Belgique - Brésil: des centaines de fans bloqués en Belgique!
Frustrés, ils ont leur ticket… mais pas de vol pour arriver à Kazan.
- Publié le 05-07-2018 à 06h41
- Mis à jour le 05-07-2018 à 14h55
Frustrés, ils ont leur ticket… mais pas de vol pour arriver à Kazan. Lorsque l’Union belge a adressé un mail au lendemain de la qualification belge face au Japon pour avertir les membres des fan-clubs des Diables qu’ils disposaient de quelques tickets supplémentaires pour assister au quart de finale contre le Brésil, c’était bien entendu l’explosion de joie chez les supporters. Ni une ni deux, Clément Pirotte, fidèle supporter des Diables depuis plus de 20 ans se décide.
"J’y étais contre la Tunisie et contre l’Angleterre, j’ai mes billets pour l’Écosse et l’Islande en septembre, je suis les Diables partout. C’est donc logiquement que j’ai pris un billet pour le match face au Brésil. Malheureusement, il n’y a pas de vol pour nous y amener. C’est honteux. Il y a à peine deux avions qui ont été affrétés. Au total, 405 places et si l’on compte les invités, les VIP, les sponsors et autres, je ne suis même pas sûr qu’il y aura de la place pour 100 vrais supporters."
Pour Clément, c’est à nouveau une histoire typiquement belge. "Si l’on voit le match contre la Tunisie, il y avait quatre vols alors que les Tunisiens étaient bien plus nombreux que nous. Comment expliquer aussi qu’ils ont payé 80 euros le billet d’avion alors que nous avons dû débourser 498 euros. Ici, les quelques places qui ont été mises en vente sont parties en un quart d’heure. Et comme par hasard, les prix flambent à mesure qu’on avance dans la compétition. Ici, l’aller-retour était proposé à 699 euros. Avec la réduction de 150 euros en tant que membre de 1895, cela revenait à 549 euros."
Impossible , désormais, de dénicher le moindre ticket à moins de 1.000 euros, avec escale et parfois plus de 20 heures de trajet. "C’est honteux. Brussels Airlines nous dit qu’ils n’ont pas les moyens de proposer un vol supplémentaire, mais je suis sûr que cela doit être possible. Et ils le rempliront, c’est sûr ! Je n’ai pas encore payé ma place pour le match, je ne perdrai donc pas d’argent, mais c’est scandaleux de ne pas tout mettre en œuvre pour nous permettre d’aller supporter notre équipe. Les seuls vols que nous avons trouvés nous emmènent à Moscou, pour 314 euros. Pour un vol intérieur vers Kazan, il faut encore rajouter 500 euros. Et si on veut faire le trajet en voiture (800 km), la location revient à 400 euros. Et après on viendra encore se plaindre que les supporters ne sont pas assez nombreux dans le stade. Moi, j’y étais déjà dans les années noires, avec quelques centaines de supporters à peine. Voilà comment on nous remercie !"
"On a fait le maximum"
Dès la qualification des Diables actée pour le quart de finale face au Brésil, Brussels Airlines a décidé d’affréter un A319 (141 sièges) pour acheminer les supporters vers Kazan. "Vu l’engouement, nous avons dû rapidement chercher des solutions pour dénicher un ou deux avions supplémentaires", explique Wencke Lemmes-Pireaux, porte-parole de Brussels Airlines. "Mais vu que nous sommes sur un week-end très chargé de départs en vacances, nous n’avons pu que proposer un A330 de 264 sièges. En moins d’une heure toutes les places ont été vendues. C’est vraiment le maximum que nous pouvions faire car en cette haute saison, nous tournons à plein régime."
Le fait que les Diables jouent à Kazan n’a pas aidé non plus. "Ce n’est pas aussi simple que vers Moscou par exemple. Kazan n’est pas une destination que nous desservons donc il faut demander des créneaux horaires et d’autres autorisations. De plus Kazan est un petit aéroport qui n’a pas une capacité d’accueil extensible. Nous avons cherché toutes les solutions, mais faire plus n’était tout simplement pas possible."
1.300 € d’avion et deux places perdues !
Laurence perd deux billets pour le match. Son mari partira seul via un vol déniché à prix d’or !
Laurence Yannart ne comptait pas se rendre en Russie, contrairement à son mari, véritable mordu des Diables Rouges. "Il fait tous les déplacements et a déjà ses tickets jusqu’à la finale ! Il est allé voir les matches depuis le début et, quand nous avons appris que des places étaient disponibles pour la rencontre face au Brésil, on s’est dit qu’on allait l’accompagner avec ma fille. J’ai donc réservé deux places, dont on doit prendre possession à Kazan. Mais il est impossible de s’y rendre car les deux avions affrétés par Brussels Airlines sont complets."
Les places se sont en effet vendues en moins d’une heure et lorsque Laurence s’est adressée à l’Union belge pour savoir quelle autre solution était proposée, elle n’a obtenu pour seule réponse que de chercher sur Internet… "Mais on ne trouve rien à des prix décents. Pour mon mari, on a fait le sacrifice en réservant un trajet via Istanbul, mais nous avons dû débourser 1.400 euros ! On ne peut pas se permettre cela pour nous trois car c’est hors de prix. Il n’y a plus rien de disponible à des tarifs plus intéressants, sous peine de se farcir des dizaines d’heures de trajet sans garantie d’arriver à l’heure pour le match."
Laurence a un moment envisagé de prendre l’avion jusqu’à Moscou puis de louer une voiture, mais elle n’est pas rassurée à l’idée de prendre la route entre Moscou et Kazan."Il y a 800 km entre les deux villes, on ne connaît pas la route et avec les inscriptions en cyrillique, on a peur de ne pas s’y retrouver. Pour moi et ma fille, le rêve d’aller voir les Diables face au Brésil est donc oublié. J’ai demandé à annuler mes tickets et c’est devant la télé qu’on supportera notre équipe nationale."
Pour autant, Laurence n’a pas fait une croix sur la Russie. "J’ai déjà regardé les vols vers Saint-Pétersbourg au cas où on devait se qualifier pour la demi-finale. Pour le moment, il y a des billets à 500 euros, avec d’autres vols que le fan flight. Mais on ne sait pas comment vont évoluer les prix d’ici quelques jours. Si cela reste abordable, on sera peut-être du voyage…"
Sans supporters, il n’y a pas de football
La Dernière Humeur est signée Michaël Kaibeck.
Les supporters belges sont parmi les plus chauds du monde. Qu’ils soient 50 ou 10.000 dans un stade, ils se font toujours entendre avec la même ferveur. Et la ferveur, c’est peu dire qu’elle monte encore d’un cran avec ce match contre le Brésil qui approche à grands pas. Cependant, pour certains supporters les plus fidèles des Diables, c’est le drame. Ils ont un précieux sésame pour le match du siècle mais impossible de se rendre à Kazan par manque d’avions afin d’assister, on l’espère, au triomphe de notre génération dorée.
Comment peut-on dire à des gens qui ont économisé pendant quatre ans, parfois plus, pour réaliser le rêve de leur vie que, finalement, ils ne pourront pas le réaliser?
C’est cruel et injuste. C’est surtout un manque de respect pour tous ceux qui pensent football, respirent football, vivent football et devront se contenter de rester devant leur télévision en encadrant leur ticket d’entrée en stade en souvenir de cette soirée.
Dans tout ce football business, on a parfois tendance à en oublier les fondamentaux. Sans supporters, il n’y a pas de recette, il n’y a pas d’ambiance et surtout, il n’y a pas de football. Peu importent les responsabilités dans cette affaire, elle dénote une nouvelle fois le peu d’intérêt pour ceux qui font vivre cette énorme machine qu’est la
Fifa et prive notre équipe nationale d’un soutien massif dont elle aura bien besoin face à l’ogre brésilien.