au sol."
"L’explication, c’est aussi que son centre de gravité est très bas", dit Thans.
Vision du jeu : "Gestion unique de l’espace-temps"
Tous les observateurs se rejoignent : "Kevin De Bruyne voit plus vite que tout le monde". "Il anticipe tout, relève Benoit Thans. Il est au courant de tout ce qui se passe autour de lui."
"Sa coordination entre réception du ballon et prise de décision est excellente, complète Alex Teklak. Il n’arrête pas de regarder autour de lui. Il a un torticolis à la fin d’une rencontre. Mais il profite aussi du jeu de position de Guardiola. Tout est maîtrisé. Du coup, quand il a le ballon, il a juste à faire la bonne passe en quelque sorte. C’est pour cela qu’il est sublimé dans ce système."
"Sa gestion de l’espace-temps est unique, explique Thomas Chatelle. Ses passes sont toujours données dans le bon tempo. C’est une capacité innée. Mais elle est surdéveloppée chez lui."
Dribble préféré : "Une explosibilité incontrôlable"
Hazard le dit lui-même : il se sent plus à l’aise sur son flanc gauche. "C’est là qu’il est le plus fort, affirme Thomas Chatelle. C’est presque impossible de l’arrêter et de savoir ce qu’il va faire tellement il va vite. Soit il va te passer, soit il va tirer, soit prendre appui sur un coéquipier. Quand il est lancé, c’est presque injouable."
"Son dribble, Hazard le doit à son explosivité, abonde Teklak. Sa conduite de balle est unique. Il est imprévisible. Il arrive à pleine vitesse, il ralentit et au moment où le défenseur se calibre sur sa course, il casse le rythme et accélère une deuxième fois." "Ce qui est le plus dur pour un défenseur, c’est que tu ne sais pas quand il va démarrer", dit Thans.
Hazard et De Bruyne n’ont pas les mêmes qualités
Les comparer serait aussi impossible qu’inutile. Ils sont sans doute les deux plus grands talents du football belge. Mais leurs qualités sont différentes. L’un s’appuie sur son jeu de passe. L’autre sur son talent balle au pied. "Ce sont deux joueurs complémentaires, dit Benoit Thans. Et nous avons une immense chance de les avoir en équipe nationale. Mais il faut encore que Roberto Martinez trouve la bonne solution."
"En fait, De Bruyne aime beaucoup les joueurs qui prennent la profondeur sur le flanc, remarque Thomas Chatelle. Il aime casser les lignes, alors qu’Eden Hazard préfère demander le ballon dans les pieds. Il va souvent décrocher pour ensuite prendre de la vitesse et dribbler. Cela explique peut-être pourquoi cela ne fonctionne pas si bien en équipe nationale."
Dans leurs domaines , ils sont les meilleurs. Mais KDB est moins efficace quand il devra dribbler. Idem pour Hazard quand il doit faire une passe. "La différence, c’est qu’Hazard n’a pas besoin d’être sublimé par un système, relève Teklak. C’est un joueur qui plaira d’office à son entraîneur. Parce qu’il fait plus facilement la différence tout seul et sans les autres. Là où De Bruyne a plus besoin de ses partenaires."
"Au niveau progression, celle de De Bruyne est plus impressionnante, conclut Benoit Thans. On n’avait pas remarqué tout de suite ses capacités. Alors qu’Eden est toujours celui d’il y a 6 ou 7 ans. C’est simplement la maturité qui a changé chez lui."