Belgique - Tunisie revu par Thomas Chatelle : "Kevin De Bruyne a accepté un rôle de l’ombre"
Notre consultant Thomas Chatelle revient en cinq points sur la belle victoire des Diables rouges face à la Tunisie ce samedi après-midi.
- Publié le 24-06-2018 à 17h43
- Mis à jour le 24-06-2018 à 17h44
Notre consultant Thomas Chatelle revient en cinq points sur la belle victoire des Diables rouges face à la Tunisie ce samedi après-midi.
1. Le gros changement dans cette équipe par rapport aux amicaux, c’est l’attitude de Kevin De Bruyne. C’est comme s’il avait fait le deuil de son statut de star et accepté qu’Eden Hazard ait davantage cette étiquette. Il a pris un rôle dans l’ombre. Il ne rechigne pas à ce nouveau statut. C’est un sacrifice. Et il ne râle pas en le faisant. On ne sent plus le manque de reconnaissance dans son chef. S’il y avait une course d’ego entre Hazard et lui, elle a totalement disparu. Ce déclic a eu lieu récemment. Roberto Martinez a beaucoup parlé avec lui et il a réalisé un travail sur lui. Ça se traduit dans le jeu. Hazard a pris les premiers rôles. De Bruyne s’est effacé dans un rôle plus ingrat, mais qui fait de lui un vrai leader.
2. Je ne suis jamais trop dans cette idée de jouer au jeu des calculs. Quand on a un élan dans un tournoi, il ne faut pas trop calculer. Commencer à tabler sur un match nul ou une défaite, c’est contre-productif. OK, être dans la bonne partie de tableau, ça peut changer ton Mondial. Que ce soit en quart ou en demi-finale, tu prendras de toute façon gros. Il faudra à un moment sortir un exploit. On peut calculer pour le postposer d’un tour, mais je pense qu’il faut y aller naturellement, vivre le tournoi comme il se présente. L’équipe est mûre et prête à le faire. Garder la dynamique du groupe est la meilleure chose à faire. Nous n’avons pas une équipe pour calculer. Il faut jouer sur l’enthousiasme présent dans le groupe. Faire exprès de perdre casserait un flow positif.
L’équipe est honnête et correspond aux valeurs de Martinez. Tout ce qui a été mis en place prend forme et montre une véritable cohérence. Toutes les critiques ont été balayées. OK, ce n’est que la Tunisie et le Panama, mais d’autres nations se sont cassé les dents sur des blocs compacts. Les Belges leur ont inscrit huit buts en deux matches. On doit reconnaître cette performance.
3. La sérénité est arrivée grâce à Roberto Martinez qui a créé un onze de base. On a souvent dit qu’on n’avait pas de plan B. Mais, en même temps, Lukaku est tellement installé que ça lui a conféré une confiance incroyable. Ça a installé des automatismes que peu d’équipes possèdent. Les actions qu’on a vues face à la Tunisie, personne d’autre n’en a fait autant car nous sommes les seuls à avoir joué avec le même onze et le même système.
4. Roberto Martinez a son onze de base depuis le début des amicaux. Je l’imagine mal réaliser une tournante complète jeudi, il fera certainement davantage au cas par cas. La priorité doit être d’épargner les joueurs qui ont des soucis physiques. Michy Batshuayi est bien monté au jeu et peut prendre la place de Lukaku vu sa blessure à la cheville. Kevin De Bruyne est apparu assez émoussé. Il semble souffrir de la chaleur et a vécu une longue saison. À voir aussi comment réagira Eden Hazard. Il faudra aussi compter avec la fatigue mentale de certains. La gestion des cartons jaunes sera un autre paramètre important. Toutes ces données permettent d’offrir un peu de rythme à ceux qui n’ont pas eu de temps de jeu. Comme Nacer Chadli, par exemple, qui devra peut-être jouer si Meunier prend un deuxième carton jaune. Les Diables sont dans une situation de luxe qui leur permet de penser à long terme.
5. Les Diables vont de moins en moins pouvoir se cacher. Les projecteurs sont désormais tournés sur eux et ils sont clairement passés du statut d’outsiders à favoris. Roberto Martinez a dit que les Diables n’étaient pas favoris pour protéger son groupe. Les joueurs, eux, assument davantage ce statut. Les récentes déclarations des Diables laissaient entendre qu’ils ont envie de gagner cette Coupe du Monde. Tous les gars évoluent dans des grands clubs européens où ils ont la pression au quotidien. Le statut des Belges a aussi changé à cause des autres grandes nations et leurs prestations en deçà des attentes. D’un côté donc, les espoirs augmentent, de l’autre, la pression est plus présente. En même temps, personne parmi les favoris ou outsiders n’a aussi bien presté durant ce premier tour.