Les organisateurs de la DH Famenne Classic: "Un rêve qui devient, par moments, un cauchemar…"
Organiser une course pro en Wallonie constitue un véritable défi. La preuve avec les organisateurs de la DH Famenne Ardenne Classic.
- Publié le 26-09-2018 à 15h40
- Mis à jour le 26-09-2018 à 16h06
Organiser une course pro en Wallonie constitue un véritable défi. La preuve avec les organisateurs de la DH Famenne Ardenne Classic. Jeudi soir, au moment de goûter au confort douillet de l’édredon, les paupières de Vincent Delvosal et de Laurent Mars se fermeront sans doute dans la seconde. Chevilles ouvrières de la DH Famenne Ardenne Classic qui se disputera ce 27 septembre, les deux hommes portent à bout de bras, depuis de très longs mois, une épreuve née la saison dernière. Dans une conjoncture difficile qui pousse de trop nombreuses épreuves européennes à mettre la clé sous le paillasson, les organisateurs de la course luxembourgeoise ont pris le pari de relever le défi : organiser une épreuve pro UCI autour de Marche-en-Famenne.
"On ne mesurait alors pas véritablement, heureusement sans doute, la quantité de travail que cela pouvait représenter", sourit Laurent Mars, l’administrateur-délégué de l’ASBL organisatrice. "Mettre sur pied une course pro, cela constituait un rêve qui devient, par moments, un cauchemar… (rires). Il faut être un peu fou pour se lancer dans un truc comme ça."
Zoom sur un sacré challenge.
LA CONSTRUCTION DU BUDGET
"La particularité de l’organisation d’une course cycliste est de n’avoir aucune autre rentrée financière que celle émanant des sponsors et partenaires", détaille Vincent Delvosal, le coordinateur de la DH Famenne Ardenne Classic. "Il faut donc prendre son bâton de pèlerin pour démarcher… (rires) Cette année, nous avons réussi à augmenter notre enveloppe de 20 % pour atteindre la barre des 100.000 € tout en faisant passer, et c’est une autre fierté, l’apport de nos partenaires institutionnels (NdlR : la Ville de Marche, Wallonie tourisme et la Province de Luxembourg) sous les 50 %. Il est en effet plus facile de convaincre de potentiels annonceurs avec un événement dont ils peuvent mesurer la portée. L’année dernière, nous leur présentions un projet avant notre première édition. Cette fois, nous leur avançons des chiffres comme les 50.000 fans qui ont suivi le livestream en 2017."
25.000 EUROS DE FRAIS INCOMPRESSIBLES
"Avant même d’avoir posé la moindre barrière ou conclu un accord avec la première équipe, nous savons que près de 25 % de notre budget s’envolera dans des frais incompressibles, continue Vincent Delvosal. Entre la taxe UCI (1.950 €), la taxe à payer à la fédération belge (5.685 €), la licence à régler à la fédération wallonne (835 €) et les prix à allouer aux vingt premiers coureurs et au vainqueur du classement de la montagne (15.020 €), ce sont 23.490 euros qui sont à débourser. Nous consacrons le même budget à la location de matériel. Nous pouvons compter sur l’aide logistique de la Ville, qui nous fournit certains podiums, mais les barrières inclinées et les portiques spécifiques aux courses cyclistes viennent, par exemple, de Lyon. Les chapiteaux pour nos invités et les Nadar complètent la facture. 20.000 euros sont également alloués aux frais de captation des images et au catering."
Le PLATEAU DES EQUIPES
"Pour que cela parle au grand public, je pense qu’on peut comparer la constitution du plateau d’une course cycliste à celui d’un festival, sourit Laurent Mars. Si vous voulez proposer de grosses têtes d’affiche, il faut délier les cordons de la course. Un barème UCI, fonction du statut de notre course (NdlR : classée en 1.1) prévoit un dédommagement de 2.600 euros pour les équipes WorldTour et continentales pro. Mais il y a des frais de déplacement, négociables ceux-là, à payer également. Les factures que nous réglons aux équipes représentent 30 % de notre budget global."
DES BENEVOLES INDISPENSABLES
"Notre immense chance est de pouvoir encore compter sur un réseau d’une cinquantaine de véritables bénévoles et de signaleurs, continue Laurent Mars. C’est devenu très rare aujourd’hui mais cela se révèle indispensable dans l’équilibre de notre budget. À titre d’exemple, je sais qu’un autre organisateur débourse une somme importante pour les seuls signaleurs… Comme pour la Police (NdlR : une cinquantaine d’agents encadrent la course), le jour où nous devrons payer ce poste, notre épreuve sera alors très probablement en péril."
LE CASSE-TETE DU PARCOURS
"La construction du parcours peut prendre les allures d’un authentique casse-tête, conclut Vincent Delvosal. Après avoir sondé le SPW quant à son agenda des travaux, puis les communes, vient le temps de la constitution des dossiers de sécurité qui nécessitent un gros boulot et de nombreuses réunions. Mais malgré cette préparation minutieuse, on reste à la merci d’imprévus. L’année dernière, un opérateur privé avait ouvert la route à Nadrin quelques heures à peine avant le passage des coureurs. Le trou a été rebouché à temps, mais cela nous a valu une belle montée d’adrénaline… (rires)"