Thomas Degand: "J’étais plus stressé pour ce deuxième Tour !"
- Publié le 23-07-2018 à 22h12
Le Hennuyer Thomas Degand espère encore se montrer à l’attaque dans la dernière semaine.
Thomas Degand rappelait cette anecdote l’hiver dernier. Alors qu’un ouvrier en train de construire sa maison s’étonnait de souvent le voir à domicile, il lui a demandé ce que le Hennuyer faisait comme métier. "J’ai répondu coureur cycliste professionnel. Il m’a alors demandé, comme de nombreuses autres personnes, si je fais le Tour de France. Et quand j’ai répondu oui, j’ai vu ses yeux s’écarquiller. Le Tour, ça parle à tout le monde."
Et Thomas Degand pourra désormais dire qu’il a disputé deux Tours de France. Celui de 2017, qu’il avait fini 34e. Et celui de 2018. Quel bilan tire-t-il de sa seconde participation à la plus célèbre des courses avant d’aborder la troisième et dernière semaine ? "J’ai abordé cette édition différemment de l’an passé", répond le coureur de la formation Wanty-Groupe Gobert. "La saison dernière, j’avais terminé 34e à Paris. C’était bien pour une première , mais cela ne représente finalement pas grand-chose. J’ai donc aidé au maximum Guillaume Martin. Et j’ai essayé de me montrer à mon avantage avec une échappée, ce que je n’avais pas vraiment réussi l’an passé, puisque ma tentative au Puy-en-Velay (NdlR : notamment avec Thomas De Gendt) n’avait pas su partir. Ici, j’ai réussi à prendre celle de la dixième étape. Et j’y ai pris beaucoup de plaisir. Grâce aux reconnaissances que nous avions réalisées avant le départ du Tour de France, je connaissais bien les endroits qui pouvaient convenir au départ d’une échappée. J’avais donc attaqué au pied d’une côte de quatrième catégorie et nous sommes sortis à vingt. Guillaume Martin était avec moi et j’ai tout fait pour l’aider au mieux, notamment en allant chercher des bidons. C’était chouette d’être devant avec tout ce public. C’est bon pour le moral. J’ai envie de recommencer !"
Il l’a fait samedi, quand il est parti dans le groupe des 32 coureurs, avant de finir 16e, à Mende, dans la roue de Philippe Gilbert. "Cela a vraiment roulé fort toute la journée, sur un parcours casse-pattes", a-t-il déclaré. "Au pied de la dernière montée, j’étais à la limite. Je la connaissais pour y avoir perdu le général du Tour du Gévaudan il y a quelques années. Je savais donc que les pentes étaient trop raides pour moi. Mais je me suis amusé, je me suis montré, c’est l’essentiel."
Avant de prendre le départ de son deuxième Tour de France, qu’avait-il gardé en mémoire de sa première participation à la plus grande course du monde ? "Que c’est énorme et grandiose", répond-il. "Et que c’est aussi très difficile ! C’est bizarre à dire, mais j’avais l’impression d’être plus stressé pour cette deuxième participation que pour ma découverte, l’an passé. Car je n’étais plus dans l’inconnu : je savais ce qui m’attendait ! Mais c’était un stress positif. Tout en pouvant m’appuyer sur de la confiance : je savais que j’en étais capable."
Un début de Tour compliqué
Thomas Degand avait marqué les esprits, l’an passé, sur le Tour de France, en… chutant lors de la journée de repos. Il avait été attaqué par un chien alors qu’il était parti tourner les jambes et était tombé en tentant d’éviter le molosse. Des chutes, le coureur hennuyer en a également subi sur cette édition. "Notamment sur la fameuse étape des pavés, qui a été si nerveuse", se rappelle le coureur de 32 ans. "Un peu à l’image de la première semaine. Qui n’a pas été simple pour moi. Je n’avais pas d’excellentes sensations, j’étais contraint de rouler un peu derrière, me prenant des coups d’accélération."
"Le Mondial ? Je suis réaliste"
Souvent décrit comme un des meilleurs grimpeurs belges, Thomas Degand espère encore se mettre en évidence dans les montées et attaquer dans la dernière semaine. "La montagne, c’est mon terrain, décrit-il. C’est ce qui correspond à mes caractéristiques. Tout en restant réaliste et les pieds sur terre : je sais que je ne suis pas Contador ou Froome !"
Avec un Championnat du Monde annoncé comme très difficile cette année, espère-t-il être sélectionné par Kevin De Weert pour le Mondial en Autriche ? "Là aussi, je suis réaliste, il y a de nombreux coureurs qui sont plus forts que moi, surtout que ce Mondial conviendra aux puncheurs, répond-il. Même si, bien évidemment, j’aimerais y aller !"
"Une fierté de représenter la Wallonie"
Deux. Il n’y a que deux coureurs wallons sur ce Tour de France : Philippe Gilbert et Thomas Degand. Comme l’an passé. Mais c’est bien plus qu’en 2014, 2015 et 2016, quand il n’y avait pas eu un seul Wallon au départ ! "C’est une fierté de représenter la Wallonie sur la plus grande course du monde, même si je suis moins populaire que Philippe Gilbert", sourit le coureur de Bois-de-Lessines. "Surtout que nous ne sommes que deux. Cela montre que j’ai une chance hors du commun mais aussi du mérite d’être là."
"Que ceux qui ne veulent pas nous voir restent chez eux !"
Ce Tour de France a été marqué, malheureusement, par le comportement débile et abruti de spectateurs qui ne sont pas des supporters du vélo. Une situation qui attriste les coureurs. Avant le départ du Tour de France, Thomas Degand avait d’ailleurs lancé un message : "Que ceux qui ne veulent pas nous voir restent chez eux ! Que cette partie du public qui n’est pas motivée ou heureuse de nous voir ne vienne pas et laisse la place aux vrais supporters", avait-il demandé. "Le vélo est un sport très difficile. Et ce n’est pas évident, quand tu es en plein effort, de devoir gérer des gestes déplacés. Et ce n’est pas qu’au Tour de France : j’ai par exemple déjà reçu des jets d’urine sur une autre course."