Stuyven a piégé tout le monde sur le BinckBank Tour: "Je commençais à être frustré"
Au terme d’une manœuvre collective d’anthologie et d’un bel effort, Jasper Stuyven a retrouvé le chemin de la victoire.
- Publié le 16-08-2018 à 22h53
- Mis à jour le 17-08-2018 à 09h53
Au terme d’une manœuvre collective d’anthologie et d’un bel effort, Jasper Stuyven a retrouvé le chemin de la victoire.
C’est un mouvement tactique qu’il faudrait montrer aux jeunes coureurs dans toutes les écoles de cyclisme qui a permis à Jasper Stuyven d’épingler son premier succès de la saison, dans les rues d’Ardooie, en Flandre occidentale. Dans une finale compliquée, mais que les coureurs du BinckBank Tour connaissent bien, car la course faisait étape dans la petite commune flandrienne pour la onzième fois de suite, avec à chaque fois deux ou trois circuits locaux à couvrir, le Brabançon et ses partenaires ont tiré profit à merveille du tracé sinueux pour décrocher la timbale.
Il y a cinq ans, dans des conditions identiques, Lars Boom avait laissé filer Mark Renshaw son équipier d’alors chez Belkin vers le succès.
Malgré une crevaison mal venue de Boy Van Poppel, initialement prévu pour diriger la manœuvre, en vue du but, les coureurs de Trek-Segafredo ont mené un rythme endiablé dans les derniers instants, étirant le peloton sur une ligne et dans le dernier kilomètre, au sortir d’un double virage en esse, le Danois Mad Pedersen, la révélation des dernières classiques flamandes, a laissé un trou se creuser entre lui et Jasper Stuyven qui venait de démarrer.
"Chaque année, Dirk (NdlR : Demol, son directeur sportif qui vit à Ardooie) dit que c’est un jour important pour l’équipe et pour lui, donc nous essayons toujours d’en tirer le meilleur parti, souriait Stuyven. On a élaboré le plan mercredi soir au dîner et on en a reparlé ce matin au briefing. Nous avions les gars pour m’amener en première position dans le dernier kilomètre, même si c’est toujours un âpre combat pour y arriver. On est d’abord resté bien caché dans le peloton pendant les premiers tours locaux, puis sur la fin, tout le monde s’est battu et cela a fait la différence. Markel (Irizar) et Ruben (Guerreiro) ont tiré d’abord, puis Matthias (Brändle) et Ryan (Mullen) ont accéléré comme des chevaux et finalement Mads (Pedersen) a parachevé le travail pour me placer en position idéale. "
Le deuxième du Tour des Flandres n’a eu qu’à stopper son effort pour ralentir l’allure du peloton et le temps que celui-ci retrouve un semblant d’organisation et de rythme, l’oiseau-Stuyven s’était envolé. Il fallait encore que l’ancien champion du monde et vainqueur de Paris-Roubaix chez les juniors résiste au retour des sprinters sur le kilomètre qui le séparait de l’arrivée, mais Stuyven n’est pas n’importe qui.
"J’ai essayé de ne pas trop regarder en arrière. Je commençais à être frustré ces dernières semaines de passer toujours si près de la victoire. Heureusement, l’équipe et les gars ont toujours cru en moi. Je ne gagne pas souvent, mais les victoires que je remporte sont toujours des belles ", disait-il encore après son succès (le quatrième chez les pros si l’on exclut les critériums), le Louvaniste au palmarès duquel figurent aussi Kuurne-Bruxelles-Kuurne, une étape de la Vuelta et une du… BinckBank Tour, l’an passé, à Grammont, au terme de la dernière étape.
S’il ne gagne pas énormément, Jasper Stuyven est une valeur sûre de notre cyclisme et sa progression régulière. En ce début de saison, le coureur de Trek-Segafredo a collectionné une fameuse série d’accessits qui n’est pas sans rappeler celles que Philippe Gilbert ou Greg Van Avermaet réussissaient eux aussi, au même âge (Stuyven a 26 ans). Au printemps, Stuyven a fini 4e du Nieuwsblad, 10e de Milan-Sanremo, 6e du G.P. E3, 9e de Gand-Wevelgem, 10e d’À Travers les Flandres, 7e du Tour des Flandres, 5e de Paris-Roubaix et, plus récemment, 3e du championnat de Belgique à Binche avant de passer tout près dans la 14e étape à Mende (3e) où il ne fut repris qu’à quelques hectomètres du but et de terminer 12e à l’Euro, dimanche dernier.
Troisième de l’épreuve, l’an passé, Stuyven occupe désormais la 19e place du général à 53 secondes du leader Mohoric, mais il ne fait pas une obsession du classement final.
"Ce sera difficile cette fois, je ne veux pas y penser, d’autant qu’il y a énormément de coureurs très forts, avouait-il. L’absence d’une étape "ardennaise" cette année, ne joue pas en ma faveur. Ce n’est pas parce que j’ai gagné l’an dernier à Grammont que ce sera encore le cas cette fois, ce n’est pas comme cela que ça marche en cyclisme."
Eric de Falleur