1 jour, 1 Diable: Thomas Meunier, de magasinier simple et réservé à footballeur pro
Il n’y est peut-être resté que quatre mois. Mais il a marqué les esprits. Au sein de l’entreprise Saint-Gobain Autover, spécialisée dans les plus grandes gammes de vitrages pour voitures, camions et autobus, ses anciens collègues se souviennent de Thomas Meunier comme d’un garçon charmant. Rencontre.
- Publié le 30-05-2016 à 13h47
- Mis à jour le 30-05-2016 à 13h57
Les anciens collègues de Thomas Meunier, à l’époque où il était magasinier, se souviennent d’un gars simple et sympathique. Il n’y est peut-être resté que quatre mois. Mais il a marqué les esprits. Au sein de l’entreprise Saint-Gobain Autover, spécialisée dans les plus grandes gammes de vitrages pour voitures, camions et autobus, ses anciens collègues se souviennent de Thomas Meunier comme d’un garçon charmant.
"Il était apprécié de tout le monde ici", explique Pierre Poncelet, qui a écolé le Diable Rouge en tant que magasinier.
"Il est arrivé chez nous en 2011. Il jouait pour Virton et un membre du staff gaumais travaillait pour nous. Il a donc proposé à Thomas de nous rejoindre en tant qu’intérimaire. Son boulot consistait à préparer des commandes d’accessoires de joints pour les vitrages avec un chargeur. Il mettait les articles dans une caisse, qui étaient envoyés pour les commandes."
Pour combiner football et travail, Meunier avait un horaire aménagé.
"Il ne faisait pas les pauses. Il avait un horaire de jour : 8h-16h. Il lui arrivait souvent de partir à l’entraînement à Virton, directement après le boulot."
À Saint-Gobain, le Belge n’était pas dépaysé puisque là-bas, le foot est roi.
"Le lundi matin, on parle tous de foot. Quand Thomas était là, c’était déjà le cas. On regardait ses matches sur TV Lux, la télé locale, puis on en discutait avec lui."
À l’époque déjà, il ne faisait aucun doute que le natif de Saint-Ode terminerait professionnel.
"Il avait un talent fou. Mais il était simple et réservé. Pas le genre à prendre la grosse tête. Plusieurs clubs le suivaient de près et l’avaient approché. Saint-Trond, Anderlecht et le Standard étaient interessés, mais il a finalement choisi Bruges."
Quelques jours après avoir signé son premier contrat comme footballeur professionnel, Thomas Meunier a quitté l’entreprise bastognarde.
"On pourra toujours dire qu’on a été sa première équipe", sourit Pierre Poncelet. "C’est chez nous qu’il a fait ses premiers pas dans le monde professionnel. Et quand il est parti, il nous a dit qu’il serait bien resté, car il s’amusait bien."
Depuis lors, Pierre n’a pas perdu contact avec le défenseur et est même devenu un fervent supporter des Blauw en Zwart.
"Avant, j’étais pour le Standard , je l’avoue. Mais j’ai tourné casaque (sic) au moment où Thomas est parti à Bruges. Je suis un peu le judas des supporters" , se marre-t-il.
À présent , il ne manque plus une rencontre des Brugeois.
"Je vais parfois au stade mais ce n’est pas la porte à côté. Thomas m’invite parfois là-bas. Il me prépare mes entrées et j’ai déjà passé le week-end chez lui après un match. Mais c’est surtout devant ma télévision que je suis les matches."
Où il vibre pour son champion.
"Quand les voisins m’entendent crier, ils savent que Meunier a marqué, rigole-t-il. Quand je vois le numéro 19 à la télé et qu’il est en position de marquer, je parle tout seul !"
Il est même parvenu à endoctriner plusieurs de ses collègues…
"Je suis devenu supportrice de Bruges grâce à Pierre", précise Valérie De Mol, customer service à Autover Saint-Gobain. "Il me parle tous les jours de Thomas et de ses performances. Et j’adorerais aller voir un match avec lui."
Même si ça ne sera sans doute plus au Jan Breydel.
"Thomas est prêt pour l’étranger" , note Pierre Poncelet. "Je le vois bien en Angleterre ou en Allemagne. Mais on verra. C’est quelqu’un de réfléchi et je suis certain qu’il fera le bon choix pour la suite de sa carrière."
Où il pourra encore compter sur le soutien inconditionnel de son ancien collègue.
"Pour moi, Thomas est un attaquant"
Pierre Poncelet avoue toutefois que le repositionnement de Meunier en défense a permis à sa carrière de faire un bond
Quand Thomas Meunier évoluait encore sous les couleurs de Virton, il évoluait au poste de numéro 9, où il brillait chaque semaine.
"Mon père était abonné à Virton et moi, j’y allais souvent aussi", se souvient Pierre Poncelet. "Thomas, c’était la grande classe en attaque. D’ailleurs, pour moi, c’est toujours un attaquant !"
Une position à laquelle Meunier n’évolue plus. "Je lui en ai déjà parlé et lui m’a dit que peu importait sa place, l’important était qu’il joue. On ne peut pas se borner à refuser une place à ce niveau-là. Mais ici, on reste persuadés que Thomas est un attaquant."
Mais il admet que s’il n’était pas devenu back droit, le natif de Saint-Ode n’aurait sans doute jamais connu les joies de la sélection nationale. "Sans ce repositionnement en défense il y a quelques années, il est clair que la carrière de Thomas aurait sans doute pris une tournure différente. L’entraîneur a fait son choix et s’il était resté ailier droit à Bruges, Thomas ne serait peut-être pas titulaire… ni Diable Rouge."
Pierre s’adonne même à une comparaison. "Une équipe de football, c’est un peu comme une entreprise. Il faut mettre les bonnes personnes aux bons endroits pour que la mayonnaise prenne. C’est ce que Preud’homme a fait en laissant Meunier au back droit. Mais je constate qu’il lui laisse tout de même le champ libre pour monter, ce qui est très important car Thomas a d’impressionnantes qualités offensives."
De quoi faire de lui un candidat à un poste de titulaire en équipe nationale ? "Il y a tellement de joueurs de classe mondiale chez les Diables que ça va être compliqué. Ils jouent tous à l’étranger et ce n’est pas évident de les concurrencer. Mais le fait d’être sélectionné est déjà exceptionnel."
"Je lui avais promis un Quick mais…"
En tant que supporter de Bruges (converti), Pierre Poncelet a vécu le titre des Blauw en Zwart de manière euphorique. "Après cinq ans passés, là-bas, je trouve que c’est une superbe récompense pour Thomas. Le club a fait de l’excellent boulot."
C’est devant sa télévision que Pierre a vécu ce moment. "J’étais dans un café entouré de supporters du Standard… mais surtout d’Anderlecht. Je peux vous dire qu’ils ne rigolaient pas. Mais moi, à chaque goal, je remettais une tournée", rigole-t-il.
Il avoue tout de même avoir un regret. "Je suis juste déçu que Thomas n’ait pas pu marquer un petit but à Silvio Proto. J’avais promis de lui payer un Quick s’il le faisait mais bon, ça n’a pas marché !"
"Un t-shirt sous le maillot pour dire merci"
Thomas Meunier n’a pas oublié ses anciens collègues de Saint-Gobain. Il y a quelques mois, il leur avait même fait une petite dédicace. "Sous son maillot, il portait un t-shirt où sur lequel il nous remerciait", se rappelle Pierre Poncelet.
"Cela avait évidemment fait plaisir à tout le monde. C’est une immense fierté d’avoir pu accueillir un champion de son calibre dans notre entreprise. C’est notre champion."