Comment le retour de Zlatan va changer la vie de Lukaku
La scène s’est déroulée ce samedi et tourne depuis en boucle sur les plateaux de télévision anglais. Sitôt les pieds remis sur la pelouse d’Old Trafford, Zlatan Ibrahimovic s’égosille, allie les grands gestes des bras à la parole, demandant à Romelu Lukaku d’aller se positionner dans le couloir droit pour mieux lui faire place nette dans l’axe.
- Publié le 22-11-2017 à 11h54
La scène s’est déroulée ce samedi et tourne depuis en boucle sur les plateaux de télévision anglais. Sitôt les pieds remis sur la pelouse d’Old Trafford, Zlatan Ibrahimovic s’égosille, allie les grands gestes des bras à la parole, demandant à Romelu Lukaku d’aller se positionner dans le couloir droit pour mieux lui faire place nette dans l’axe.
"C’était hilarant. Je ne sais pas si José lui a dit de le faire, mais il l’a fait quand il est entré", a gloussé Jamie Redknapp lors du Monday Night Football de Skysports avant de reprendre son sérieux : "tôt ou tard, Lukaku devra lui dire qu’il ne veut pas aller à droite. Zlatan ne fera pas ce boulot-là. Lukaku non plus. Et je ne pense pas qu’ils puissent jouer tous les deux devant ensemble".
La prise de position sur ce débat qui va rythmer la suite de la saison anglaise est tranchée. Sans faire l’unanimité : Andy Cole, qui a formé avec Dwight Yorke l’un des derniers duos mythiques de l’attaque mancunienne est par exemple persuadé du contraire. "Je n’ai aucun doute sur le fait que Zlatan va faire sortir le meilleur de Romelu", a assuré l’ancien attaquant.
La lecture des événements invite à plus de nuances. Lors des 13 minutes qu’ils ont passées ensemble sur le terrain, Lukaku et Ibrahimovic ont échangé 5 ballons, un chiffre important qui dénote la volonté de jouer l’un avec l’autre, ce qui n’était pas forcément le cas quand Zlatan évoluait aux côtés d’Edinson Cavani à Paris. Mais la donne apparaît différente.
D’abord parce que les deux hommes partagent le même agent, à savoir Mino Raiola, ce qui peut aider à aplanir certaines divergences de vue. Ensuite parce que lors de sa prolongation de contrat d’un an, le discours tenu à Ibra était relativement clair.
En substance, le Suédois allait avoir le temps de se retaper mais, à 36 ans, il incarne moins le futur immédiat des Red Devils que Lukaku. Enfin parce que le discours des deux hommes laisse transparaître la volonté de bien cohabiter.
Si, avec justesse , l’ancien international gallois Craig Bellamy rappelait que "partout où il est passé, Zlatan a toujours été la star de ses équipes", le Suédois, qui prend indubitablement beaucoup de place, sait aussi qu’il va devoir trouver la sienne. Et la présence du Diable va l’aider.
"L’équipe est plus forte cette saison. Lukaku marque et me facilite le travail parce que l’année dernière, on ne pouvait pas changer les rôles. Nous n’avions qu’un joueur qui marquait et il n’y avait pas d’alternative pour le coach", a évoqué le crack sur Sky en parlant de lui à la troisième personne. "Lukaku, ce n’est que du positif, parce qu’il m’ôte de la pression, me donne du temps et j’en suis ravi".
Dans un clip promotionnel tourné avec Volvo, Ibra en a remis une couche : "on m’a demandé qui je trouvais bon et j’ai dit Lukaku. Il est fort physiquement et il marque beaucoup. Toutes les équipes ont besoin de ce type de joueur. Je suis ravi qu’il soit à United, je pense qu’il va beaucoup nous aider et il l’a déjà fait".
Un épisode, peut-être moins anecdotique qu’à première vue, illustre ce qui s’apparente à un début d’entente et il concerne les numéros de maillot. "Lukaku a appelé pour demander s’il pouvait avoir le numéro 9, j’ai dit qu’il n’y avait aucun problème car j’avais déjà le 10. Personne ne m’a dit que le 10 était disponible (il l’était depuis le départ de Wayne Rooney). Dans mon cas, quand je rejoins un club, je prends le 10 parce que je me sens comme un 10."
Les décrochages naturels du Suédois alliés à la prise de profondeur dans laquelle le Diable excelle pourraient leur permettre de nouer les fils d’une relation technique que José Mourinho devra tisser tout en sachant que le Portugais n’a jamais été un adepte d’une attaque à deux têtes.
Lukaku, ragaillardi par son but contre Newcastle, ne s’en cachait pas. "C’est motivant, nous affronter sera difficile. Ibrahimovic va nous aider à chasser City", soulignait celui qui "se sent comme un léopard dans la surface" là où Zlatan se voit lui en lion. Ce qui ne manque pas de mordant si les deux fauves parviennent à cohabiter.