Nick Nuyens: "L’investissement de Wout Van Aert surprend ASO"
Nick Nuyens espère avoir convaincu les organisateurs de Paris-Roubaix de retenir sa formation et celle de Wout Van Aert.
- Publié le 19-01-2018 à 05h13
- Mis à jour le 19-01-2018 à 05h14
Nick Nuyens espère avoir convaincu les organisateurs de Paris-Roubaix de retenir sa formation et celle de Wout Van Aert. Wout Van Aert n’a pas seulement conquis dimanche un troisième titre national de cyclo-cross, il s’est aussi ôté une épine du pied. Dans moins d’un mois, le Campinois, 23 ans depuis septembre, écourtera sa saison dans les labourés pour se tourner vers la campagne des classiques flandriennes du printemps.
Ce nouveau maillot tricolore, Van Aert ne pouvait pas le laisser filer dans la perspective de tout ce qui vient, comme explique Nick Nuyens, le manager de son équipe Vérandas Willems-Crélan.
Ce titre était-il obligatoire ?
"En effet, pour lui, seule comptait la victoire. C’est un succès très important pour tout ce qui vient. Si Wout n’avait pas gagné, il aurait eu énormément de stress et de pression pour le Mondial. Maintenant, il peut y aller avec optimisme, car il peut vraiment gagner. La situation sera inversée, c’est Van der Poel qui devra gagner. Mathieu sera le grand favori, mais cela fait deux ans qu’il rate le maillot arc-en-ciel."
Combiner cyclo-cross et préparation routière, c’est dur ?
"Ce n’est déjà pas facile du tout. Van Aert a tracé sa saison différemment en alternant courses, repos et stages. Il a eu une préparation particulière. Il doit garder de la fraîcheur. C’est déjà très difficile pour un spécialiste des classiques d’être à 100 % du Nieuwsblad à Roubaix, alors, vous imaginez combien ça l’est pour lui."
C’est un fameux défi ?
"Il faut avoir beaucoup de respect pour ce qu’il va tenter. On verra, c’est un essai, il veut gagner en expérience, voir s’il aime ou non la route, comment il s’adapte, comment il réagit. Cette expérience doit déterminer s’il possède un réel avenir sur les épreuves sur route ou non."
On a trop d’exigences quant à ses résultats ?
"On ne doit pas s’attendre à ce que Wout renverse tout et gagne tout, ni même qu’il monte sur les podiums. Il a la classe, il a déjà gagné de belles courses sur route, mais ce qui l’attend, ce sera tout autre chose, avec un autre plateau, plus de spécialistes, plus de kilomètres. Le Cerami ou la Coupe Sels, ça n’est pas le Nieuwsblad ou le Tour des Flandres, des classiques du WorldTour. Mais je sais comment sont les gens. Stybar et Boom ont un grand palmarès sur route et pourtant je vois que souvent les gens trouvent que non."
Dites-nous-en plus sur son programme ? Sera-t-il ou non au Circuit Het Nieuwsblad ?
"C’est encore incertain. On connaît bien sûr les grandes lignes de son programme, mais on a aussi prévu différents programmes en fonction des invitations que nous recevrons pour certaines courses mais aussi de ce qui va se passer dans les prochaines semaines. Comment Wout se sentira-t-il fin février, début mars et plus tard ?"
Il rêve de courir les Strade Bianche et Paris-Roubaix.
"En effet, ces deux courses sont taillées pour ses qualités. On a sollicité leurs organisateurs, nous attendons leur réponse avec espoir. Wout Van Aert, c’est un atout pour nous, il est quand même double champion du Monde de cyclo-cross et a déjà obtenu de grands résultats sur route. Wout fait des choix, des sacrifices. Il a fait et va faire l’impasse sur plusieurs cyclo-cross ( NdlR : une dizaine, ce qui lui fera perdre plus de 100.000 euros de prime de départ et de prix dans les différents challenges, Superprestige et Ap Assurances, où il a sacrifié en partie ses chances de bon classement final). "
Des arguments que vous avez donnés aux gens d’ASO pour les convaincre de vous retenir pour Paris-Roubaix ?
"J’ai vu deux fois Christian Prudhomme. On veut rouler Paris-Roubaix, ASO sait ce qu’on veut et pourquoi. Ils sont manifestement intéressés par le champion du Monde qui s’investit. Ça les a étonnés qu’il fasse de tels sacrifices. J’espère qu’on y sera. Mais ce n’est pas que pour Van Aert, c’est pour toute l’équipe de route qu’on fait cela. On a aussi Stijn Devolder, Zico Waeytens, Sean De Bie, Stjn Steels et d’autres coureurs encore. On avait déjà un beau programme en 2017, mais j’en veux encore plus. On sera plus fort cette saison, nos coureurs sont meilleurs alors que l’encadrement a également été renforcé."
"La candidature de Van Aert, c’est fort"
ASO, séduit par sa volonté, dira le 25 janvier si Vérandas Willems-Crélan est retenue.
Nick Nuyens est allé deux fois à Issy-les-Moulineaux, au siège d’ASO, pour plaider la cause de son équipe, Vérandas Willems-Crélan, afin de décrocher une invitation pour Paris-Roubaix. "En effet, explique Christian Prudhomme, c’est une candidature sur laquelle nous nous penchons activement."
Ses arguments ont touché les organisateurs français.
"On n’est pas insensible à cette candidature, on est très attentif, avoue Prudhomme. Nuyens nous a dit que Wout Van Aert va sacrifier une partie de sa saison de cyclo-cross pour être éventuellement à Paris-Roubaix, c’est quelque chose de fort. Il est champion du Monde de la discipline et veut courir une grande classique routière, c’est formidable. C’est un symbole, c’est comme Voeckler qui arrête sur le Tour ou Boonen qui met fin à sa carrière à Roubaix."
Le double champion du Monde de cyclo-cross ne devra pas patienter longtemps. "On va annoncer la sélection le 25 janvier", dit Thierry Gouvenou, directeur de la course. "Cette candidature de Van Aert est séduisante. On a eu une première bonne nouvelle en apprenant que Philippe Gilbert était enthousiaste à courir le Paris-Roubaix, ce serait complémentaire d’avoir un cyclo-crossman. Tout cela nous amènera encore plus de supporters belges. Van der Poel, Van Aert, ce sont de grands champions, on aimerait les voir sur les plus belles courses. Mais la question est de savoir comment on passe d’une saison de cyclo-cross à une saison routière, d’autant qu’il veut faire toute la campagne des courses flandriennes. Il ne faudrait pas qu’il arrive chez nous complètement rincé. Peut-il enchaîner ?"
En plus, ASO n’a pas énormément de liberté. "C’est compliqué, avoue Gouvenou. On a sept places, il y a cinq équipes françaises qui veulent toutes en être. Ajoutez Wanty, Wallonie-Bruxelles, Vlaanderen, Roompot, Aqua Blue… Il y aura forcément des déçus."