Attention au Japon, qui veut gagner le Mondial 2050
Les Japonais doivent briller en Russie pour ne pas faire stagner tout le football national.
- Publié le 02-07-2018 à 13h31
Les Japonais doivent briller en Russie pour ne pas faire stagner tout le football national. Le huitième de finale entre la Belgique et le Japon cristallisera toutes les attentions, ce lundi soir. Mais certainement encore un petit peu plus au pays du Soleil levant, tant cette Coupe du Monde est considérée comme capitale pour l’évolution du football local.
Le constat n’est pas exagéré car le championnat japonais, la J-League, est essentiellement constitué d’équipes financées par de grands investisseurs locaux. Pour eux, suivre un beau match est agréable mais ce sont surtout les recettes financières qui importent. Et c’est là que le bât blesse quelque peu car depuis plusieurs années, les audiences des matches ont tendance à baisser car le public est lassé par la stagnation de l’équipe nationale et le manque de stars internationales (même si Iniesta vient de signer au Vissel Kobe), alors que leurs voisins chinois enchaînent les chèques à multiples zéros pour attirer de grands noms.
Face à ce constat, la Fédération a décidé d’agir, quitte à décontenancer avec une annonce claire : gagner la Coupe du Monde en 2050. Une ambition qui semble, à ce jour, complètement loufoque mais des experts locaux ont salué cette initiative, expliquant que les Japonais avaient besoin d’objectifs pour repousser leurs limites.
Cela passera par une nouvelle génération dorée, comme celle qui, à la fin du dernier millénaire et au début du suivant, a permis de populariser le football japonais, notamment grâce à des transferts dans les meilleurs championnats européens. Hidetoshi Nakata en a été la figure de proue, avec de très nombreuses années passées dans le Calcio italien et, surtout, une vraie reconnaissance mondiale de son talent. Par la suite, Shinji Kagawa et Keisuke Honda lui ont emboîté le pas mais, depuis lors, la relève se fait un petit peu attendre. Certes, il y a de plus en plus d’ambassadeurs nippons dans le football continental, mais essentiellement dans des clubs du ventre mou (Southampton, Mayence, Leicester), voire de bas de tableau (Cologne, Hambourg, Metz). Il faut dire que le football japonais rencontre des problèmes structurels qui l’empêchent de poursuivre sa croissance. Les jeunes joueurs sont souvent poussés vers les championnats universitaires, où le niveau de la compétition est intéressant, mais inférieur à celui du championnat professionnel… dans lequel il n’arrive qu’à 22 ou 23 ans. Ils perdent donc leurs meilleures années et entament leur carrière avec un petit peu de retard sur le reste de la concurrence mondiale. De plus, les jeunes sont souvent broyés par la pression, tant la Fédération les oblige à vivre comme des professionnels dès leur plus jeune âge (interviews, représentation en équipe nationale de jeunes…).
Cette Coupe du Monde est donc essentielle pour l’avenir de cette nation. Il y a trois mois, les sponsors avaient déjà mis beaucoup de pression sur la Fédération pour qu’elle licencie Vahid Halilodzic, trop susceptible de ne pas sélectionner une star qui attire le public devant la télévision. Pour le moment, les riches propriétaires de clubs peuvent être satisfaits car en atteignant les huitièmes de finale, le Japon a déjà pratiquement dépassé toutes les espérances nationales. Les supporters semblent répondre présent et la presse s’est déplacée en masse (un peu plus de 200 journalistes au quotidien) en Russie.
Un exploit face à la Belgique constituerait le plus gros exploit des Japonais, qui n’ont jamais atteint les quarts de finale d’un Mondial. Mais il faudra bien passer par là pour disputer la finale de l’édition programmée en 2050…