Thierry Gouvenou détaille les deux premières étapes du Tour 2019 qu’il a dessinées: "Il faudra avoir la jambe solide"
- Publié le 17-01-2018 à 07h00
- Mis à jour le 17-01-2018 à 07h57
Thierry Gouvenou détaille les deux premières étapes qu’il a dessinées Le concepteur du tracé du Tour, c’est Thierry Gouvenou. Pour dessiner ces deux premières étapes, le Normand s’est souvent cassé la tête.
Parlez-nous tout d’abord de la première étape.
"On savait qu’on allait sortir de Bruxelles alors, à mes yeux, il était indispensable de visiter des hauts lieux du cyclisme belge. Le Mur de Grammont et le Bosberg sont des monts légendaires. Je suis content que le Tour y revienne. On escaladera d’ailleurs le Mur jusqu’à son sommet à la chapelle, où le Tour n’a jamais été, je crois."
Cela promet du spectacle.
"Il y aura un maillot de meilleur grimpeur à aller chercher. Celui qui passera en tête au sommet le portera les deux jours suivants puisque le Mur sera classé 3e catégorie et le Bosberg en 4e. Ce sera une belle bagarre dès les premiers kilomètres. On peut imaginer Van Avermaet ou un gars de ce niveau en maillot à pois. On peut s’attendre à ce que les Flandriens, les chasseurs de classiques, fassent la course pour arriver devant sur leurs terres et s’arracher dans le Mur de Grammont."
Pourquoi ne pas avoir plutôt placé le Mur en fin d’étape ?
"Ma première volonté, c’était de faire cette étape dans l’autre sens, de finir par le Mur de Grammont et le Bosberg dans la dernière heure. De revenir par l’ouest, comme le fait la Brussels Classic, mais je n’ai jamais trouvé un passage en toute sécurité. On a cherché pendant une journée entière, mais entre les trams et les différents ouvrages urbains, ce n’était pas possible et dangereux."
Vous aviez d’autres impératifs.
"Arriver directement à Laeken, ça ne mettait pas en valeur Bruxelles. On a revu notre copie et on a tourné dans l’autre sens. On a, dans la finale de l’étape, une traversée de Bruxelles très sûre, avec de larges avenues, et cela va nous permettre de montrer de belles images de Bruxelles."
Vous passez aussi par Braine-le-Comte, à la demande d’Alain Courtois, qui voulait ainsi saluer Eden Hazard.
"C’est vrai, mais si on regarde la carte, pour aller à Charleroi, c’est la route logique. Il y aura une belle petite côte à la sortie de Braine-le-Comte, d’ailleurs."
Plus loin, une autre surprise attend les coureurs.
"À Thiméon, il y aura un secteur pavé de deux kilomètres. Ce ne serait pas un tronçon difficile à Paris-Roubaix, mais il est intéressant car il va lancer la finale. Il n’y aura plus qu’une soixantaine de kilomètres jusqu’à l’arrivée. Aucun favori ne voudra se faire piéger. Ensuite, on va placer un peu plus loin le sprint intermédiaire, ça va réveiller la course, c’est sûr. La finale est aussi athlétique et, avec tous les changements de direction, s’il y a du vent, ça peut faire éclater le peloton, mais néanmoins, je m’attends à un sprint."
Qui ne sera pas de tout repos.
"Ce ne sera pas tout plat. L’arrivée, ça fait deux kilomètres à 3 ou 4 %. Il faudra avoir la jambe solide, ce n’est pas régulier, depuis le pont Van Praet jusqu’au Palais de Laeken. Ça ne va pas débouler à 60 km/h."
Et le lendemain ?
"Dimanche, changement de braquet et d’exercice. C’est un parcours tracé en ville sur les belles et larges avenues. C’est paradoxal pour un parcours en ville, mais elles sont propices à cet exercice de haute voltige, si particulier, exigeant et technique. Il y a une succession de faux plats montants et descendants qui vont demander une grande cohésion au sein des équipes. On a ce qu’on cherche, ce n’est pas monotone. Les grosses équipes vont se faire plaisir, c’est certain. Là aussi, la finale s’annonce difficile avec la montée de l’avenue des Croix de Feu, puis, pour arriver au pied de l’Atomium, les avenues de Madrid et du Gros Tilleul et Atomium. Ça devrait se jouer dans un mouchoir de poche, mais on peut imaginer que le classement sera bouleversé."
D’où partira la 3e étape ? "Rien n’est encore décidé"
On connaît les deux premières étapes du Tour de France 2019, mais quelle sera la suite du tracé ? "Rien n’est décidé ni, surtout, encore acté", assure Thierry Gouvenou qui est en charge du parcours. "Les grandes lignes commencent à se dessiner, disons qu’on a 30 % de ce qu’on veut faire, mais tout reste possible après les deux jours à Bruxelles. C’est en mai, juin qu’on jettera les bases du reste du Tour 2019. On effectuera les reconnaissances sur le terrain, fin août et surtout septembre, pour présenter le parcours en octobre." Les Lacs de l’Eau d’Heure et Binche sont officiellement candidats au départ de la 3e étape, comme d’autres villes flamandes. "Qu’on poursuive notre route de Belgique, de Wallonie ou de Flandre, de France ou d’ailleurs, tout est possible", poursuit Gouvenou. "Un troisième jour en partie en Belgique est tout à fait envisageable, ce n’est pas exclu. Comme il n’est absolument pas exclu qu’une année (NdlR : dès 2019 ?) , nous effectuions une vraie étape flandrienne avec plusieurs difficultés. Nous devons innover, comme mettre cette année quinze secteurs pavés dans l’étape de Roubaix. Aujourd’hui, les étapes de plat n’apportent presque plus jamais de bouleversements, sauf si la météo s’en mêle."