Comment Kevin De Bruyne maîtrise l’espace et le temps
Décryptage avec Roberto Martinez et Thierry Henry
- Publié le 27-04-2018 à 19h00
- Mis à jour le 29-04-2018 à 09h47
Décryptage avec Roberto Martinez et Thierry Henry "Les joueurs moyens compliquent le jeu, les grands le simplifient."
La formule est signée Thierry Henry sur Skysports. Elle vient qualifier la saison de Kevin De Bruyne.
Passé le temps de l’admiration vient le temps des questions : comment le milieu a-t-il pu à tel point s’avancer comme un joueur dominant cette saison ? Pas assez pour être élu joueur de l’année mais suffisamment pour générer un enchantement quasi permanent. "C’est parce qu’il comprend en permanence l’espace et la distance", a expliqué le T3 des Diables pour qui "il y a une vraie réflexion derrière tout ce qu’il fait".
Aux côtés du Français, Roberto Martinez a exploré les rouages de la belle mécanique. Instructif, forcément, à moins de 7 semaines de la Coupe du Monde…
Son pressing : "Il est contagieux"
La scène s’est produite à plusieurs reprises contre l’Arabie saoudite. Kevin De Bruyne s’est retrouvé positionné très haut, à 20 mètres du but adverse, haranguant ses coéquipiers à le suivre dans le pressing qu’il venait de déclencher. Sans forcément être suivi, ce qui, au passage, dessine un vrai axe de travail pour le staff. Mais l’intention était claire. "Pourtant, s’il n’y va pas, vous n’êtes pas forcément mécontent", note Thierry Henry. "Mais quand vous voyez un joueur comme lui le faire, probablement votre meilleur joueur, cela entraîne les autres, c’est contagieux. ‘S’il le fait, je ferai mieux de le faire’. Il fait beaucoup de choses avec le ballon mais aussi sans."
Son positionnement : "Il joue dans l'espace"
Les zones d’évolution du Diable sont multiples. Sa liberté de mouvement totale. Ce qui le rend presque impossible à marquer. "En fait, sa manière d’ouvrir les lignes de passe et la distance qu’il met entre lui et les adversaires le rendent vraiment difficile à arrêter car cela lui permet de créer des espaces pour les autres. Il ne joue pas à un poste, il joue dans l’espace", a décrit Martinez. "Et si vous donnez de l’espace à quelqu’un comme Kevin De Bruyne, il va soit faire une passe longue, soit une courte. C’est pourquoi, en sélection, il est capable de jouer à plusieurs postes."
Son utilisation en sélection : "5 joueurs devant lui"
D’abord utilisé plus près de Romelu Lukaku, à la même hauteur qu’Eden Hazard ou Dries Mertens, KDB a depuis reculé pour prendre place aux côtés d’Axel Witsel. Le basculement s’est opéré une première fois contre l’Estonie en novembre 2016 pour se confirmer sur les trois derniers matches. "Nous avons vu une grosse évolution. Nous l’avons vu dans un rôle central où il peut délivrer de longs ballons. Parfois, vous devez utiliser les joueurs en forme et réfléchir à la manière de les faire évoluer ensemble. Quand vous avez un Kevin qui peut jouer reculé, cela vous permet d’avoir 5 joueurs devant lui qui sont autant de cibles", précise le sélectionneur. "La manière dont il les voit est différente de tous les autres meneurs de jeu. Avec la précision de son jeu long, il peut vous apporter de la profondeur. Ou il peut jouer plus court à l’intérieur."
Son profil "Un meneur moderne"
Les 10 à l’ancienne ont vécu. Le poste s’est réinventé. Positionné très bas, Andrea Pirlo avait initié une tendance. De Bruyne pourrait en créer une autre grâce à son profil qui le rend unique ou presque et qui fait de lui "un meneur moderne" pour Martinez, qui a ensuite étayé son raisonnement : "Les meneurs avaient l’habitude d’avoir le ballon deux secondes. Ils avaient presque besoin que le rythme du match baisse ou s’arrête pour trouver une passe. Je pense que ce que Kevin apporte, vous ne pouvez pas le trouver dans un autre meneur au monde, parce qu’il a cette capacité d’être dynamique dans son jeu et il peut faire les choses à pleine vitesse. Cette rapidité d’exécution et cette faculté à faire les choses dans le mouvement sont uniques."