Van Avermaet: "Une année exceptionnelle"
Le numéro un mondial et vainqueur du WorldTour revient sur sa fantastique moisson 2017.
- Publié le 31-10-2017 à 09h03
- Mis à jour le 31-10-2017 à 10h06
Le numéro un mondial et vainqueur du WorldTour revient sur sa fantastique moisson 2017.
Les lunettes de soleil posées sur le bout d’un nez qui pointe vers les sommets des gratte-ciel de Shanghai, Greg Van Avermaet déambule dans les rues de la mégalopole chinoise en toute décontraction. Au lendemain du premier Critérium Le Tour de France China, celui qui a bouclé la saison 2017 en tant que numéro un mondial et vainqueur du WorldTour profite de sa découverte d’un pays qui s’éveille doucement au cyclisme de compétition en anonyme, et au bras de sa compagne Elen. "J’ai vraiment dû insister pour qu’elle m’accompagne", sourit le coureur de la BMC . "Elle n’aime pas l’attention médiatique et vient donc rarement sur les courses. Le Gala de l’UCI, organisé dans la foulée du Tour de Guangxi, et les deux critériums organisés par ASO à Shanghai et Saitama constituaient une belle occasion de découvrir cette partie du monde en couple."
Pour ses premiers pas sur le sol chinois, Greg Van Avermaet semble conquis par les contrastes qu’offre ce pays aux allures de continent. "Avant de venir à Shanghai, nous avons fait un détour par Giulin. Les paysages y étaient absolument fantastiques et le dépaysement total. En rue, les locaux nous observaient du coin de l’œil, visiblement peu coutumiers des visages européens. Cette découverte correspondait plutôt bien à l’idée que je me faisais de la Chine. Shanghai est, en revanche, beaucoup plus proche d’une ville occidentale. Ultramoderne dans le quartier financier qui abrite notre hôtel, c’est une mégalopole très internationale. On y trouve les plus grandes marques de luxe mais aussi des restaurants de tous les horizons. On peut donc être un peu moins attentif à ce que l’on mange" (rires).
S’il donnera officiellement ses derniers coups de pédale de la saison 2017 lors du Critérium de Saitama (dans la grande banlieue de Tokyo) samedi prochain, le champion olympique de Rio profite déjà de sa trêve hivernale depuis quatre semaines.
"J’ai coupé dans la foulée immédiate du Mondial (6e). Je reprendrai le chemin de l’entraînement le 11 septembre, ce qui signifiera que j’aurai observé un repos de six semaines. C’est la même chose que l’hiver dernier à la différence que ce sont les événements et une blessure à la cheville qui m’y avaient contraint. Auparavant je me limitais à une trêve d’un mois. Mais la réussite de ma saison 2017 m’a fait comprendre que la fraîcheur constituait un facteur clé de la réussite. Il n’y avait donc pas de raison de changer les ingrédients d’une année exceptionnelle."
Une saison dont le vainqueur de Paris-Roubaix a accepté de nous livrer ses grands temps forts.
25/02, Circuit Het Nieuwsblad: "La première victoire de la saison"
"Les analystes minimalisent parfois la dimension mentale que peut avoir le sport de haut niveau. Pour un cycliste, décrocher un premier succès tôt dans la saison a le pouvoir de vous débarrasser d’une certaine forme d’incertitude quant à votre état de forme. Même si vous sentez que les sensations en course sont excellentes, le fait de lever les bras vient définitivement le valider. Après ma blessure à la cheville encourue l’hiver dernier, laquelle m’avait contraint à une trêve un peu plus longue qu’à l’accoutumée, je m’interrogeais sur l’incidence qu’allait avoir ce contretemps. J’avais fait de cette épreuve une forme de test et m’y imposer face à Sagan a levé mes derniers doutes. Avec un succès au Nieuwsblad , c’est une partie du printemps des classiques qui est déjà réussie. Je préfère donc qu’il termine dans ma poche plutôt que dans celle d’un autre…" (rires)
24/03, Grand Prix de l'E3: "Une nouvelle étape dans mon évolution"
"Même si cette épreuve correspond parfaitement à mes qualités et que j’en étais déjà à ma dixième participation, c’était la toute première fois de ma carrière que je disputais les derniers kilomètres du Grand Prix de l’E3 pour la gagne. Dans un final à trois qui, je pense, était passionnant pour les spectateurs, battre Phil (NdlR : Gilbert) , mon ancien équipier chez BMC, et Oli (Naesen) , mon partenaire d’entraînement, constituait pour moi quelque chose de très spécial. La manière dont je me suis imposé ce jour-là m’a donné le sentiment d’avoir franchi une nouvelle étape dans mon évolution. On présente, à raison, cette épreuve comme une sorte de petit Tour des Flandres. Elle me convient, je pense, toutefois un peu moins que le Ronde par son kilométrage plus réduit. Une course longue et usante est toujours à mon avantage. Gagner l’E3 à un peu plus d’une semaine du rendez-vous dont je rêve sans doute le plus envoyait un signal fort."
26/03, Gand-Wevelgem: "Un succès inattendu"
"De toute la campagne des classiques pavées, Gand-Wevelgem est sans doute l’épreuve dont le profil correspond le moins à mes qualités. Réussir à m’y imposer était donc réellement inattendu. Sur cette épreuve qui sourit le plus souvent aux sprinters, il n’est pas aisé pour des coureurs comme moi de faire la différence. Gand-Wevelgem présente aussi une dimension très tactique. Il faut y poser des choix importants en moins d’une seconde et valider une mauvaise option peut vous exclure en un instant de la lutte pour la gagne. Je n’aurai peut-être plus jamais l’occasion de remporter la course des éventails dans ma carrière et je suis donc très heureux d’avoir réussi à l’épingler à mon palmarès et d’avoir saisi cette opportunité en or."
02/04, Tour des Flandres: "On aurait pu rentrer sur Phil"
"La chute provoquée par Peter Sagan dans la montée du Vieux Quaremont me laisse encore un goût amer dans la bouche même si elle n’a constitué qu’une péripétie négative dans mon excellent printemps. On ne laisse pas s’envoler une chance de succès sur le Ronde avec le sourire. Je crois que ces trente ou quarante dernières années, jamais une chute n’est survenue à cet endroit du parcours, et voilà nous nous retrouvions à trois au sol en plein final… Quand je vois que je suis revenu à 30 secondes de Phil (Gilbert) , seul, après cette cabriole, je suis persuadé que nous aurions été en mesure de le reprendre sans cet incident. Nous collaborions plutôt bien avec Naesen et Sagan et le vent de face qui soufflait sur la route vers Audenarde n’avantageait pas un homme seul. Soit, c’est ainsi. Une deuxième place sur le Ronde constitue un accessit de choix, mais au vu de ce scénario ce n’est pas immédiatement à cela que j’ai pensé après l’arrivée… (rires) Je ne veux cependant aucunement minimiser le succès de Phil, chapeau à lui pour la manière dont il a décroché cette victoire. Après ma chute de 2016, c’est vrai que je pourrais me dire que la malchance me poursuit sur le Ronde, mais ce n’est pas vraiment le cas. Je suis d’un naturel plutôt positif. Et puis on ne peut pas dire qu’un chat noir m’y poursuit depuis toujours puisque j’ai déjà terminé à trois reprises sur le podium. Je reste convaincu, même si je ne l’ai jamais gagnée, que c’est l’épreuve qui me correspond le mieux. J’ai encore trois ou quatre ans devant moi pour espérer m’y imposer."
09/04, Paris-Roubaix: "Mon premier monument"
"Le sport cycliste s’est toujours nourri de certains symboles. Bien que j’ai été champion olympique en 2016 et que mon printemps était déjà pleinement réussi avant même le départ de l’Enfer du Nord, mon succès à Roubaix donne une autre dimension à mon palmarès. Remporter l’un des cinq monuments de notre discipline constitue quelque chose de spécial pour un coureur. Cette épreuve est sans doute celle avant laquelle le plus de coureurs songent qu’il leur est possible de s’imposer. Y lever les bras avant de l’avoir fait sur le Tour des Flandres constitue une forme de surprise car le Ronde me convient mieux, mais je prends… (rires) Lorsque j’ai été victime d’un incident mécanique à 100 kilomètres de l’arrivée, je n’ai pas paniqué car il faut toujours croire en sa chance sur les pavés du Nord. Tellement de choses peuvent s’y produire… Le boulot abattu par Daniel Oss a été l’une des clés d’un véritable succès d’équipe."
24/10, n°1 mondial: "Je ne me vois pas comme le meilleur coureur du monde"
"J’ai fait le déplacement vers la Chine quelques jours avant le Critérium de Shanghai afin d’y recevoir mon prix de numéro un mondial lors du gala organisé par l’UCI. Je crois que ce titre est sans doute l’un des plus difficiles à conquérir et il n’est sans doute pas apprécié à sa juste valeur en Belgique. Lorsque vous en consultez le palmarès, vous constatez très vite que seuls les noms de très grands champions y figurent. Au regard de la clé de répartition des points, il est toujours difficile pour les coureurs de classiques de prendre le pas sur les spécialistes d’épreuves par étapes. Gagner ce trophée l’année lors de laquelle Froome a réussi le doublé Tour-Vuelta est donc une fierté. Cela veut dire beaucoup. Se dire qu’on est le meilleur coureur de l’année, c’est assez spécial… (rires) C’est pourtant la vérité des chiffres. Froome ou Sagan sont peut-être plus forts que moi, mais j’ai décroché d’excellents résultats de février à septembre. Je ne pense pas être le meilleur élément du peloton, j’ai trop de respect pour les autres coureurs. Mais je suis cependant super heureux de cette distinction. C’est comme gagner la Ligue des Champions pour un joueur de foot…"