"Avec Onyekuru, Anderlecht serait même déjà champion"
- Publié le 08-05-2018 à 16h12
Depuis la Grèce, Silvio Proto est un spectateur attentif des playoffs et voit son Sporting émerger dans la course au titre Les clichés ont parfois la vie dure : en congé depuis lundi après la fin du championnat grec, Silvio Proto a dû annuler une partie de golf à cause d’un énorme orage sur Athènes. "Et il paraît qu’il fait magnifique en Belgique, c’est fou quand même", rigole-t-il.
Tant mieux pour nous, l’ancien capitaine du RSCA a plus de temps à nous consacrer. Dimanche, il a suivi le Topper sur son ordinateur. "Mais je n’ai eu qu’un streaming tout pourri et je n’ai pas vu les dix dernières minutes. Enfin, cela m’a quand même permis de voir l’essentiel du match."
Comment avez-vous trouvé Anderlecht ?
"C’était un bon match du Sporting. L’équipe était bien organisée avec un super Trebel au milieu."
C’est le meilleur Anderlechtois actuellement ?
"Oui, clairement. S’il y a bien un joueur qu’il ne faut pas laisser partir cet été, c’est lui. Marc Coucke doit tout faire pour le garder. C’était déjà une très bonne idée de l’avoir conservé cet hiver malgré l’intérêt en France."
Et voilà Anderlecht de retour dans la course au titre.
"Je suis supporter d’Anderlecht mais je vais dire quelque chose de manière totalement objective : si Onyekuru avait été présent toute la saison, Anderlecht aurait survolé la saison et serait déjà champion. C’est un superbe attaquant."
Et sans lui, le RSCA est-il capable de sortir vainqueur du sprint final dans ces playoffs ?
"Oui. Il y a de bons joueurs. Markovic est intéressant et Teo marque de nouveau. Ce sont déjà de bons arguments. Et il y a Oli évidemment !"
Le retour en forme de Deschacht après plusieurs semaines passées dans le noyau B vous surprend-il ?
"Pas du tout. Oli a beaucoup d’expérience et toutes les équipes ont besoin d’un gars comme lui. Tu ne deviens pas champion avec vingt vieux mais tu ne seras jamais champion non plus avec vingt gamins."
Il arrive en fin de contrat et…
"(Il nous coupe) Il faut le prolonger d’un an ! Il a montré qu’il avait encore le niveau. Je lui avais téléphoné quand il était dans le noyau B. Il m’avait dit qu’il avait fait une erreur et qu’il acceptait la sanction. Mais il avait aussi ajouté qu’il croyait encore dans un retour. Et il l’a fait. Respect ! Même si le coach n’a besoin de lui que pour cinq matches la saison prochaine, il sortira cinq bons matches."
Comment les Brugeois vont-ils réagir après cette défaite ?
"Cela va être dur pour eux. Les playoffs, c’est avant tout mental. Ils étaient largement devant pendant toute la saison, profitant notamment de la Coupe d’Europe qui faisait perdre des points aux autres. Et puis quand Anderlecht gagne à Bruges, il est champion (sourire)."
Référence à la saison 2013-2014 quand Anderlecht revient de loin sous les ordres de Besnik Hasi.
"Oui, il y a pas mal de similitudes entre ces deux saisons. C’est évidemment le cœur de supporter qui parle mais je vois Anderlecht remporter le titre cette année."
Pour être champion, on dit souvent qu’un bon gardien est nécessaire. N’est-ce pas le souci à Bruges quand on voit la prestation de Gabulov dimanche ?
"Je ne vais pas tirer sur Gabulov. Une erreur, cela arrive. C’est peut-être la direction brugeoise qui est fautive dans l’histoire. Quand tu décides en début de saison de faire confiance à un jeune gardien comme Horvath, il faut accepter quelques erreurs et le soutenir. Là, il a été remplacé par un autre gardien puis encore par un autre. Et, pas de chance pour Bruges, Vermeer s’est blessé alors qu’il commençait à faire de bons matches."
Anderlecht va mieux, Bruges est dans le doute mais il y a aussi un troisième larron dans cette course au titre : le Standard qui vient de sortir un 16/21 en playoffs.
"Oui, c’est impressionnant. J’ai suivi plusieurs matches du Standard depuis que Mehdi (Carcela) est arrivé. Ce n’est pas la même équipe avec lui."
En Belgique, tout le monde se demande pourquoi un si bon joueur a échoué à l’Olympiacos.
"Chez nous, Mehdi ne se sentait pas bien. Il n’avait pas de bonnes relations avec les entraîneurs. Mehdi a besoin de recevoir de la confiance pour être performant. On l’oublie trop souvent mais le foot, c’est à 80 % dans la tête que ça se joue. Un Mehdi en pleine possession de ses moyens aurait évidemment réussi à l’Olympiacos, même si le championnat grec est un peu plus fort que le championnat belge."
Vraiment ?
"Je pense. Si l’AEK Athènes, le PAOK Salonique ou l’Olympiacos avaient joué en Belgique cette saison, ils auraient été champions. Même l’Atromitos aurait pu embêter les meilleurs cette saison."
Interview > Christophe Franken