Le Critérium de Shangai: un Tour made in China
- Publié le 28-10-2017 à 11h03
- Mis à jour le 28-10-2017 à 11h05
Les stars de la Grande Boucle se retrouvent ce dimanche… à Shanghai ! Trois mois après l’arrivée finale de la Grande Boucle sur les Champs-Élysées qui a sacré Chris Froome pour la quatrième fois, une bonne partie des stars du Tour de France se retrouvera ce dimanche… à 9.000 kilomètres de Paris. Froome, Contador, Kittel ou Van Avermaet épingleront en effet leur dernier dossard de l’année sur le premier Critérium de Shanghai, nouvelle épreuve mise sur pied par Aso qui poursuit ainsi son positionnement sur le continent asiatique.
1. Pourquoi ce positionnement sur le marché asiatique ?
Quatre ans après le lancement du Critérium de Saitama (qui se tiendra le 4 novembre) en 2013, dans la grande banlieue de Tokyo, Aso part, cette fois, à la conquête de la Chine. "Notre volonté est identique à celle qui nous avait amenés à lancer notre événement au Japon", éclaire Philippe Fournier de Laurière, responsable du développement international chez Aso. "Nous souhaitons faire rayonner la marque Tour de France partout dans le monde, un événement dont la proximité avec les fans participe à la magie. Afin de permettre à ces populations lointaines de goûter à l’expérience du Tour, nous venons donc à leur rencontre."
2. Quels enjeux économiques et financiers ?
Riche de ses 1,4 milliards d’habitants, la Chine constitue, forcément, un gigantesque marché qu’il faut pouvoir percer pour le conquérir. Loin de se concentrer sur des retombées économiques immédiates, Aso ambitionne plutôt un positionnement de son événement à plus longue échéance. "Le marché des droits télé est, par exemple, très spécifique puisqu’il n’existe pas véritablement de concurrence derrière la chaîne nationale CCTV, poursuit notre interlocuteur. Ce que nous voulons d’abord et avant tout, c’est toucher un nouveau public comme a su, par exemple, le faire la NBA dans ce pays. Nous avons 20 ans de retard sur la ligue de basket-ball américaine."
En positionnant sa marque Tour de France en Chine, Aso présenterait aussi un nouvel atout de poids au moment de négocier avec certains partenaires commerciaux (sponsors, etc.)
3. Quid de la popularité du cyclisme en Chine ?
Si le tout récent Tour de Guangxi, dernière manche du WorldTour remportée par Tim Wellens, s’est disputé devant un public plutôt nombreux, les différents bassins de population de ce gigantesque pays nourrissent un intérêt très varié pour le cyclisme. "Autrefois moyen de transport à part entière dans une très grande partie de la Chine, la bicyclette est quelque peu tombée en désuétude depuis plusieurs décennies déjà", continue Philippe Fournier de Laurière. "Mais le phénomène est en train de s’inverser. Le cyclisme est ainsi une discipline très hype à Shanghai auprès d’un public assez jeune et connecté. C’est tendance ! On y parle, à l’image des pays anglo-saxons, de nouveau golf. Le gouvernement est, par ailleurs, désireux de remettre ses jeunes en selle dans une grande politique de santé nationale qui vise à lutter contre la sédentarité."
4. Pourquoi Froome, Contador, Kittel ou Van Avermaet en seront ?
Froome, Contador, Uran, Barguil, Van Avermaet, Kwiatkowski : le premier Critérium de Shanghai réunira un plateau cinq étoiles. Mais comment convaincre les stars du peloton de reprendre le collier en pleine trêve hivernale ? "Comme dans tous les Critériums, il y a bien évidemment une contre-partie financière (NdlR : le tarif pour attirer Christopher Froome est habituellement de 50.000 € par épreuve), mais cet aspect n’est pas le seul à peser dans le choix de ces stars. Lorsque je parle avec Froome par exemple, je le sens investi d’une mission. Il se voit comme un ambassadeur de son sport et du Tour et sait que sa présence sur notre épreuve participe au développement de sa discipline. Nous permettons également à chaque coureur de venir accompagné d’un proche. Comme les Critériums de Shanghai et de Saitama se disputent à une semaine d’intervalle, beaucoup profiteront de ce voyage en Asie pour faire un peu de tourisme."
5. Quel format de course ?
Disputé sur un circuit urbain de trois kilomètres, ce premier Critérium de Shanghai se déroulera sur une distance totale de 60 kilomètres (20 tours). "Ce format court permettra de ne pas vivre de temps mort et donc de proposer un produit très attractif au public chinois. À cette période de l’année, il était aussi important par respect pour les coureurs de ne pas leur imposer une distance trop longue. Durant la course, nous diffuserons des messages didactiques éclairant les spectateurs sur certaines particularités de la discipline et notions stratégiques. Une forme d’éducation au cyclisme de compétition sur laquelle nous travaillons d’ailleurs toute l’année par le biais de partenaires locaux présents sur les réseaux sociaux chinois et y relaient les images du Tour."