Van Avermaet : "Je voudrais voir les Diables Rouges gagner en jaune"
- Publié le 10-07-2018 à 10h15
- Mis à jour le 10-07-2018 à 10h16
Avec son équipe, Van Avermaet a remporté le chrono le propulsant en tête du classement général. L’histoire ne dit pas si Greg Van Avermaet a songé à la coquetterie mais, quelques heures avant que les Diables ne défient la France en demi-finale de la Coupe du Monde, le Waeslandien a ajouté une belle touche de jaune au noir et au rouge du cuissard de sa formation BMC. Vainqueur avec ses équipiers de la formation BMC du contre-la-montre par équipe du Tour de France, le Belge est devenu le troisième leader de l’épreuve en trois jours lors d’un duel palpitant avec les Quick Step de Philippe Gilbert qui l’auront fait trembler jusqu’au bout. Entretien.
Greg, comment avez-vous vécu l’arrivée des dernières équipes lors de ce chrono par équipes ?
"Je dois bien avouer que j’étais un peu stressé car les écarts étaient extrêmement ténus. Mais au final, cela l’a fait… (rires) Le contre-la-montre par équipe constitue l’une de nos spécialités. Ce qui a sans doute fait pencher la balance, c’est la cohésion dont nous avons su faire preuve. C’est d’ailleurs souvent le facteur le plus déterminant dans cet exercice."
Deux ans après votre victoire d’étape au Lioran, vous endossez à nouveau le maillot jaune. L’émotion est-elle toujours la même ?
"Oui, c’est le genre de choses dont je ne me lasserai jamais vous savez (rires). Tant que vous n’avez pas porté le maillot jaune, il vous est difficile de comprendre ce que celui-ci représente et à quel point l’endosser est quelque chose d’énorme. Cette fois, je sais le bonheur que je vais prendre dans les prochaines heures et, j’espère, les prochains jours (sourire)."
Vous avez répété à plusieurs reprises que le maillot jaune gardait une dimension magique. Comment la définiriez-vous ?
"Lorsque vous évoluez dans le peloton avec cette tenue sur les épaules, un sentiment très spécial vous envahit. Les gens vous pointent du doigt et vous reconnaissent au bord de la route. Être le leader de la plus grande course du monde vous procure la sensation d’être le meilleur coureur du monde (rires)."
Nous sommes décidément en train de vivre une grande période du sport belge. Vous en jaune et les Diables en demi-finale du Mondial, c’est tout de même très spécial…
"Ce mardi 10 juillet risque en effet de rentrer dans l’histoire du sport de notre pays. Un Belge en jaune sur les routes du Tour de France et notre équipe nationale aux portes de la finale de la Coupe du Monde, cela fera date ! J’espère garder mon maillot mardi soir pour regarder la rencontre face à la France avec celui-ci sur les épaules (rires). Je pronostique une victoire de la Belgique, 2-1. Je m’installerai quoi qu’il arrive devant mon écran de télévision pour suivre cela avec la plus grande attention. Vous entendez que ma voix est un peu faiblarde depuis quelques jours. Ce n’est pas parce que je suis malade mais bien parce que j’ai tellement crié durant le match face au Brésil (rires).
Jusqu’à quand vous pensez-vous capable de conserver cette tenue de leader ?
"On me parle beaucoup de la perspective de le garder jusqu’au soir de la Roubaix, dimanche, mais je me refuse de me projeter aussi loin. On a vu depuis le début du Tour de France que le peloton est extrêmement nerveux et les arrivées parfois chaotiques. Mon avantage au général n’est pas énorme (NdlR : il est classé dans le même temps que son équipier Van Garderen, Thomas pointant, lui, à trois secondes) et beaucoup de choses peuvent se passer d’ici-là. Je vivrai donc au jour le jour."
La défense de ce maillot jaune ne risque-t-elle pas de coûter des forces à vos équipiers qui seront amenés à travailler ensuite pour Richie Porte ?
"Non, je ne crois pas. Nous ne serons pas la seule et unique équipe à devoir assumer le poids de la course. Dans les prochains jours, les formations de sprinters et des candidats aux victoires d’étape prendront, elles aussi, leur part de responsabilité."
Avant le départ de ce Tour, vous aviez dit vouloir donner du relief à votre saison sur cette épreuve après un printemps sans grand succès. Pensiez-vous alors à ce maillot jaune ?
"Oui, je l’avais dans un coin de l’esprit, je savais que cela était possible si toutes les pièces du puzzle s’imbriquaient dans le bon ordre (NdlR : il n’a pas attendu Richie Porte, retardé par une chute dans la première étape), dans ce but. Ma campagne des classiques a été solide, mais il a effectivement manqué un succès marquant. Quel meilleur moyen de donner de la couleur à tout cela que ce maillot jaune ! Mais ce n’est peut être pas fini. Je vous avais dit la semaine dernière que j’avais pointé trois étapes dans le livre de route de la première semaine. Celles de Quimper (mercredi), Mûr-de-Bretagne (jeudi) et Roubaix (dimanche) pourraient en effet me sourire."
Vous avez déjà dit que le pavé commémorant votre victoire sur Paris-Roubaix est installé dans votre salon. Mais qu’avez-vous de vos précédents maillots jaunes ?
"J’en ai conservé un à la maison, dans une pièce où je m’entraîne. C’est d’ailleurs le seul et unique maillot que j’ai fait encadrer. J’en aurai désormais un second que je pendrai juste à côté."
Interview > Quentin Finné