Le directeur sportif de Simon Yates se confie: "Cette Vuelta, c’est le début, pas le point final"
Simon et Adam Yates gagneront un jour le Tour, leur directeur sportif Lorenzo Lapage en est persuadé.
- Publié le 17-09-2018 à 21h14
- Mis à jour le 18-09-2018 à 07h55
Simon et Adam Yates gagneront un jour le Tour, leur directeur sportif Lorenzo Lapage en est persuadé. À 26 ans, Simon Yates a inscrit son nom au palmarès de la Vuelta, tremplin normal pourrait-on penser pour gagner un jour le Tour de France.
Mais le livre d’or du Tour d’Espagne recense le nom de beaucoup de coureurs qui n’ont (encore ?) jamais conquis le maillot jaune, à commencer par Nairo Quintana, Fabio Aru ou Alejandro Valverde. Avant eux, Vinokourov, Menchov, Heras, Olano, Jalabert, Zuelle, Rominger, pour ne citer que ceux-là, ont gagné la Vuelta mais jamais le Tour…
Pourtant, à trois mois près, Simon Yates a le même âge qu’avait en 2010 Vincenzo Nibali lorsqu’il enleva son premier grand tour à Madrid. Dans son équipe, Mitchelton-Scott, on est persuadé que le Britannique suivra les traces du Sicilien, comme le confirme Lorenzo Lapage, l’un des directeurs sportifs de la formation australienne.
Cette victoire de Simon Yates ne vous surprend pas ?
"Non, dès qu’ils sont arrivés chez nous, et je dis ‘ils’, car il faut toujours prendre Adam et Simon ensemble, quand ils sont arrivés, donc, on a vite compris que c’étaient deux mecs spéciaux. On s’est rendu compte qu’ils avaient quelque chose, comme on dit. Mais aussi une grande marge de progression. Ils s’entraînaient, ils étaient sérieux, mais il y avait beaucoup d’aspects qu’ils pouvaient améliorer. La diététique par exemple…"
Ils ont signé chez vous après avoir refusé une offre de Dave Brailsford qui voulait les attirer chez Sky. Pour des Britanniques, c’est particulier !
"Oui, ça démontre leur ambition, leur intérêt pour l’aspect sportif. Ils ne parlent jamais d’argent, la seule chose qui compte pour eux, c’est la course. Bien sûr, ils gagnent très bien leur vie, nous avons fait tout ce qu’on pouvait pour les garder, mais dans les discussions, avec les frères ou leurs parents, l’argent n’apparaît jamais au premier plan. Ils ont des qualités exceptionnelles, mais aussi humainement. On n’a jamais de problèmes avec eux."
Simon gagne la Vuelta, mais depuis sa 4e place au Tour 2016, on attendait plutôt Adam et même Esteban Chaves, votre grimpeur colombien.
"Adam avait fini 4e et meilleur jeune du Tour, mais c’était l’année où Simon a eu aussi des soucis avec son contrôle (NdlR : à la terbutaline dans Paris-Nice 2016 qu’il avait fini 7e. Il a finalement été suspendu 4 mois pour "dopage non intentionnel". Lui et son équipe ont affirmé que cela relevait d’une erreur administrative du médecin prescripteur qui avait oublié de signifier une AUT pour la prise de ce produit). Lui-même était meilleur jeune et 7e l’année suivante. Au début, d’ailleurs, on pensait qu’Adam allait être plus un coureur de classiques et Simon un homme de courses à étapes, mais ce sont vraiment les deux mêmes. Nous avions aussi imaginé qu’Esteban Chaves arriverait au sommet avant eux, déjà parce qu’il a deux ans de plus. Il a connu deux super années et depuis lors beaucoup de malchance. C’est le cyclisme, on ne peut pas tout programmer."
Vous devez quand même avoir un but ultime avec les Yates ?
"Cette Vuelta, c’est le début, ça ne peut pas être le point final. Bien sûr, on pense qu’ils peuvent gagner un jour le Tour de France, si pas l’année prochaine, dans deux ans. Un des points forts, on l’a vu ces dernières semaines, c’est que comme ce sont des jumeaux. On peut les faire rouler le même programme. On avait demandé à Adam de se tenir tranquille les dix premiers jours de la Vuelta pour aider Simon sur la fin. Il n’y a pas de jalousie, pas de problèmes, pas de soucis de leadership. Pour rigoler, car ce sont encore des enfants, ils se chambrent parfois : ‘Je suis meilleur que toi…’ Mais, on voit bien que quand ils ne roulent pas dans la même course, ils suivent chacun avec attention les résultats de l’autre. "
Pour revenir à Simon, dans quels peut-il encore progresser ?
"En expérience, d’abord, car à 26 ans on en a moins qu’à 30. Il a par exemple beaucoup appris de sa débâcle du Giro et déjà tiré des enseignements positifs. Il est jeune, ce succès va lui procurer énormément de confiance. Je n’ai aucune crainte quant au fait qu’il va continuer à travailler avec sérieux. Il ne sera jamais champion du monde de la spécialité, mais regardez comme il a progressé dans les contre-la-montre. Lui et Adam vont de course en stage, de stage en course. Quand une épreuve est finie, ils parlent de la suivante…"
Quelle sera-t-elle pour le vainqueur de la Vuelta ?
"Ils sont sélectionnés pour le Mondial et pour nous, ils sont prévus au Tour de Lombardie."
Il sera au Tour en 2019 ?
"On verra. L’équipe se réunit en Italie pendant quatre jours, début octobre, pour parler des programmes de la saison future."