L'avis de Jean-Luc Vandenbroucke: "Le public a été chauffé à blanc par certains médias et par Bernard Hinault"
Par Thomas Lecloux
- Publié le 30-07-2018 à 18h11
- Mis à jour le 30-07-2018 à 18h16
Par Thomas Lecloux
1.Thomas était le parfait leader de rechange "Ce n’est franchement pas un vainqueur du Tour de France charismatique, ni un grand cru pour la course en elle-même. Il a seulement commencé à sourire samedi après le chrono ! En tout cas, il a été le plus fort durant les trois semaines. Il faut lui reconnaître sa supériorité. Il a réalisé le parcours sans faute. En plus, il a gagné deux étapes et a signé un superbe chrono de fin de Tour. On savait que c’était un équipier de luxe. Ce n’était pas un inconnu non plus. Il avait gagné Paris-Nice ou le Dauphiné par le passé. Il était le parfait leader de rechange. J’ai vu la joie de Froome envers son coéquipier. Je ne pense que pas qu’il jouait la comédie, il était sincère. Froome est un garçon intelligent et il a su accepter la supériorité de son ami sur ce Tour de France."
2. Attention à la nouvelle génération "Il ne faut surtout pas enterrer Froome pour l’avenir. Il a obtenu une 1re place sur le Tour 2017, une 1re place sur la Vuelta 2017, une 1re place sur le Giro 2018 et vient de prendre la 3e place du Tour. Dans le dernier Giro, il a réalisé le plus bel exploit du cyclisme de ses dix dernières années. Je pense qu’il gagnera encore des grands tours. Maintenant, la concurrence va être rude car il commence à vieillir. Je pense à Roglic et à Dumoulin, la relève est là. Le Néerlandais a déjà gagné un Giro et vient de prendre deux fois la place de dauphin sur les deux derniers grands tours. Selon moi, il a les capacités pour remporter le Tour de France à l’avenir. Il a avoué dans son interview de samedi qu’il devait encore progresser mais il est sur la bonne voie."
3. Il y a un complexe d’infériorité envers la Sky "Ce que j’ai aussi remarqué durant les trois semaines, c’est le complexe d’infériorité vis-à-vis des Sky. Dans l’Alpe d’Huez, quand Froome est contre Bardet, tu sens que ce n’est pas du grand Froome. Pourtant, on n’a pas vu les autres équipes travailler ensemble pour les mettre en difficulté. On a assisté à une belle étape de montagne juste dans la toute dernière journée dans les Pyrénées, quand les jeux étaient faits. Les Sky ont aussi été mentalement très forts de vivre un Tour de France en se faisant huer partout et parfois très fortement chahutés par des spectateurs débiles. L’an prochain à Bruxelles, la Sky va se faire applaudir car, en Belgique, c’est un public de connaisseurs. Le public français a été chauffé à blanc par certains médias et par les propos d’un certain Bernard Hinault. Quand on ne connaît pas le dossier, on ne fait pas de commentaires. J’ai été déçu par des garçons comme Kittel ou Barguil. Clairement, ils ont oublié de faire le métier en hiver et ils en ont payé les conséquences en juillet. Quintana a gagné son étape mais cela fait plusieurs années que ce n’est plus le coureur qu’on pensait qu’il allait devenir."
4. Le bilan des Belges est neutre "On va surtout retenir les images de la terrible chute de Gilbert. J’ai adoré son tempérament avant et après sa chute. Van Avermaet a porté le maillot jaune et a manqué de peu la victoire à Roubaix. Le reste, chaque Belge a fait son boulot. Pauwels a tenté sa chance à plusieurs reprises avant sa chute. Les Belges de la Wanty-Groupe Gobert ont tenu leur rang. Sans oublier Benoot qui a été malchanceux. J’estime que ce bilan est neutre pour nos compatriotes."